JÉHOVAH
(Il fait devenir, du verbe héb. hawah [devenir] à l’imparfait de la forme causative).
Nom personnel de Dieu (Is 42:8 ; 54:5). Bien qu’il soit désigné dans les Écritures par des titres et qualificatifs comme “ Dieu ”, “ Souverain Seigneur ”, “ Créateur ”, “ Père ”, “ le Tout-Puissant ” et “ le Très-Haut ”, seul son nom personnel résume et exprime pleinement sa personnalité et ses attributs, qui il est et ce qu’il est. — Ps 83:18.
Prononciation correcte du nom divin. “ Jéhovah ” est la prononciation la plus connue du nom divin en français, même si la plupart des hébraïsants lui préfèrent “ Yahvé ” ou “ Iahvé ”. Les plus anciens manuscrits hébreux présentent le nom sous la forme de quatre consonnes, communément appelées le Tétragramme (du grec tétra-, qui signifie “ quatre ”, et gramma, “ lettre ”). Ces quatre lettres (écrites de droite à gauche) sont יהוה et peuvent être transcrites en français par YHWH (ou JHVH).
Les consonnes hébraïques du nom sont donc connues. Reste à savoir quelles voyelles doivent leur être associées. Les points-voyelles n’entrèrent en usage en hébreu qu’à partir de la deuxième moitié du Ier millénaire de n. è. (Voir HÉBREU, II [L’alphabet et l’écriture hébraïques].) De plus, en raison d’une superstition religieuse née des siècles plus tôt, les points-voyelles figurant dans les manuscrits hébreux ne permettent pas de déterminer quelles voyelles doivent apparaître dans le nom divin.
Caché par superstition. À un moment donné s’est imposée parmi les Juifs une superstition qui tenait pour répréhensible le simple fait de prononcer le nom divin (représenté par le Tétragramme). On ignore quelle raison exactement fut à l’origine invoquée pour supprimer l’usage du nom divin. Certains pensent que le nom était jugé trop saint pour être prononcé par des lèvres imparfaites. Pourtant, les Écritures hébraïques n’indiquent nulle part qu’un quelconque serviteur authentique de Dieu ait jamais hésité à prononcer son nom. Des documents hébraïques non bibliques, entre autres ceux appelés Lettres de Lakish, montrent que le nom était employé dans les courriers ordinaires échangés en Palestine vers la fin du VIIe siècle av. n. è.
Une autre opinion est qu’on aurait voulu empêcher les peuples non juifs d’avoir connaissance du nom, de peur qu’ils ne l’emploient à tort. Toutefois, Jéhovah lui-même déclara que ‘ son nom serait proclamé dans toute la terre ’ (Ex 9:16 ; voir aussi 1Ch 16:23, 24 ; Ps 113:3 ; Ml 1:11, 14), afin que même ses adversaires le connaissent (Is 64:2). Le nom était de fait connu et utilisé par les nations païennes tant avant notre ère que dans les premiers siècles de notre ère (The Jewish Encyclopedia, 1976, vol. XII, p. 119). Selon une autre assertion, l’objectif était de prévenir l’usage du nom dans des rites magiques. Si ce fut le cas, le raisonnement était défaillant, car de toute évidence plus on entourerait le nom de mystère en le délaissant, plus il répondrait aux intentions des pratiquants de la magie.
Quand la superstition s’imposa-t-elle ? De même que la ou les raisons invoquées à l’origine pour cesser d’employer le nom divin sont obscures, de même on ne sait pas trop quand cette superstition s’imposa vraiment. Certains prétendent que ce fut après l’exil à Babylone (607-537 av. n. è.). Cette théorie, toutefois, s’appuie sur l’emploi prétendument restreint du nom par les derniers rédacteurs des Écritures hébraïques, une opinion qui ne résiste pas à l’analyse. Malaki, par exemple, fut sans doute un des livres des Écritures hébraïques écrits les derniers (dans la deuxième moitié du Ve siècle av. n. è.), et il accorde une place de choix au nom divin.
De nombreux ouvrages de référence ont émis l’avis que le nom tomba en désuétude vers 300 av. n. è. On a invoqué à l’appui de cette date l’absence du Tétragramme (ou de sa transcription) dans la traduction grecque des Écritures hébraïques appelée Septante, entreprise aux environs de 280 av. n. è. Il est vrai que les copies manuscrites de la Septante les plus complètes connues aujourd’hui substituent systématiquement les mots grecs Kurios (Seigneur) ou Théos (Dieu) au Tétragramme. Mais ces manuscrits principaux ne remontent qu’aux IVe et Ve siècles de n. è. On a retrouvé des copies antérieures qui, bien que fragmentaires, prouvent que les copies les plus anciennes de la Septante portaient bien le nom divin.
L’une de ces copies est constituée des fragments d’un rouleau de papyrus d’une partie du Deutéronome, catalogués P. Fouad Inventaire 266 (PHOTO, vol. 1, p. 326). Le Tétragramme y figure régulièrement, en caractères hébreux carrés à chacune de ses occurrences dans le texte hébreu traduit. Ce papyrus est daté du Ier siècle av. n. è. par les spécialistes et a donc été écrit quatre ou cinq siècles avant les manuscrits mentionnés précédemment.
Quand les Juifs en général cessèrent-ils effectivement de prononcer le nom personnel de Dieu ?
Ainsi, du moins sous forme écrite, rien n’indique vraiment que le nom divin ait disparu ou que son usage se soit perdu avant notre ère. Ce n’est qu’au Ier siècle de n. è. qu’on trouve des indices d’une attitude superstitieuse envers le nom. Josèphe, historien juif issu d’une famille sacerdotale, racontant comment Dieu se révéla à Moïse à l’emplacement du buisson embrasé, déclare : “ Alors Dieu lui révèle son nom qui n’était pas encore parvenu aux hommes, et dont je n’ai pas le droit de parler. ” (Antiquités judaïques, II, 276 [XII, 4]). Toutefois, cette déclaration de Josèphe, par ailleurs inexacte à propos de la connaissance du nom divin avant Moïse, est vague et ne révèle pas précisément quelle était la ligne de conduite générale au Ier siècle quant à la prononciation ou à l’usage du nom divin.
La Mishna, compilation des enseignements et des traditions rabbiniques, est un peu plus explicite. Sa compilation est attribuée à un rabbin appelé Juda le Prince, qui vécut aux IIe et IIIe siècles de n. è. Certaines parties de la Mishna se rapportent incontestablement aux conditions antérieures à la destruction de Jérusalem et de son temple en 70 de n. è. Un spécialiste dit toutefois à propos de la Mishna : “ Il est extrêmement difficile d’apprécier la valeur historique qu’il faut attacher à une quelconque tradition rapportée dans la Mishna. Le temps écoulé, qui contribua peut-être à obscurcir ou à fausser le souvenir d’époques très différentes : les soulèvements, les changements et la confusion politiques hérités de deux rébellions et de deux conquêtes romaines ; les valeurs à l’honneur dans le parti pharisien (dont la Mishna véhicule les opinions) que ne partageait pas le parti sadducéen [...] — ce sont des facteurs qui doivent être pris en compte pour jauger la nature des déclarations de la Mishna. De plus, une grande partie du contenu de la Mishna se situe dans le contexte d’un débat d’idées mené gratuitement, sans grande intention (semble-t-il) de transmettre l’usage historique. ” (The Mishnah, par H. Danby, Londres, 1954, p. xiv, xv). Voici quelques traditions de la Mishna relatives à la prononciation du nom divin.
On y lit à propos de la célébration annuelle du jour des Propitiations : “ Les prêtres et le peuple qui se tenaient dans l’enceinte, entendant le Nom Ineffable prononcé par le Grand-Prêtre, s’agenouillaient, se prosternaient et tombaient face à terre et s’écriaient : ‘ Loué soit à jamais le Nom de Son règne glorieux. ’ ” (Yoma VI, 2, par les Membres du Rabbinat français). Concernant les bénédictions prononcées chaque jour par les prêtres, Sota VII, 6 déclare : “ Dans le Temple le Nom était prononcé comme il s’écrivait, mais dans les provinces on lui en substituait un autre. ” D’après Sanhédrin VII, 5 (par les Membres du Rabbinat français), un blasphémateur n’était coupable ‘ que s’il prononçait distinctement le Nom ’, et lors d’un procès pour blasphème, on recourait à un nom de substitution jusqu’à ce que tous les témoignages aient été entendus ; puis on invitait en privé le témoin principal à ‘ dire distinctement ce qu’il avait entendu ’, vraisemblablement en employant le nom divin. Dans l’énumération de ceux “ qui n’ont pas part au monde futur ” faite en Sanhédrin X, 1, on lit : “ Abba Chaoul dit : même celui qui prononce le nom divin selon les lettres qui le composent. ” Cependant, à côté de ces opinions négatives, on trouve dans la première section de la Mishna l’invitation selon laquelle “ il convenait de saluer son prochain avec le nom de Dieu ”. Puis est cité l’exemple de Boaz (Ru 2:4). — Berachot IX, 5, par les Membres du Rabbinat français.
Examinées avec les réserves qui s’imposent, ces considérations tirées de la tradition peuvent révéler une tendance superstitieuse à éviter d’utiliser le nom divin un peu avant la destruction du temple de Jérusalem en 70 de n. è. Et encore, c’est avant tout des prêtres qu’il est dit explicitement qu’ils utilisaient un nom de substitution au lieu du nom divin, et ce uniquement dans les provinces. En outre, comme on l’a vu, la valeur historique des traditions de la Mishna est sujette à caution.
Il n’existe donc pas de fondement solide pour affirmer qu’on commença avant les Ier et IIe siècles de n. è. par superstition à s’abstenir d’utiliser le nom divin. Il n’empêche qu’à partir d’une certaine époque, lorsqu’il lisait les Écritures hébraïques dans la langue originale, le lecteur juif ne prononçait plus le nom divin représenté par le Tétragramme, mais lui substituait soit ’Adhonay (Souverain Seigneur), soit ’Èlohim (Dieu). C’est ce qu’indique le fait que, lorsque fut adoptée dans la deuxième moitié du Ier millénaire de n. è. la vocalisation par points-voyelles, les copistes juifs insérèrent les points-voyelles de ’Adhonay ou de ’Èlohim dans le Tétragramme, sans doute pour rappeler au lecteur de dire ces mots au lieu de prononcer le nom divin. Le lecteur qui se référait à des copies tardives de la Septante, traduction grecque des Écritures hébraïques, rencontrait bien entendu systématiquement Kurios ou Théos à la place du Tétragramme.
Des versions en d’autres langues, par exemple la Vulgate, imitèrent ces copies tardives de la Septante. En français, selon l’usage de la Vulgate, certaines versions ne contiennent pas le nom divin (AG ; Sa).
Quelle est la prononciation exacte du nom de Dieu ?
Dans la deuxième moitié du Ier millénaire de n. è., les érudits juifs introduisirent un système de points représentant les voyelles absentes du texte consonantique hébreu. Lorsqu’ils rencontraient le nom de Dieu, au lieu d’insérer les signes vocaliques adéquats, ils en mettaient d’autres pour rappeler au lecteur qu’il devait dire ’Adhonay (qui signifie “ Souverain Seigneur ”) ou ’Èlohim (qui signifie “ Dieu ”).
Le Codex de Leningrad B 19A, du XIe siècle de n. è., vocalise le Tétragramme en Yehwah, Yèhwih, Yehwih et Yehowah. Le texte massorétique par C. Ginsburg vocalise le nom divin en Yehowah (Gn 3:14, note). Les hébraïsants estiment généralement que la prononciation “ Yahweh ” ou “ Yahvé ” est la plus vraisemblable. Ils font observer que la forme abrégée du nom est Yah (Jah sous sa forme latinisée), par exemple en Psaume 89:8 et dans l’expression Halelou-Yah (qui signifie “ Louez Yah ! ”) (Ps 104:35 ; 150:1, 6). Par ailleurs, les formes Yehô, Yô, Yah et Yahou, qu’on trouve entre autres dans l’orthographe hébraïque des noms Yehoshaphat, Yoshaphat et Shephatia, peuvent toutes être dérivées de Yahweh (Yahvé). Les transcriptions grecques du nom que firent les premiers écrivains chrétiens vont un peu dans le même sens, avec des orthographes comme Iabé et Iaoué, dont la prononciation en grec se rapproche de Yahweh. Néanmoins, les spécialistes sont loin d’être unanimes sur la question, certains défendant d’autres prononciations encore, comme “ Yahouwa ”, “ Yahouah ” ou “ Yehouah ”.
Puisqu’on ne peut pour l’instant être certain de la prononciation, il semble n’y avoir aucune raison de délaisser en français la forme bien connue de “ Jéhovah ” au profit d’une des autres prononciations proposées. Si on changeait, alors, pour être conséquent avec soi-même, il faudrait changer la graphie et la prononciation de bien d’autres noms figurant dans les Écritures : Jérémie deviendrait Yirmeyah, Isaïe Yesha‛yahou et Jésus serait soit Yehôshoua‛ (comme en hébreu), soit Iêsous (comme en grec). Les mots ont pour fonction de transmettre des idées ; en français, le nom Jéhovah identifie le vrai Dieu, et transmet aujourd’hui cette notion de façon plus satisfaisante que n’importe quel autre substitut proposé.
Importance du nom. De nombreux érudits et traducteurs modernes de la Bible préconisent de se ranger à la tradition et d’enlever le nom distinctif de Dieu. Selon eux, cette ligne de conduite se justifie d’une part parce que la prononciation du nom est incertaine, et d’autre part parce que le vrai Dieu étant au-dessus de tous et unique il n’a pas besoin d’un nom particulier. Rien dans les Écritures inspirées, que ce soit celles des temps préchrétiens ou les Écritures grecques chrétiennes, ne corrobore cette opinion.
Le Tétragramme figure 6 828 fois dans le texte hébreu imprimé dans la Biblia Hebraica et dans la Biblia Hebraica Stuttgartensia. Dans la Traduction du monde nouveau, le nom divin figure 6 973 fois dans les Écritures hébraïques, car les traducteurs ont pris en compte, entre autres, le fait qu’à certains endroits les scribes avaient remplacé le nom divin par ’Adhonay ou ’Èlohim (voir Appendice MN, p. 1676-1678). La fréquence même à laquelle ce nom revient témoigne de l’importance que lui attache l’Auteur de la Bible, dont c’est le nom. Son emploi tout au long des Écritures dépasse de loin celui de tout autre titre donné à Dieu, comme “ Souverain Seigneur ” ou “ Dieu ”.
On notera aussi avec intérêt l’importance accordée aux noms eux-mêmes dans les Écritures hébraïques et chez les peuples sémites. Le professeur G. Manley fait remarquer : “ Une étude du mot ‘ nom ’ dans l’A[ncien] T[estament] est révélatrice de tout ce que ce mot pouvait signifier en hébreu. Le nom n’était pas seulement une étiquette. Il était caractéristique de la véritable personnalité de celui qui le portait. [...] Quand un individu plaçait son ‘ nom ’ sur quelque chose ou sur quelqu’un, cela voulait dire qu’il prenait cet objet ou cette personne sous son influence ou sous sa protection. ” — New Bible Dictionary, par J. Douglas, 1985, p. 430 ; voir aussi Le Talmud, par A. Cohen, Paris, 1950, p. 68 ; Gn 27:36 ; 1S 25:25 ; Ps 20:1 ; Pr 22:1
“ Dieu ” et “ Père ” ne sont pas distinctifs. Le titre “ Dieu ” n’est ni personnel ni distinctif (on peut même faire de son ventre un dieu ; Ph 3:19). Dans les Écritures hébraïques, le même mot (’Èlohim) est appliqué à Jéhovah, le vrai Dieu, mais aussi à de faux dieux, tels le dieu philistin Dagôn (Jg 16:23, 24 ; 1S 5:7) et le dieu assyrien Nisrok (2R 19:37). Un Hébreu ne pouvait manifestement se contenter de dire à un Philistin ou à un Assyrien qu’il adorait “ Dieu [’Èlohim] ” pour identifier le Personnage à qui allait son culte.
Dans ses articles consacrés à Jéhovah, The Imperial Bible-Dictionary illustre éloquemment la différence entre ’Èlohim (Dieu) et Jéhovah. On y lit concernant le nom Jéhovah : “ Il s’agit partout d’un nom propre, qui désigne le Dieu personnel et lui seul ; tandis qu’Èlohim tient plus du nom commun, désignant habituellement, il est vrai, le Suprême, mais pas nécessairement ni uniformément. [...] Un Hébreu parlera peut-être du Èlohim, du vrai Dieu, par opposition avec tous les faux dieux ; mais il ne parlera jamais du Jéhovah, car Jéhovah est le nom du vrai Dieu uniquement. Il dira fréquemment mon Dieu [...] ; mais jamais mon Jéhovah, car quand il dit mon Dieu il veut dire Jéhovah. Il parlera du Dieu d’Israël, mais jamais du Jéhovah d’Israël, car il n’y a pas d’autre Jéhovah. Il parlera du Dieu vivant, mais jamais du Jéhovah vivant, car il ne peut concevoir Jéhovah autrement que vivant. ” — Par P. Fairbairn, Londres, 1874, vol. I, p. 856 ; voir aussi Dictionnaire de la Bible, par F. Vigouroux, Paris, 1912, tome deuxième, deuxième partie, col. 1702.
Cela est vrai également du terme grec signifiant Dieu, Théos. Il était attribué indifféremment au vrai Dieu et à des dieux païens comme Zeus et Hermès (Jupiter et Mercure chez les Romains) (voir Ac 14:11-15). Les paroles de Paul en 1 Corinthiens 8:4-6 établissent la réalité : “ Car, bien qu’il y ait ceux qu’on appelle ‘ dieux ’, soit au ciel, soit sur la terre, tout comme il y a beaucoup de ‘ dieux ’ et beaucoup de ‘ seigneurs ’, pour nous il y a réellement un seul Dieu le Père, de qui toutes choses sont, et nous pour lui. ” La croyance en de nombreux dieux, qui impose de distinguer le vrai Dieu des autres, s’est perpétuée jusqu’au XXe siècle.
Si Paul parle de “ Dieu le Père ”, cela ne signifie pas pour autant que le nom du vrai Dieu est “ Père ”, car l’appellation “ père ” s’applique aussi à tout homme qui a des enfants et qualifie des hommes à d’autres niveaux de relations (Rm 4:11, 16 ; 1Co 4:15). Le Messie reçoit le titre de “ Père éternel ”. (Is 9:6.) Jésus appela Satan le “ père ” de certains adversaires qui cherchaient à le tuer (Jn 8:44). On appliquait également ce terme aux dieux des nations : le dieu grec Zeus était présenté comme le grand dieu père dans la poésie homérique. “ Dieu le Père ” a un nom, un nom différent de celui de son Fils ; c’est ce que montrent de nombreux textes (Mt 28:19 ; Ré 3:12 ; 14:1). Paul connaissait le nom personnel de Dieu, Jéhovah, tel qu’il figure dans le récit de la création contenu dans la Genèse qu’il cita dans ses écrits. Ce nom, Jéhovah, distingue “ Dieu le Père ” (voir Is 64:8), ce qui coupe court à toute tentative visant à superposer, ou à assimiler, son identité et sa personne à celles de tout autre personnage à qui les titres “ dieu ” ou “ père ” pourraient être attribués.
Pas un dieu tribal. Jéhovah est appelé “ le Dieu d’Israël ” et ‘ le Dieu de leurs ancêtres ’. (1Ch 17:24 ; Ex 3:16.) Néanmoins, ce lien étroit établi avec les Hébreux et la nation israélite n’autorise pas à limiter le nom à celui d’un dieu tribal, comme le font certains. L’apôtre chrétien Paul écrivit : “ Est-il seulement le Dieu des Juifs ? Ne l’est-il pas aussi des gens des nations ? Oui, des gens des nations aussi. ” (Rm 3:29). Jéhovah est non seulement “ le Dieu de toute la terre ” (Is 54:5), mais aussi le Dieu de l’univers, “ l’Auteur du ciel et de la terre ”. (Ps 124:8.) L’alliance que Jéhovah avait conclue avec Abraham, quelque 2 000 ans avant l’époque de Paul, avait promis des bénédictions pour les gens de toutes les nations, ce qui montrait que Dieu s’intéresse à toute l’humanité. — Gn 12:1-3 ; voir aussi Ac 10:34, 35 ; 11:18.
Jéhovah Dieu rejeta finalement l’Israël selon la chair, nation infidèle. Mais son nom devait subsister au sein de la nouvelle nation de l’Israël spirituel, la congrégation chrétienne, même quand cette nouvelle nation commencerait à compter comme membres des non-Juifs. C’est pourquoi, alors qu’il présidait une assemblée chrétienne à Jérusalem, le disciple Jacques déclara que Dieu s’était “ occupé des nations [non juives] pour tirer d’entre elles un peuple pour son nom ”. Pour prouver que cela avait été prédit, Jacques cita ensuite une prophétie du livre d’Amos dans laquelle figure le nom de Jéhovah. — Ac 15:2, 12-14 ; Am 9:11, 12.
Dans les Écritures grecques chrétiennes. Au vu de ces arguments, il semble tout à fait surprenant que les copies manuscrites disponibles du texte original des Écritures grecques chrétiennes ne contiennent pas le nom divin sous sa forme pleine. Le nom est dès lors également absent de la plupart des traductions de ce qu’on appelle le Nouveau Testament. Pourtant, le nom figure bien dans ces sources sous sa forme abrégée en Révélation (Apocalypse) 19:1, 3, 4, 6, dans l’expression “ Alléluia ” ou “ Hallelou-Yah ”. (Ch ; Md ; Pl ; TOB.) L’appel consigné ici, lancé par les fils spirituels de Dieu, “ Louez Yah ! ” (MN), démontre que le nom de Dieu n’était pas obsolète ; il était tout aussi primordial et à sa place que durant la période préchrétienne. Dans ce cas, pourquoi est-il absent des Écritures grecques chrétiennes dans sa forme intégrale ?
Pourquoi le nom divin ne figure-t-il sous sa forme pleine dans aucun manuscrit ancien disponible des Écritures grecques chrétiennes ?
On a longtemps avancé que les rédacteurs divinement inspirés des Écritures grecques chrétiennes tirèrent leurs citations des Écritures hébraïques de la Septante et que, cette version remplaçant le Tétragramme par Kurios ou Théos, ils n’utilisèrent pas le nom Jéhovah. Comme cela a été démontré, cet argument ne tient plus. Commentant le fait que les plus anciens fragments de la Septante portent effectivement le nom divin sous sa forme hébraïque, le professeur P. Kahle écrit : “ Nous savons à présent que, tant qu’il a été écrit par des Juifs à l’intention des Juifs, le texte de la Bible grecque [la Septante] ne rendait pas le nom divin par kurios ; le Tétragramme était plutôt inscrit en caractères hébreux ou grecs dans les MSS [manuscrits]. Ce sont les chrétiens qui ont remplacé le Tétragramme par le mot kurios lorsque le nom divin écrit en caractères hébreux en est venu à ne plus être compris. ” (The Cairo Geniza, Oxford, 1959, p. 222). Quand ce changement dans les traductions grecques des Écritures hébraïques eut-il lieu ?
Ce fut sans doute au cours des siècles qui suivirent la mort de Jésus et de ses apôtres. La version grecque d’Aquila, qui date du IIe siècle de n. è., portait encore le Tétragramme en caractères hébreux. Aux environs de 245 de n. è., Origène, érudit célèbre, produisit les Hexaples, reproduction en six colonnes des Écritures hébraïques inspirées : 1) l’original hébreu et araméen, accompagné 2) d’une transcription en grec et des versions grecques 3) d’Aquila, 4) de Symmaque, 5) de la Septante et 6) de Théodotion. À propos de ce qu’ont révélé les copies fragmentaires connues actuellement, le professeur W. Waddell déclare : “ Dans les Hexaples d’Origène [...] les versions grecques d’Aquila, de Symmaque et de la LXX [Septante] représentaient toutes JHWH par ΠΙΠΙ ; dans la deuxième colonne des Hexaples, le Tétragramme était écrit en caractères hébreux. ” (The Journal of Theological Studies, Oxford, vol. XLV, 1944, p. 158, 159). D’autres pensent que le texte original des Hexaples d’Origène portait le Tétragramme en caractères hébreux dans toutes les colonnes. Origène lui-même déclara que “ dans les manuscrits les plus fidèles LE NOM figure en caractères hébreux, toutefois non en [caractères] hébreux actuels, mais dans les plus anciens ”.
Même encore au IVe siècle de n. è., Jérôme, le traducteur de la Vulgate, dit dans son prologue aux livres de Samuel et des Rois : “ Nous trouvons aujourd’hui encore le nom de Dieu, lequel renferme quatre lettres [יהוה], nous le trouvons exprimé en antiques lettres dans certains volumes grecs. ” (Mélanges théologiques, historiques et moraux, empruntés des œuvres de Saint Jérome, traduit par F.-Z. Collombet, Paris, 1842, tome second, p. 115). Dans une lettre écrite à Rome en 384 de n. è., Jérôme déclare : “ Neuvième nom [de Dieu], tétragramme, qu’ils ont estimé [anékphônêton], c’est-à-dire ineffable ; il s’écrit par les lettres suivantes : yod, he, vau, he. Cet ensemble n’a pas été compris par certains ; à cause de la ressemblance des traits qui composent ces quatre lettres, et quand ils l’ont rencontré dans les livres grecs, ils l’ont lu d’ordinaire ΠΙΠΙ [lettres grecques correspondant aux lettres romaines PIPI]. ” — Lettres, Paris, 1951, p. 14.
Les prétendus chrétiens qui donc “ ont remplacé le Tétragramme par le mot kurios ” dans les copies de la Septante n’étaient pas les premiers disciples de Jésus. Ce furent des personnes des siècles suivants, où l’apostasie prédite s’était amplement développée et avait entamé la pureté des enseignements chrétiens. — 2Th 2:3 ; 1Tm 4:1.
Jésus et ses disciples l’utilisaient. Ainsi, à l’époque de Jésus et de ses disciples, le nom divin figurait bel et bien dans les copies des Écritures, tant dans les manuscrits hébreux que dans les manuscrits grecs. Jésus et ses disciples employaient-ils le nom divin à l’oral et à l’écrit ? Puisque Jésus condamna les traditions pharisaïques (Mt 15:1-9), il ne serait pas du tout logique de penser que Jésus et ses disciples se soient en l’affaire laissé guider par les conceptions des Pharisiens (comme celles rapportées par la Mishna). Le nom même de Jésus signifie “ Jéhovah est salut ”. Il déclara : “ Je suis venu au nom de mon Père ” (Jn 5:43) ; il apprit à ses disciples à prier : “ Notre Père dans les cieux, que ton nom soit sanctifié ” (Mt 6:9) ; ses œuvres, il les faisait, selon ses propres termes, ‘ au nom de son Père ’ (Jn 10:25) ; et la nuit qui précéda sa mort, il dit dans une prière qu’il avait manifesté le nom de son Père à ses disciples et demanda : “ Père saint, veille sur eux à cause de ton nom. ” (Jn 17:6, 11, 12, 26). Compte tenu de tout cela, lorsque Jésus citait les Écritures hébraïques ou en donnait lecture, il utilisait à coup sûr le nom divin, Jéhovah (comparer Mt 4:4, 7, 10 avec Dt 8:3 ; 6:16 ; 6:13 ; également Mt 22:37 avec Dt 6:5 ; Mt 22:44 avec Ps 110:1 ; et Lc 4:16-21 avec Is 61:1, 2). Logiquement, les disciples de Jésus, parmi lesquels les rédacteurs inspirés des Écritures grecques chrétiennes, suivaient son exemple dans ce domaine.
Dans ce cas, pourquoi le nom est-il absent des manuscrits existants des Écritures grecques chrétiennes, appelées Nouveau Testament ? Apparemment parce qu’à l’époque où furent produites ces copies existantes (à partir du IIIe siècle de n. è.) le texte original des écrits des apôtres et des disciples avait subi des modifications. C’est pourquoi les copistes postérieurs remplacèrent sans aucun doute le nom divin sous la forme du Tétragramme par Kurios ou Théos (PHOTO, vol. 1, p. 324). Les faits indiquent précisément que c’est ce qui arriva dans des copies tardives de la Septante, traduction des Écritures hébraïques.
Le nom divin est restitué. Comprenant que les choses avaient dû se passer ainsi, certains traducteurs ont fait figurer le nom Jéhovah dans leur version des Écritures grecques chrétiennes. The Emphatic Diaglott, traduction anglaise du XIXe siècle par Benjamin Wilson, contient un certain nombre de fois le nom Jéhovah, spécialement aux endroits où les écrivains chrétiens citèrent les Écritures hébraïques. Mais dès 1533, dans une traduction faite par Anton Margaritha, le Tétragramme avait déjà figuré dans des traductions en hébreu des Écritures chrétiennes. Par la suite, dans diverses autres traductions en hébreu, les traducteurs utilisèrent le Tétragramme aux endroits où l’écrivain inspiré citait un passage des Écritures hébraïques qui contenait le nom divin.
On jugera du bien-fondé de ce choix au vu de la réflexion suivante de R. Girdlestone, ancien directeur du Wycliffe Hall (Oxford). Il a fait cette remarque avant que des données provenant de manuscrits n’attestent qu’à l’origine la Septante contenait le nom Jéhovah. Il a dit : “ Si cette version [la Septante] avait gardé le mot [Jéhovah], ou avait ne serait-ce qu’employé un mot grec pour Jéhovah et un autre pour Adonai, cet usage aurait sans aucun doute été gardé dans les discours et les raisonnements du N. T. Ainsi, notre Seigneur, lorsqu’il cita le 110e Psaume, au lieu de dire ‘ Le Seigneur a dit à mon Seigneur ’, dit peut-être ‘ Jéhovah a dit à Adoni ’. ”
Poursuivant sur la même hypothèse (qui s’avère à présent un fait établi), il a déclaré : “ En supposant qu’un érudit chrétien était en train de traduire le Testament grec en hébreu, il devait vérifier, chaque fois qu’il rencontrait le mot Κύριος, si un élément du contexte indiquait quel était son véritable correspondant hébreu ; et c’est ici la difficulté qui survenait pour traduire le N. T. dans n’importe quelle langue si le titre Jéhovah était conservé dans l’A. T. [tel qu’il est traduit dans la Septante]. Les Écritures hébraïques étaient un guide dans de nombreux passages : ainsi lorsqu’apparaît l’expression ‘ l’ange du Seigneur ’, nous savons que le mot Seigneur représente Jéhovah ; nous arriverions à la même conclusion pour l’expression ‘ la parole du Seigneur ’ si le schéma précédent était suivi dans l’A. T. ; de même dans le cas du titre ‘ le Seigneur des armées ’. Par contre, chaque fois que figure l’expression ‘ mon Seigneur ’ ou ‘ notre Seigneur ’, il nous faudrait savoir que le mot Jéhovah est à écarter, et employer Adonai ou Adoni. ” (Synonyms of the Old Testament, 1897, p. 43). Il s’agit là du principe adopté par les traductions des Écritures grecques (mentionnées plus haut) qui contiennent le nom Jéhovah.
Cependant, à cet égard la Traduction du monde nouveau, qui est utilisée tout au long du présent ouvrage, est remarquable, puisque le nom divin sous la forme “ Jéhovah ” y figure 237 fois dans les Écritures grecques chrétiennes. Comme on vient de le montrer, une telle option est tout à fait fondée.
Utilisation primitive du nom et sa signification. On invoque souvent à tort Exode 3:13-16 et 6:3 pour affirmer que le nom Jéhovah fut révélé pour la première fois à Moïse, quelque temps avant l’Exode. Il est vrai que Moïse posa la question : “ Supposons que je sois venu maintenant vers les fils d’Israël et que je leur aie dit : ‘ Le Dieu de vos ancêtres m’a envoyé vers vous ’, et qu’ils disent vraiment : ‘ Quel est son nom ? ’ Que leur dirai-je ? ” Mais cela ne signifie pas que Moïse ou les Israélites ne connaissaient pas le nom de Jéhovah. Le nom même de la mère de Moïse, Yokébed, signifie peut-être “ Jéhovah est gloire ”. (Ex 6:20.) La question de Moïse était sans doute liée à la condition dans laquelle se trouvaient les fils d’Israël. Ils subissaient depuis des décennies un dur esclavage, et aucun soulagement n’était en vue. Ils avaient très certainement cédé au doute et au découragement, et ne croyaient plus vraiment que Dieu ait le pouvoir et l’intention de les délivrer (voir Éz 20:7, 8). Dès lors, si Moïse leur avait simplement dit qu’il venait au nom de “ Dieu ” (’Èlohim) ou du “ Souverain Seigneur ” (’Adhonay), cela n’aurait peut-être pas évoqué grand-chose chez les Israélites qui souffraient. Ils savaient que les Égyptiens avaient eux aussi des dieux et des seigneurs, et ils entendaient sans aucun doute les Égyptiens les provoquer, dire que leurs dieux étaient supérieurs au Dieu des Israélites.
Il faut également se rappeler qu’à l’époque les noms avaient réellement une signification ; il ne s’agissait pas comme aujourd’hui de simples “ étiquettes ” identifiant une personne. Moïse savait que le nom d’Abram (qui signifie “ Père est élevé ”) avait été changé en Abraham (qui signifie “ Père d’une foule [multitude] ”) en raison du dessein de Dieu concernant Abraham. De même, le nom de Saraï avait été changé en Sara et celui de Jacob en Israël ; dans chaque cas, le changement révélait quelque chose de fondamental et de prophétique sur le dessein de Dieu les concernant. Moïse put très bien se demander si Jéhovah allait se révéler sous un nouveau nom pour éclairer son dessein envers Israël. Pour Moïse, se rendre auprès des Israélites au “ nom ” de Celui qui l’envoyait signifiait en être le représentant, et l’autorité avec laquelle il parlerait serait fonction, ou à la mesure, de ce nom et de ce qu’il représentait (voir Ex 23:20, 21 ; 1S 17:45). La question de Moïse était donc sensée.
En hébreu, la réponse de Dieu fut : ’Èhyèh ’Ashèr ’Èhyèh. Certaines versions rendent cette expression par “ JE SUIS QUI JE SUIS ”. ’Èhyèh est une forme du verbe hébreu hayah qui signifie “ devenir ”, “ être ”. Il n’est pas question ici du fait que Dieu existe par lui-même, mais de ce qu’il se propose de devenir pour d’autres. C’est pourquoi la Traduction du monde nouveau rend correctement l’expression hébraïque ci-dessus par “ JE SERAI CE QUE JE SERAI ”. Jéhovah ajouta : “ Voici ce que tu diras aux fils d’Israël : ‘ JE SERAI m’a envoyé vers vous. ’ ” — Ex 3:14
Les paroles que Dieu prononça ensuite indiquent qu’il n’exposait pas un changement dans son nom, mais seulement qu’il faisait mieux connaître sa personnalité : “ Voici ce que tu diras aux fils d’Israël : ‘ Jéhovah le Dieu de vos ancêtres, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob, m’a envoyé vers vous. ’ C’est là mon nom pour des temps indéfinis et c’est là mon mémorial de génération en génération. ” (Ex 3:15 ; voir aussi Ps 135:13 ; Ho 12:5). Le nom Jéhovah vient du verbe hébreu hawah, “ devenir ”, et signifie en fait “ Il fait devenir ”. Voilà qui montre Jéhovah comme le Dieu qui, par une action en cours, se fait devenir Celui qui réalise des promesses. Ainsi, il accomplit toujours ses desseins. Seul le vrai Dieu peut à juste titre et indiscutablement porter un tel nom.
Ces éléments aident à comprendre ce que Jéhovah dit ensuite à Moïse : “ Je suis Jéhovah. J’apparaissais à Abraham, à Isaac et à Jacob comme Dieu Tout-Puissant, mais en ce qui concerne mon nom de Jéhovah, je ne me suis pas fait connaître d’eux. ” (Ex 6:2, 3). Ces patriarches, ancêtres de Moïse, ayant à maintes reprises employé le nom Jéhovah, il est clair que Dieu voulait dire qu’il ne s’était manifesté à ces hommes en sa qualité de Jéhovah que d’une façon limitée. Pour prendre un exemple, on pourrait difficilement prétendre que ceux qui avaient connu Abram l’avaient vraiment connu en tant qu’Abraham (qui signifie “ Père d’une foule [multitude] ”) à l’époque où il n’avait qu’un fils, Yishmaël. Après la naissance d’Isaac et d’autres fils, et après qu’ils eurent engendré des enfants, le nom Abraham revêtit une signification ou une importance tout autre. De même, le nom Jéhovah allait à présent se charger d’une signification plus étendue pour les Israélites.
“ Connaître ” ne signifie donc pas forcément seulement se faire une idée ou être conscient de l’existence de quelque chose ou de quelqu’un. Le sot Nabal connaissait le nom de David, pourtant il demanda “ Qui est David ? ” une manière de dire “ Qu’est-ce que David ? ” (1S 25:9-11 ; voir aussi 2S 8:13). De même, Pharaon avait dit à Moïse : “ Qui est Jéhovah pour que j’obéisse à sa voix en renvoyant Israël ? Je ne connais pas du tout Jéhovah ; d’ailleurs je ne renverrai pas Israël. ” (Ex 5:1, 2). Par ces paroles, Pharaon entendait manifestement qu’à ses yeux Jéhovah n’était pas le vrai Dieu ou qu’il n’avait aucune autorité sur le roi d’Égypte et ses affaires, qu’il n’avait pas la puissance d’accomplir Sa volonté, exposée par Moïse et Aaron. Mais à présent, Pharaon et toute l’Égypte, de même que les Israélites, allaient connaître la signification réelle de ce nom, la personne qu’il désignait. Comme Jéhovah l’expliqua à Moïse, ils allaient apprendre cela en voyant Dieu mener à bien Son dessein envers les Israélites : il les libérerait, leur donnerait la Terre promise, accomplissant de la sorte l’alliance qu’il avait conclue avec leurs ancêtres. Par ce moyen, comme l’annonçait Dieu, ‘ vraiment ils sauraient qu’il était Jéhovah leur Dieu ’. — Ex 6:4-8
C’est donc pertinemment que D. Weir, professeur d’hébreu, affirme que ceux qui voient en Exode 6:2, 3 la première révélation du nom Jéhovah “ n’ont pas examiné [ces versets] à la lumière d’autres passages ; sinon ils auraient saisi que par nom il ne faut pas comprendre ici les deux syllabes qui forment le nom Jéhovah, mais le concept que ce nom exprime. Lorsqu’on lit en Isaïe, ch. lii. 6, ‘ C’est pourquoi mon peuple connaîtra mon nom ’ ; ou en Jérémie, ch. xvi. 21, ‘ Ils sauront que mon nom est Jéhovah ’ ; ou dans les Psaumes, Ps. ix. [10, 16], ‘ Ceux qui connaissent ton nom se confieront en toi ’ ; on comprend d’emblée que connaître le nom de Jéhovah est très différent de connaître les quatre lettres qui le composent. C’est savoir par expérience que Jéhovah est réellement ce que son nom proclame qu’il est. (Voir aussi Is. xix. 20, 21 ; Ézé. xx. 5, 9 ; xxxix. 6, 7 ; Ps. lxxxiii. [18] ; lxxxix. [16] ; 2 Ch. vi. 33.) ” — The Imperial Bible-Dictionary, vol. I, p. 856, 857.
Le premier couple humain le connaissait. Ce n’est pas à Moïse que le nom Jéhovah fut révélé en premier, car le premier homme le connaissait certainement. Le nom figure la première fois dans le récit divin en Genèse 2:4, à la suite de la relation des actes de création de Dieu, et il identifie le Créateur des cieux et de la terre à “ Jéhovah Dieu ”. Il est raisonnable de penser que c’est Jéhovah Dieu qui fit connaître à Adam ce récit de la création. La Genèse ne le précise pas, mais elle ne dit pas non plus explicitement que Jéhovah expliqua à Adam qui se réveillait d’où venait Ève. Pourtant, les paroles d’Adam quand il accueillit Ève montrent qu’on lui avait indiqué de quelle façon Dieu l’avait formée, à partir de son corps (Gn 2:21-23). Jéhovah et son fils humain eurent sans aucun doute de nombreuses conversations dont le court récit de la Genèse ne fait pas mention.
Ève est le premier humain dont il est précisément dit qu’il employa le nom divin (Gn 4:1). Elle avait manifestement eu connaissance de ce nom par Adam, son mari et chef, qui lui avait aussi fait part du commandement de Dieu concernant l’arbre de la connaissance du bon et du mauvais (encore qu’une fois de plus le récit ne spécifie pas que c’est Adam qui l’en informa). — Gn 2:16, 17 ; 3:2, 3.
Ainsi que l’explique l’article ÉNOSH, lorsqu’on commença du temps d’Énosh, petit-fils d’Adam, “ d’invoquer le nom de Jéhovah ”, ce ne fut sans doute pas avec foi ni d’une manière approuvée de Dieu. En effet, entre Abel et Noé, on lit seulement au sujet de Hénok (à ne pas confondre avec Énosh) le fils de Yared qu’il ‘ marchait avec le vrai Dieu ’ dans la foi (Gn 4:26 ; 5:18, 22-24 ; Hé 11:4-7). Par l’intermédiaire de Noé et de sa famille, le nom divin se perpétua après le déluge, après la dispersion des peuples à la tour de Babel, et fut transmis au patriarche Abraham et à ses descendants. — Gn 9:26 ; 12:7, 8.
La personne qui porte ce Nom. Jéhovah est le Créateur de toutes choses, la grande Cause Première ; il est donc incréé, sans commencement (Ré 4:11). “ Par le nombre ses années sont inscrutables. ” (Jb 36:26). Il est impossible de lui donner un âge, car il n’existe pas de point de départ à partir duquel compter. Bien que sans âge, il est à juste titre appelé “ l’Ancien des jours ”, puisque son existence remonte sans fin dans le passé (Dn 7:9, 13). Il est aussi sans fin dans les temps à venir (Ré 10:6), puisqu’il est incorruptible, non sujet à la mort. C’est pourquoi il est appelé le “ Roi d’éternité ” (1Tm 1:17), pour qui mille ans sont comme une veille de quelques heures pendant la nuit. — Ps 90:2, 4 ; Jr 10:10 ; Hab 1:12 ; Ré 15:3.
Jéhovah, qui est éternel, est cependant en tout premier lieu un Dieu historique, qui s’identifie à des époques, des lieux, des personnes et des événements précis. Dans ses rapports avec les humains, il a agi selon un calendrier défini (Gn 15:13, 16 ; 17:21 ; Ex 12:6-12 ; Ga 4:4). Parce que son existence éternelle est indéniable et la réalité la plus fondamentale de l’univers, il a juré par elle dans des serments, disant : “ Aussi vrai que je suis vivant ”, garantissant par là l’absolue fiabilité de ses promesses et de ses prophéties (Jr 22:24 ; Tse 2:9 ; Nb 14:21, 28 ; Is 49:18). Des hommes prêtèrent également serment en jurant sur la réalité de l’existence de Jéhovah (Jg 8:19 ; Ru 3:13). Seuls les insensés disent : “ Il n’y a pas de Jéhovah. ” — Ps 14:1 ; 10:4.
Descriptions de sa présence. Parce qu’il est un Esprit qu’il n’est pas au pouvoir des hommes de voir (Jn 4:24), toute description de son aspect dans des termes humains ne donne qu’une vague idée de sa gloire incomparable (Is 40:25, 26). Sans avoir réellement vu leur Créateur (Jn 1:18), certains de ses serviteurs reçurent des visions inspirées de ses cours célestes. La description qu’ils font de sa présence reflète non seulement une grande dignité et une majesté impressionnante, mais aussi la sérénité, l’ordre, la beauté et le charme. — Ex 24:9-11 ; Is 6:1 ; Éz 1:26-28 ; Dn 7:9 ; Ré 4:1-3 ; voir aussi Ps 96:4-6.
On note que ces descriptions recourent à des métaphores et à des rapprochements, comparant l’aspect de Jéhovah à des choses connues des humains : les pierres précieuses, le feu, l’arc-en-ciel. Il est même décrit comme s’il avait certaines caractéristiques humaines. Certains spécialistes accordent beaucoup d’importance à ce qu’ils appellent les expressions anthropomorphiques qu’on rencontre dans la Bible, comme les références aux “ yeux ”, aux “ oreilles ”, à la “ face ” (1P 3:12), au “ bras ” (Éz 20:33), à la “ [main] droite ” (Ex 15:6) de Dieu, etc. Il est cependant manifeste que de telles expressions sont nécessaires pour mettre la description à la portée de l’humain. Si Jéhovah Dieu nous fournissait une description de sa personne en des termes propres aux esprits, cela équivaudrait à exposer des équations algébriques complexes à quelqu’un ne possédant que les rudiments des mathématiques, ou à essayer d’expliquer les couleurs à un aveugle de naissance. — Jb 37:23, 24.
Ce qu’on appelle les anthropomorphismes ne doivent en conséquence jamais être pris au sens littéral, pas plus que lorsque Dieu est appelé par métaphore un “ soleil ”, un “ bouclier ” ou un “ Rocher ”. (Ps 84:11 ; Dt 32:4, 31.) Contrairement aux humains, Jéhovah n’a pas besoin de rayons de lumière pour voir (Gn 16:13), et il peut observer des actes accomplis dans l’obscurité la plus totale (Ps 139:1, 7-12 ; Hé 4:13). Il peut embrasser toute la terre de son regard (Pr 15:3) et observer sans équipement spécial l’embryon qui se développe dans le ventre d’une mère (Ps 139:15, 16). Son ouïe n’est pas non plus dépendante d’ondes sonores se propageant dans une atmosphère, car il peut “ entendre ” des pensées qu’un homme émet silencieusement en son cœur (Ps 19:14). L’homme est déjà incapable de mesurer l’immense univers physique ; or, les cieux physiques n’englobent ni ne contiennent le lieu où Dieu réside, bien moins encore est-ce le cas d’une maison ou d’un temple sur la terre (1R 8:27 ; Ps 148:13). Par Moïse, Jéhovah a clairement interdit à la nation d’Israël de faire une image le représentant sous la forme d’un homme ou d’une quelconque créature (Dt 4:15-18). Si, selon le récit de Luc, Jésus disait expulser des démons “ par le moyen du doigt de Dieu ”, celui de Matthieu montre que Jésus entendait par là “ l’esprit de Dieu ”, sa force agissante. — Lc 11:20 ; Mt 12:28 ; comparer Jr 27:5 avec Gn 1:2.
(Il fait devenir, du verbe héb. hawah [devenir] à l’imparfait de la forme causative).
Nom personnel de Dieu (Is 42:8 ; 54:5). Bien qu’il soit désigné dans les Écritures par des titres et qualificatifs comme “ Dieu ”, “ Souverain Seigneur ”, “ Créateur ”, “ Père ”, “ le Tout-Puissant ” et “ le Très-Haut ”, seul son nom personnel résume et exprime pleinement sa personnalité et ses attributs, qui il est et ce qu’il est. — Ps 83:18.
Prononciation correcte du nom divin. “ Jéhovah ” est la prononciation la plus connue du nom divin en français, même si la plupart des hébraïsants lui préfèrent “ Yahvé ” ou “ Iahvé ”. Les plus anciens manuscrits hébreux présentent le nom sous la forme de quatre consonnes, communément appelées le Tétragramme (du grec tétra-, qui signifie “ quatre ”, et gramma, “ lettre ”). Ces quatre lettres (écrites de droite à gauche) sont יהוה et peuvent être transcrites en français par YHWH (ou JHVH).
Les consonnes hébraïques du nom sont donc connues. Reste à savoir quelles voyelles doivent leur être associées. Les points-voyelles n’entrèrent en usage en hébreu qu’à partir de la deuxième moitié du Ier millénaire de n. è. (Voir HÉBREU, II [L’alphabet et l’écriture hébraïques].) De plus, en raison d’une superstition religieuse née des siècles plus tôt, les points-voyelles figurant dans les manuscrits hébreux ne permettent pas de déterminer quelles voyelles doivent apparaître dans le nom divin.
Caché par superstition. À un moment donné s’est imposée parmi les Juifs une superstition qui tenait pour répréhensible le simple fait de prononcer le nom divin (représenté par le Tétragramme). On ignore quelle raison exactement fut à l’origine invoquée pour supprimer l’usage du nom divin. Certains pensent que le nom était jugé trop saint pour être prononcé par des lèvres imparfaites. Pourtant, les Écritures hébraïques n’indiquent nulle part qu’un quelconque serviteur authentique de Dieu ait jamais hésité à prononcer son nom. Des documents hébraïques non bibliques, entre autres ceux appelés Lettres de Lakish, montrent que le nom était employé dans les courriers ordinaires échangés en Palestine vers la fin du VIIe siècle av. n. è.
Une autre opinion est qu’on aurait voulu empêcher les peuples non juifs d’avoir connaissance du nom, de peur qu’ils ne l’emploient à tort. Toutefois, Jéhovah lui-même déclara que ‘ son nom serait proclamé dans toute la terre ’ (Ex 9:16 ; voir aussi 1Ch 16:23, 24 ; Ps 113:3 ; Ml 1:11, 14), afin que même ses adversaires le connaissent (Is 64:2). Le nom était de fait connu et utilisé par les nations païennes tant avant notre ère que dans les premiers siècles de notre ère (The Jewish Encyclopedia, 1976, vol. XII, p. 119). Selon une autre assertion, l’objectif était de prévenir l’usage du nom dans des rites magiques. Si ce fut le cas, le raisonnement était défaillant, car de toute évidence plus on entourerait le nom de mystère en le délaissant, plus il répondrait aux intentions des pratiquants de la magie.
Quand la superstition s’imposa-t-elle ? De même que la ou les raisons invoquées à l’origine pour cesser d’employer le nom divin sont obscures, de même on ne sait pas trop quand cette superstition s’imposa vraiment. Certains prétendent que ce fut après l’exil à Babylone (607-537 av. n. è.). Cette théorie, toutefois, s’appuie sur l’emploi prétendument restreint du nom par les derniers rédacteurs des Écritures hébraïques, une opinion qui ne résiste pas à l’analyse. Malaki, par exemple, fut sans doute un des livres des Écritures hébraïques écrits les derniers (dans la deuxième moitié du Ve siècle av. n. è.), et il accorde une place de choix au nom divin.
De nombreux ouvrages de référence ont émis l’avis que le nom tomba en désuétude vers 300 av. n. è. On a invoqué à l’appui de cette date l’absence du Tétragramme (ou de sa transcription) dans la traduction grecque des Écritures hébraïques appelée Septante, entreprise aux environs de 280 av. n. è. Il est vrai que les copies manuscrites de la Septante les plus complètes connues aujourd’hui substituent systématiquement les mots grecs Kurios (Seigneur) ou Théos (Dieu) au Tétragramme. Mais ces manuscrits principaux ne remontent qu’aux IVe et Ve siècles de n. è. On a retrouvé des copies antérieures qui, bien que fragmentaires, prouvent que les copies les plus anciennes de la Septante portaient bien le nom divin.
L’une de ces copies est constituée des fragments d’un rouleau de papyrus d’une partie du Deutéronome, catalogués P. Fouad Inventaire 266 (PHOTO, vol. 1, p. 326). Le Tétragramme y figure régulièrement, en caractères hébreux carrés à chacune de ses occurrences dans le texte hébreu traduit. Ce papyrus est daté du Ier siècle av. n. è. par les spécialistes et a donc été écrit quatre ou cinq siècles avant les manuscrits mentionnés précédemment.
Quand les Juifs en général cessèrent-ils effectivement de prononcer le nom personnel de Dieu ?
Ainsi, du moins sous forme écrite, rien n’indique vraiment que le nom divin ait disparu ou que son usage se soit perdu avant notre ère. Ce n’est qu’au Ier siècle de n. è. qu’on trouve des indices d’une attitude superstitieuse envers le nom. Josèphe, historien juif issu d’une famille sacerdotale, racontant comment Dieu se révéla à Moïse à l’emplacement du buisson embrasé, déclare : “ Alors Dieu lui révèle son nom qui n’était pas encore parvenu aux hommes, et dont je n’ai pas le droit de parler. ” (Antiquités judaïques, II, 276 [XII, 4]). Toutefois, cette déclaration de Josèphe, par ailleurs inexacte à propos de la connaissance du nom divin avant Moïse, est vague et ne révèle pas précisément quelle était la ligne de conduite générale au Ier siècle quant à la prononciation ou à l’usage du nom divin.
La Mishna, compilation des enseignements et des traditions rabbiniques, est un peu plus explicite. Sa compilation est attribuée à un rabbin appelé Juda le Prince, qui vécut aux IIe et IIIe siècles de n. è. Certaines parties de la Mishna se rapportent incontestablement aux conditions antérieures à la destruction de Jérusalem et de son temple en 70 de n. è. Un spécialiste dit toutefois à propos de la Mishna : “ Il est extrêmement difficile d’apprécier la valeur historique qu’il faut attacher à une quelconque tradition rapportée dans la Mishna. Le temps écoulé, qui contribua peut-être à obscurcir ou à fausser le souvenir d’époques très différentes : les soulèvements, les changements et la confusion politiques hérités de deux rébellions et de deux conquêtes romaines ; les valeurs à l’honneur dans le parti pharisien (dont la Mishna véhicule les opinions) que ne partageait pas le parti sadducéen [...] — ce sont des facteurs qui doivent être pris en compte pour jauger la nature des déclarations de la Mishna. De plus, une grande partie du contenu de la Mishna se situe dans le contexte d’un débat d’idées mené gratuitement, sans grande intention (semble-t-il) de transmettre l’usage historique. ” (The Mishnah, par H. Danby, Londres, 1954, p. xiv, xv). Voici quelques traditions de la Mishna relatives à la prononciation du nom divin.
On y lit à propos de la célébration annuelle du jour des Propitiations : “ Les prêtres et le peuple qui se tenaient dans l’enceinte, entendant le Nom Ineffable prononcé par le Grand-Prêtre, s’agenouillaient, se prosternaient et tombaient face à terre et s’écriaient : ‘ Loué soit à jamais le Nom de Son règne glorieux. ’ ” (Yoma VI, 2, par les Membres du Rabbinat français). Concernant les bénédictions prononcées chaque jour par les prêtres, Sota VII, 6 déclare : “ Dans le Temple le Nom était prononcé comme il s’écrivait, mais dans les provinces on lui en substituait un autre. ” D’après Sanhédrin VII, 5 (par les Membres du Rabbinat français), un blasphémateur n’était coupable ‘ que s’il prononçait distinctement le Nom ’, et lors d’un procès pour blasphème, on recourait à un nom de substitution jusqu’à ce que tous les témoignages aient été entendus ; puis on invitait en privé le témoin principal à ‘ dire distinctement ce qu’il avait entendu ’, vraisemblablement en employant le nom divin. Dans l’énumération de ceux “ qui n’ont pas part au monde futur ” faite en Sanhédrin X, 1, on lit : “ Abba Chaoul dit : même celui qui prononce le nom divin selon les lettres qui le composent. ” Cependant, à côté de ces opinions négatives, on trouve dans la première section de la Mishna l’invitation selon laquelle “ il convenait de saluer son prochain avec le nom de Dieu ”. Puis est cité l’exemple de Boaz (Ru 2:4). — Berachot IX, 5, par les Membres du Rabbinat français.
Examinées avec les réserves qui s’imposent, ces considérations tirées de la tradition peuvent révéler une tendance superstitieuse à éviter d’utiliser le nom divin un peu avant la destruction du temple de Jérusalem en 70 de n. è. Et encore, c’est avant tout des prêtres qu’il est dit explicitement qu’ils utilisaient un nom de substitution au lieu du nom divin, et ce uniquement dans les provinces. En outre, comme on l’a vu, la valeur historique des traditions de la Mishna est sujette à caution.
Il n’existe donc pas de fondement solide pour affirmer qu’on commença avant les Ier et IIe siècles de n. è. par superstition à s’abstenir d’utiliser le nom divin. Il n’empêche qu’à partir d’une certaine époque, lorsqu’il lisait les Écritures hébraïques dans la langue originale, le lecteur juif ne prononçait plus le nom divin représenté par le Tétragramme, mais lui substituait soit ’Adhonay (Souverain Seigneur), soit ’Èlohim (Dieu). C’est ce qu’indique le fait que, lorsque fut adoptée dans la deuxième moitié du Ier millénaire de n. è. la vocalisation par points-voyelles, les copistes juifs insérèrent les points-voyelles de ’Adhonay ou de ’Èlohim dans le Tétragramme, sans doute pour rappeler au lecteur de dire ces mots au lieu de prononcer le nom divin. Le lecteur qui se référait à des copies tardives de la Septante, traduction grecque des Écritures hébraïques, rencontrait bien entendu systématiquement Kurios ou Théos à la place du Tétragramme.
Des versions en d’autres langues, par exemple la Vulgate, imitèrent ces copies tardives de la Septante. En français, selon l’usage de la Vulgate, certaines versions ne contiennent pas le nom divin (AG ; Sa).
Quelle est la prononciation exacte du nom de Dieu ?
Dans la deuxième moitié du Ier millénaire de n. è., les érudits juifs introduisirent un système de points représentant les voyelles absentes du texte consonantique hébreu. Lorsqu’ils rencontraient le nom de Dieu, au lieu d’insérer les signes vocaliques adéquats, ils en mettaient d’autres pour rappeler au lecteur qu’il devait dire ’Adhonay (qui signifie “ Souverain Seigneur ”) ou ’Èlohim (qui signifie “ Dieu ”).
Le Codex de Leningrad B 19A, du XIe siècle de n. è., vocalise le Tétragramme en Yehwah, Yèhwih, Yehwih et Yehowah. Le texte massorétique par C. Ginsburg vocalise le nom divin en Yehowah (Gn 3:14, note). Les hébraïsants estiment généralement que la prononciation “ Yahweh ” ou “ Yahvé ” est la plus vraisemblable. Ils font observer que la forme abrégée du nom est Yah (Jah sous sa forme latinisée), par exemple en Psaume 89:8 et dans l’expression Halelou-Yah (qui signifie “ Louez Yah ! ”) (Ps 104:35 ; 150:1, 6). Par ailleurs, les formes Yehô, Yô, Yah et Yahou, qu’on trouve entre autres dans l’orthographe hébraïque des noms Yehoshaphat, Yoshaphat et Shephatia, peuvent toutes être dérivées de Yahweh (Yahvé). Les transcriptions grecques du nom que firent les premiers écrivains chrétiens vont un peu dans le même sens, avec des orthographes comme Iabé et Iaoué, dont la prononciation en grec se rapproche de Yahweh. Néanmoins, les spécialistes sont loin d’être unanimes sur la question, certains défendant d’autres prononciations encore, comme “ Yahouwa ”, “ Yahouah ” ou “ Yehouah ”.
Puisqu’on ne peut pour l’instant être certain de la prononciation, il semble n’y avoir aucune raison de délaisser en français la forme bien connue de “ Jéhovah ” au profit d’une des autres prononciations proposées. Si on changeait, alors, pour être conséquent avec soi-même, il faudrait changer la graphie et la prononciation de bien d’autres noms figurant dans les Écritures : Jérémie deviendrait Yirmeyah, Isaïe Yesha‛yahou et Jésus serait soit Yehôshoua‛ (comme en hébreu), soit Iêsous (comme en grec). Les mots ont pour fonction de transmettre des idées ; en français, le nom Jéhovah identifie le vrai Dieu, et transmet aujourd’hui cette notion de façon plus satisfaisante que n’importe quel autre substitut proposé.
Importance du nom. De nombreux érudits et traducteurs modernes de la Bible préconisent de se ranger à la tradition et d’enlever le nom distinctif de Dieu. Selon eux, cette ligne de conduite se justifie d’une part parce que la prononciation du nom est incertaine, et d’autre part parce que le vrai Dieu étant au-dessus de tous et unique il n’a pas besoin d’un nom particulier. Rien dans les Écritures inspirées, que ce soit celles des temps préchrétiens ou les Écritures grecques chrétiennes, ne corrobore cette opinion.
Le Tétragramme figure 6 828 fois dans le texte hébreu imprimé dans la Biblia Hebraica et dans la Biblia Hebraica Stuttgartensia. Dans la Traduction du monde nouveau, le nom divin figure 6 973 fois dans les Écritures hébraïques, car les traducteurs ont pris en compte, entre autres, le fait qu’à certains endroits les scribes avaient remplacé le nom divin par ’Adhonay ou ’Èlohim (voir Appendice MN, p. 1676-1678). La fréquence même à laquelle ce nom revient témoigne de l’importance que lui attache l’Auteur de la Bible, dont c’est le nom. Son emploi tout au long des Écritures dépasse de loin celui de tout autre titre donné à Dieu, comme “ Souverain Seigneur ” ou “ Dieu ”.
On notera aussi avec intérêt l’importance accordée aux noms eux-mêmes dans les Écritures hébraïques et chez les peuples sémites. Le professeur G. Manley fait remarquer : “ Une étude du mot ‘ nom ’ dans l’A[ncien] T[estament] est révélatrice de tout ce que ce mot pouvait signifier en hébreu. Le nom n’était pas seulement une étiquette. Il était caractéristique de la véritable personnalité de celui qui le portait. [...] Quand un individu plaçait son ‘ nom ’ sur quelque chose ou sur quelqu’un, cela voulait dire qu’il prenait cet objet ou cette personne sous son influence ou sous sa protection. ” — New Bible Dictionary, par J. Douglas, 1985, p. 430 ; voir aussi Le Talmud, par A. Cohen, Paris, 1950, p. 68 ; Gn 27:36 ; 1S 25:25 ; Ps 20:1 ; Pr 22:1
“ Dieu ” et “ Père ” ne sont pas distinctifs. Le titre “ Dieu ” n’est ni personnel ni distinctif (on peut même faire de son ventre un dieu ; Ph 3:19). Dans les Écritures hébraïques, le même mot (’Èlohim) est appliqué à Jéhovah, le vrai Dieu, mais aussi à de faux dieux, tels le dieu philistin Dagôn (Jg 16:23, 24 ; 1S 5:7) et le dieu assyrien Nisrok (2R 19:37). Un Hébreu ne pouvait manifestement se contenter de dire à un Philistin ou à un Assyrien qu’il adorait “ Dieu [’Èlohim] ” pour identifier le Personnage à qui allait son culte.
Dans ses articles consacrés à Jéhovah, The Imperial Bible-Dictionary illustre éloquemment la différence entre ’Èlohim (Dieu) et Jéhovah. On y lit concernant le nom Jéhovah : “ Il s’agit partout d’un nom propre, qui désigne le Dieu personnel et lui seul ; tandis qu’Èlohim tient plus du nom commun, désignant habituellement, il est vrai, le Suprême, mais pas nécessairement ni uniformément. [...] Un Hébreu parlera peut-être du Èlohim, du vrai Dieu, par opposition avec tous les faux dieux ; mais il ne parlera jamais du Jéhovah, car Jéhovah est le nom du vrai Dieu uniquement. Il dira fréquemment mon Dieu [...] ; mais jamais mon Jéhovah, car quand il dit mon Dieu il veut dire Jéhovah. Il parlera du Dieu d’Israël, mais jamais du Jéhovah d’Israël, car il n’y a pas d’autre Jéhovah. Il parlera du Dieu vivant, mais jamais du Jéhovah vivant, car il ne peut concevoir Jéhovah autrement que vivant. ” — Par P. Fairbairn, Londres, 1874, vol. I, p. 856 ; voir aussi Dictionnaire de la Bible, par F. Vigouroux, Paris, 1912, tome deuxième, deuxième partie, col. 1702.
Cela est vrai également du terme grec signifiant Dieu, Théos. Il était attribué indifféremment au vrai Dieu et à des dieux païens comme Zeus et Hermès (Jupiter et Mercure chez les Romains) (voir Ac 14:11-15). Les paroles de Paul en 1 Corinthiens 8:4-6 établissent la réalité : “ Car, bien qu’il y ait ceux qu’on appelle ‘ dieux ’, soit au ciel, soit sur la terre, tout comme il y a beaucoup de ‘ dieux ’ et beaucoup de ‘ seigneurs ’, pour nous il y a réellement un seul Dieu le Père, de qui toutes choses sont, et nous pour lui. ” La croyance en de nombreux dieux, qui impose de distinguer le vrai Dieu des autres, s’est perpétuée jusqu’au XXe siècle.
Si Paul parle de “ Dieu le Père ”, cela ne signifie pas pour autant que le nom du vrai Dieu est “ Père ”, car l’appellation “ père ” s’applique aussi à tout homme qui a des enfants et qualifie des hommes à d’autres niveaux de relations (Rm 4:11, 16 ; 1Co 4:15). Le Messie reçoit le titre de “ Père éternel ”. (Is 9:6.) Jésus appela Satan le “ père ” de certains adversaires qui cherchaient à le tuer (Jn 8:44). On appliquait également ce terme aux dieux des nations : le dieu grec Zeus était présenté comme le grand dieu père dans la poésie homérique. “ Dieu le Père ” a un nom, un nom différent de celui de son Fils ; c’est ce que montrent de nombreux textes (Mt 28:19 ; Ré 3:12 ; 14:1). Paul connaissait le nom personnel de Dieu, Jéhovah, tel qu’il figure dans le récit de la création contenu dans la Genèse qu’il cita dans ses écrits. Ce nom, Jéhovah, distingue “ Dieu le Père ” (voir Is 64:8), ce qui coupe court à toute tentative visant à superposer, ou à assimiler, son identité et sa personne à celles de tout autre personnage à qui les titres “ dieu ” ou “ père ” pourraient être attribués.
Pas un dieu tribal. Jéhovah est appelé “ le Dieu d’Israël ” et ‘ le Dieu de leurs ancêtres ’. (1Ch 17:24 ; Ex 3:16.) Néanmoins, ce lien étroit établi avec les Hébreux et la nation israélite n’autorise pas à limiter le nom à celui d’un dieu tribal, comme le font certains. L’apôtre chrétien Paul écrivit : “ Est-il seulement le Dieu des Juifs ? Ne l’est-il pas aussi des gens des nations ? Oui, des gens des nations aussi. ” (Rm 3:29). Jéhovah est non seulement “ le Dieu de toute la terre ” (Is 54:5), mais aussi le Dieu de l’univers, “ l’Auteur du ciel et de la terre ”. (Ps 124:8.) L’alliance que Jéhovah avait conclue avec Abraham, quelque 2 000 ans avant l’époque de Paul, avait promis des bénédictions pour les gens de toutes les nations, ce qui montrait que Dieu s’intéresse à toute l’humanité. — Gn 12:1-3 ; voir aussi Ac 10:34, 35 ; 11:18.
Jéhovah Dieu rejeta finalement l’Israël selon la chair, nation infidèle. Mais son nom devait subsister au sein de la nouvelle nation de l’Israël spirituel, la congrégation chrétienne, même quand cette nouvelle nation commencerait à compter comme membres des non-Juifs. C’est pourquoi, alors qu’il présidait une assemblée chrétienne à Jérusalem, le disciple Jacques déclara que Dieu s’était “ occupé des nations [non juives] pour tirer d’entre elles un peuple pour son nom ”. Pour prouver que cela avait été prédit, Jacques cita ensuite une prophétie du livre d’Amos dans laquelle figure le nom de Jéhovah. — Ac 15:2, 12-14 ; Am 9:11, 12.
Dans les Écritures grecques chrétiennes. Au vu de ces arguments, il semble tout à fait surprenant que les copies manuscrites disponibles du texte original des Écritures grecques chrétiennes ne contiennent pas le nom divin sous sa forme pleine. Le nom est dès lors également absent de la plupart des traductions de ce qu’on appelle le Nouveau Testament. Pourtant, le nom figure bien dans ces sources sous sa forme abrégée en Révélation (Apocalypse) 19:1, 3, 4, 6, dans l’expression “ Alléluia ” ou “ Hallelou-Yah ”. (Ch ; Md ; Pl ; TOB.) L’appel consigné ici, lancé par les fils spirituels de Dieu, “ Louez Yah ! ” (MN), démontre que le nom de Dieu n’était pas obsolète ; il était tout aussi primordial et à sa place que durant la période préchrétienne. Dans ce cas, pourquoi est-il absent des Écritures grecques chrétiennes dans sa forme intégrale ?
Pourquoi le nom divin ne figure-t-il sous sa forme pleine dans aucun manuscrit ancien disponible des Écritures grecques chrétiennes ?
On a longtemps avancé que les rédacteurs divinement inspirés des Écritures grecques chrétiennes tirèrent leurs citations des Écritures hébraïques de la Septante et que, cette version remplaçant le Tétragramme par Kurios ou Théos, ils n’utilisèrent pas le nom Jéhovah. Comme cela a été démontré, cet argument ne tient plus. Commentant le fait que les plus anciens fragments de la Septante portent effectivement le nom divin sous sa forme hébraïque, le professeur P. Kahle écrit : “ Nous savons à présent que, tant qu’il a été écrit par des Juifs à l’intention des Juifs, le texte de la Bible grecque [la Septante] ne rendait pas le nom divin par kurios ; le Tétragramme était plutôt inscrit en caractères hébreux ou grecs dans les MSS [manuscrits]. Ce sont les chrétiens qui ont remplacé le Tétragramme par le mot kurios lorsque le nom divin écrit en caractères hébreux en est venu à ne plus être compris. ” (The Cairo Geniza, Oxford, 1959, p. 222). Quand ce changement dans les traductions grecques des Écritures hébraïques eut-il lieu ?
Ce fut sans doute au cours des siècles qui suivirent la mort de Jésus et de ses apôtres. La version grecque d’Aquila, qui date du IIe siècle de n. è., portait encore le Tétragramme en caractères hébreux. Aux environs de 245 de n. è., Origène, érudit célèbre, produisit les Hexaples, reproduction en six colonnes des Écritures hébraïques inspirées : 1) l’original hébreu et araméen, accompagné 2) d’une transcription en grec et des versions grecques 3) d’Aquila, 4) de Symmaque, 5) de la Septante et 6) de Théodotion. À propos de ce qu’ont révélé les copies fragmentaires connues actuellement, le professeur W. Waddell déclare : “ Dans les Hexaples d’Origène [...] les versions grecques d’Aquila, de Symmaque et de la LXX [Septante] représentaient toutes JHWH par ΠΙΠΙ ; dans la deuxième colonne des Hexaples, le Tétragramme était écrit en caractères hébreux. ” (The Journal of Theological Studies, Oxford, vol. XLV, 1944, p. 158, 159). D’autres pensent que le texte original des Hexaples d’Origène portait le Tétragramme en caractères hébreux dans toutes les colonnes. Origène lui-même déclara que “ dans les manuscrits les plus fidèles LE NOM figure en caractères hébreux, toutefois non en [caractères] hébreux actuels, mais dans les plus anciens ”.
Même encore au IVe siècle de n. è., Jérôme, le traducteur de la Vulgate, dit dans son prologue aux livres de Samuel et des Rois : “ Nous trouvons aujourd’hui encore le nom de Dieu, lequel renferme quatre lettres [יהוה], nous le trouvons exprimé en antiques lettres dans certains volumes grecs. ” (Mélanges théologiques, historiques et moraux, empruntés des œuvres de Saint Jérome, traduit par F.-Z. Collombet, Paris, 1842, tome second, p. 115). Dans une lettre écrite à Rome en 384 de n. è., Jérôme déclare : “ Neuvième nom [de Dieu], tétragramme, qu’ils ont estimé [anékphônêton], c’est-à-dire ineffable ; il s’écrit par les lettres suivantes : yod, he, vau, he. Cet ensemble n’a pas été compris par certains ; à cause de la ressemblance des traits qui composent ces quatre lettres, et quand ils l’ont rencontré dans les livres grecs, ils l’ont lu d’ordinaire ΠΙΠΙ [lettres grecques correspondant aux lettres romaines PIPI]. ” — Lettres, Paris, 1951, p. 14.
Les prétendus chrétiens qui donc “ ont remplacé le Tétragramme par le mot kurios ” dans les copies de la Septante n’étaient pas les premiers disciples de Jésus. Ce furent des personnes des siècles suivants, où l’apostasie prédite s’était amplement développée et avait entamé la pureté des enseignements chrétiens. — 2Th 2:3 ; 1Tm 4:1.
Jésus et ses disciples l’utilisaient. Ainsi, à l’époque de Jésus et de ses disciples, le nom divin figurait bel et bien dans les copies des Écritures, tant dans les manuscrits hébreux que dans les manuscrits grecs. Jésus et ses disciples employaient-ils le nom divin à l’oral et à l’écrit ? Puisque Jésus condamna les traditions pharisaïques (Mt 15:1-9), il ne serait pas du tout logique de penser que Jésus et ses disciples se soient en l’affaire laissé guider par les conceptions des Pharisiens (comme celles rapportées par la Mishna). Le nom même de Jésus signifie “ Jéhovah est salut ”. Il déclara : “ Je suis venu au nom de mon Père ” (Jn 5:43) ; il apprit à ses disciples à prier : “ Notre Père dans les cieux, que ton nom soit sanctifié ” (Mt 6:9) ; ses œuvres, il les faisait, selon ses propres termes, ‘ au nom de son Père ’ (Jn 10:25) ; et la nuit qui précéda sa mort, il dit dans une prière qu’il avait manifesté le nom de son Père à ses disciples et demanda : “ Père saint, veille sur eux à cause de ton nom. ” (Jn 17:6, 11, 12, 26). Compte tenu de tout cela, lorsque Jésus citait les Écritures hébraïques ou en donnait lecture, il utilisait à coup sûr le nom divin, Jéhovah (comparer Mt 4:4, 7, 10 avec Dt 8:3 ; 6:16 ; 6:13 ; également Mt 22:37 avec Dt 6:5 ; Mt 22:44 avec Ps 110:1 ; et Lc 4:16-21 avec Is 61:1, 2). Logiquement, les disciples de Jésus, parmi lesquels les rédacteurs inspirés des Écritures grecques chrétiennes, suivaient son exemple dans ce domaine.
Dans ce cas, pourquoi le nom est-il absent des manuscrits existants des Écritures grecques chrétiennes, appelées Nouveau Testament ? Apparemment parce qu’à l’époque où furent produites ces copies existantes (à partir du IIIe siècle de n. è.) le texte original des écrits des apôtres et des disciples avait subi des modifications. C’est pourquoi les copistes postérieurs remplacèrent sans aucun doute le nom divin sous la forme du Tétragramme par Kurios ou Théos (PHOTO, vol. 1, p. 324). Les faits indiquent précisément que c’est ce qui arriva dans des copies tardives de la Septante, traduction des Écritures hébraïques.
Le nom divin est restitué. Comprenant que les choses avaient dû se passer ainsi, certains traducteurs ont fait figurer le nom Jéhovah dans leur version des Écritures grecques chrétiennes. The Emphatic Diaglott, traduction anglaise du XIXe siècle par Benjamin Wilson, contient un certain nombre de fois le nom Jéhovah, spécialement aux endroits où les écrivains chrétiens citèrent les Écritures hébraïques. Mais dès 1533, dans une traduction faite par Anton Margaritha, le Tétragramme avait déjà figuré dans des traductions en hébreu des Écritures chrétiennes. Par la suite, dans diverses autres traductions en hébreu, les traducteurs utilisèrent le Tétragramme aux endroits où l’écrivain inspiré citait un passage des Écritures hébraïques qui contenait le nom divin.
On jugera du bien-fondé de ce choix au vu de la réflexion suivante de R. Girdlestone, ancien directeur du Wycliffe Hall (Oxford). Il a fait cette remarque avant que des données provenant de manuscrits n’attestent qu’à l’origine la Septante contenait le nom Jéhovah. Il a dit : “ Si cette version [la Septante] avait gardé le mot [Jéhovah], ou avait ne serait-ce qu’employé un mot grec pour Jéhovah et un autre pour Adonai, cet usage aurait sans aucun doute été gardé dans les discours et les raisonnements du N. T. Ainsi, notre Seigneur, lorsqu’il cita le 110e Psaume, au lieu de dire ‘ Le Seigneur a dit à mon Seigneur ’, dit peut-être ‘ Jéhovah a dit à Adoni ’. ”
Poursuivant sur la même hypothèse (qui s’avère à présent un fait établi), il a déclaré : “ En supposant qu’un érudit chrétien était en train de traduire le Testament grec en hébreu, il devait vérifier, chaque fois qu’il rencontrait le mot Κύριος, si un élément du contexte indiquait quel était son véritable correspondant hébreu ; et c’est ici la difficulté qui survenait pour traduire le N. T. dans n’importe quelle langue si le titre Jéhovah était conservé dans l’A. T. [tel qu’il est traduit dans la Septante]. Les Écritures hébraïques étaient un guide dans de nombreux passages : ainsi lorsqu’apparaît l’expression ‘ l’ange du Seigneur ’, nous savons que le mot Seigneur représente Jéhovah ; nous arriverions à la même conclusion pour l’expression ‘ la parole du Seigneur ’ si le schéma précédent était suivi dans l’A. T. ; de même dans le cas du titre ‘ le Seigneur des armées ’. Par contre, chaque fois que figure l’expression ‘ mon Seigneur ’ ou ‘ notre Seigneur ’, il nous faudrait savoir que le mot Jéhovah est à écarter, et employer Adonai ou Adoni. ” (Synonyms of the Old Testament, 1897, p. 43). Il s’agit là du principe adopté par les traductions des Écritures grecques (mentionnées plus haut) qui contiennent le nom Jéhovah.
Cependant, à cet égard la Traduction du monde nouveau, qui est utilisée tout au long du présent ouvrage, est remarquable, puisque le nom divin sous la forme “ Jéhovah ” y figure 237 fois dans les Écritures grecques chrétiennes. Comme on vient de le montrer, une telle option est tout à fait fondée.
Utilisation primitive du nom et sa signification. On invoque souvent à tort Exode 3:13-16 et 6:3 pour affirmer que le nom Jéhovah fut révélé pour la première fois à Moïse, quelque temps avant l’Exode. Il est vrai que Moïse posa la question : “ Supposons que je sois venu maintenant vers les fils d’Israël et que je leur aie dit : ‘ Le Dieu de vos ancêtres m’a envoyé vers vous ’, et qu’ils disent vraiment : ‘ Quel est son nom ? ’ Que leur dirai-je ? ” Mais cela ne signifie pas que Moïse ou les Israélites ne connaissaient pas le nom de Jéhovah. Le nom même de la mère de Moïse, Yokébed, signifie peut-être “ Jéhovah est gloire ”. (Ex 6:20.) La question de Moïse était sans doute liée à la condition dans laquelle se trouvaient les fils d’Israël. Ils subissaient depuis des décennies un dur esclavage, et aucun soulagement n’était en vue. Ils avaient très certainement cédé au doute et au découragement, et ne croyaient plus vraiment que Dieu ait le pouvoir et l’intention de les délivrer (voir Éz 20:7, 8). Dès lors, si Moïse leur avait simplement dit qu’il venait au nom de “ Dieu ” (’Èlohim) ou du “ Souverain Seigneur ” (’Adhonay), cela n’aurait peut-être pas évoqué grand-chose chez les Israélites qui souffraient. Ils savaient que les Égyptiens avaient eux aussi des dieux et des seigneurs, et ils entendaient sans aucun doute les Égyptiens les provoquer, dire que leurs dieux étaient supérieurs au Dieu des Israélites.
Il faut également se rappeler qu’à l’époque les noms avaient réellement une signification ; il ne s’agissait pas comme aujourd’hui de simples “ étiquettes ” identifiant une personne. Moïse savait que le nom d’Abram (qui signifie “ Père est élevé ”) avait été changé en Abraham (qui signifie “ Père d’une foule [multitude] ”) en raison du dessein de Dieu concernant Abraham. De même, le nom de Saraï avait été changé en Sara et celui de Jacob en Israël ; dans chaque cas, le changement révélait quelque chose de fondamental et de prophétique sur le dessein de Dieu les concernant. Moïse put très bien se demander si Jéhovah allait se révéler sous un nouveau nom pour éclairer son dessein envers Israël. Pour Moïse, se rendre auprès des Israélites au “ nom ” de Celui qui l’envoyait signifiait en être le représentant, et l’autorité avec laquelle il parlerait serait fonction, ou à la mesure, de ce nom et de ce qu’il représentait (voir Ex 23:20, 21 ; 1S 17:45). La question de Moïse était donc sensée.
En hébreu, la réponse de Dieu fut : ’Èhyèh ’Ashèr ’Èhyèh. Certaines versions rendent cette expression par “ JE SUIS QUI JE SUIS ”. ’Èhyèh est une forme du verbe hébreu hayah qui signifie “ devenir ”, “ être ”. Il n’est pas question ici du fait que Dieu existe par lui-même, mais de ce qu’il se propose de devenir pour d’autres. C’est pourquoi la Traduction du monde nouveau rend correctement l’expression hébraïque ci-dessus par “ JE SERAI CE QUE JE SERAI ”. Jéhovah ajouta : “ Voici ce que tu diras aux fils d’Israël : ‘ JE SERAI m’a envoyé vers vous. ’ ” — Ex 3:14
Les paroles que Dieu prononça ensuite indiquent qu’il n’exposait pas un changement dans son nom, mais seulement qu’il faisait mieux connaître sa personnalité : “ Voici ce que tu diras aux fils d’Israël : ‘ Jéhovah le Dieu de vos ancêtres, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob, m’a envoyé vers vous. ’ C’est là mon nom pour des temps indéfinis et c’est là mon mémorial de génération en génération. ” (Ex 3:15 ; voir aussi Ps 135:13 ; Ho 12:5). Le nom Jéhovah vient du verbe hébreu hawah, “ devenir ”, et signifie en fait “ Il fait devenir ”. Voilà qui montre Jéhovah comme le Dieu qui, par une action en cours, se fait devenir Celui qui réalise des promesses. Ainsi, il accomplit toujours ses desseins. Seul le vrai Dieu peut à juste titre et indiscutablement porter un tel nom.
Ces éléments aident à comprendre ce que Jéhovah dit ensuite à Moïse : “ Je suis Jéhovah. J’apparaissais à Abraham, à Isaac et à Jacob comme Dieu Tout-Puissant, mais en ce qui concerne mon nom de Jéhovah, je ne me suis pas fait connaître d’eux. ” (Ex 6:2, 3). Ces patriarches, ancêtres de Moïse, ayant à maintes reprises employé le nom Jéhovah, il est clair que Dieu voulait dire qu’il ne s’était manifesté à ces hommes en sa qualité de Jéhovah que d’une façon limitée. Pour prendre un exemple, on pourrait difficilement prétendre que ceux qui avaient connu Abram l’avaient vraiment connu en tant qu’Abraham (qui signifie “ Père d’une foule [multitude] ”) à l’époque où il n’avait qu’un fils, Yishmaël. Après la naissance d’Isaac et d’autres fils, et après qu’ils eurent engendré des enfants, le nom Abraham revêtit une signification ou une importance tout autre. De même, le nom Jéhovah allait à présent se charger d’une signification plus étendue pour les Israélites.
“ Connaître ” ne signifie donc pas forcément seulement se faire une idée ou être conscient de l’existence de quelque chose ou de quelqu’un. Le sot Nabal connaissait le nom de David, pourtant il demanda “ Qui est David ? ” une manière de dire “ Qu’est-ce que David ? ” (1S 25:9-11 ; voir aussi 2S 8:13). De même, Pharaon avait dit à Moïse : “ Qui est Jéhovah pour que j’obéisse à sa voix en renvoyant Israël ? Je ne connais pas du tout Jéhovah ; d’ailleurs je ne renverrai pas Israël. ” (Ex 5:1, 2). Par ces paroles, Pharaon entendait manifestement qu’à ses yeux Jéhovah n’était pas le vrai Dieu ou qu’il n’avait aucune autorité sur le roi d’Égypte et ses affaires, qu’il n’avait pas la puissance d’accomplir Sa volonté, exposée par Moïse et Aaron. Mais à présent, Pharaon et toute l’Égypte, de même que les Israélites, allaient connaître la signification réelle de ce nom, la personne qu’il désignait. Comme Jéhovah l’expliqua à Moïse, ils allaient apprendre cela en voyant Dieu mener à bien Son dessein envers les Israélites : il les libérerait, leur donnerait la Terre promise, accomplissant de la sorte l’alliance qu’il avait conclue avec leurs ancêtres. Par ce moyen, comme l’annonçait Dieu, ‘ vraiment ils sauraient qu’il était Jéhovah leur Dieu ’. — Ex 6:4-8
C’est donc pertinemment que D. Weir, professeur d’hébreu, affirme que ceux qui voient en Exode 6:2, 3 la première révélation du nom Jéhovah “ n’ont pas examiné [ces versets] à la lumière d’autres passages ; sinon ils auraient saisi que par nom il ne faut pas comprendre ici les deux syllabes qui forment le nom Jéhovah, mais le concept que ce nom exprime. Lorsqu’on lit en Isaïe, ch. lii. 6, ‘ C’est pourquoi mon peuple connaîtra mon nom ’ ; ou en Jérémie, ch. xvi. 21, ‘ Ils sauront que mon nom est Jéhovah ’ ; ou dans les Psaumes, Ps. ix. [10, 16], ‘ Ceux qui connaissent ton nom se confieront en toi ’ ; on comprend d’emblée que connaître le nom de Jéhovah est très différent de connaître les quatre lettres qui le composent. C’est savoir par expérience que Jéhovah est réellement ce que son nom proclame qu’il est. (Voir aussi Is. xix. 20, 21 ; Ézé. xx. 5, 9 ; xxxix. 6, 7 ; Ps. lxxxiii. [18] ; lxxxix. [16] ; 2 Ch. vi. 33.) ” — The Imperial Bible-Dictionary, vol. I, p. 856, 857.
Le premier couple humain le connaissait. Ce n’est pas à Moïse que le nom Jéhovah fut révélé en premier, car le premier homme le connaissait certainement. Le nom figure la première fois dans le récit divin en Genèse 2:4, à la suite de la relation des actes de création de Dieu, et il identifie le Créateur des cieux et de la terre à “ Jéhovah Dieu ”. Il est raisonnable de penser que c’est Jéhovah Dieu qui fit connaître à Adam ce récit de la création. La Genèse ne le précise pas, mais elle ne dit pas non plus explicitement que Jéhovah expliqua à Adam qui se réveillait d’où venait Ève. Pourtant, les paroles d’Adam quand il accueillit Ève montrent qu’on lui avait indiqué de quelle façon Dieu l’avait formée, à partir de son corps (Gn 2:21-23). Jéhovah et son fils humain eurent sans aucun doute de nombreuses conversations dont le court récit de la Genèse ne fait pas mention.
Ève est le premier humain dont il est précisément dit qu’il employa le nom divin (Gn 4:1). Elle avait manifestement eu connaissance de ce nom par Adam, son mari et chef, qui lui avait aussi fait part du commandement de Dieu concernant l’arbre de la connaissance du bon et du mauvais (encore qu’une fois de plus le récit ne spécifie pas que c’est Adam qui l’en informa). — Gn 2:16, 17 ; 3:2, 3.
Ainsi que l’explique l’article ÉNOSH, lorsqu’on commença du temps d’Énosh, petit-fils d’Adam, “ d’invoquer le nom de Jéhovah ”, ce ne fut sans doute pas avec foi ni d’une manière approuvée de Dieu. En effet, entre Abel et Noé, on lit seulement au sujet de Hénok (à ne pas confondre avec Énosh) le fils de Yared qu’il ‘ marchait avec le vrai Dieu ’ dans la foi (Gn 4:26 ; 5:18, 22-24 ; Hé 11:4-7). Par l’intermédiaire de Noé et de sa famille, le nom divin se perpétua après le déluge, après la dispersion des peuples à la tour de Babel, et fut transmis au patriarche Abraham et à ses descendants. — Gn 9:26 ; 12:7, 8.
La personne qui porte ce Nom. Jéhovah est le Créateur de toutes choses, la grande Cause Première ; il est donc incréé, sans commencement (Ré 4:11). “ Par le nombre ses années sont inscrutables. ” (Jb 36:26). Il est impossible de lui donner un âge, car il n’existe pas de point de départ à partir duquel compter. Bien que sans âge, il est à juste titre appelé “ l’Ancien des jours ”, puisque son existence remonte sans fin dans le passé (Dn 7:9, 13). Il est aussi sans fin dans les temps à venir (Ré 10:6), puisqu’il est incorruptible, non sujet à la mort. C’est pourquoi il est appelé le “ Roi d’éternité ” (1Tm 1:17), pour qui mille ans sont comme une veille de quelques heures pendant la nuit. — Ps 90:2, 4 ; Jr 10:10 ; Hab 1:12 ; Ré 15:3.
Jéhovah, qui est éternel, est cependant en tout premier lieu un Dieu historique, qui s’identifie à des époques, des lieux, des personnes et des événements précis. Dans ses rapports avec les humains, il a agi selon un calendrier défini (Gn 15:13, 16 ; 17:21 ; Ex 12:6-12 ; Ga 4:4). Parce que son existence éternelle est indéniable et la réalité la plus fondamentale de l’univers, il a juré par elle dans des serments, disant : “ Aussi vrai que je suis vivant ”, garantissant par là l’absolue fiabilité de ses promesses et de ses prophéties (Jr 22:24 ; Tse 2:9 ; Nb 14:21, 28 ; Is 49:18). Des hommes prêtèrent également serment en jurant sur la réalité de l’existence de Jéhovah (Jg 8:19 ; Ru 3:13). Seuls les insensés disent : “ Il n’y a pas de Jéhovah. ” — Ps 14:1 ; 10:4.
Descriptions de sa présence. Parce qu’il est un Esprit qu’il n’est pas au pouvoir des hommes de voir (Jn 4:24), toute description de son aspect dans des termes humains ne donne qu’une vague idée de sa gloire incomparable (Is 40:25, 26). Sans avoir réellement vu leur Créateur (Jn 1:18), certains de ses serviteurs reçurent des visions inspirées de ses cours célestes. La description qu’ils font de sa présence reflète non seulement une grande dignité et une majesté impressionnante, mais aussi la sérénité, l’ordre, la beauté et le charme. — Ex 24:9-11 ; Is 6:1 ; Éz 1:26-28 ; Dn 7:9 ; Ré 4:1-3 ; voir aussi Ps 96:4-6.
On note que ces descriptions recourent à des métaphores et à des rapprochements, comparant l’aspect de Jéhovah à des choses connues des humains : les pierres précieuses, le feu, l’arc-en-ciel. Il est même décrit comme s’il avait certaines caractéristiques humaines. Certains spécialistes accordent beaucoup d’importance à ce qu’ils appellent les expressions anthropomorphiques qu’on rencontre dans la Bible, comme les références aux “ yeux ”, aux “ oreilles ”, à la “ face ” (1P 3:12), au “ bras ” (Éz 20:33), à la “ [main] droite ” (Ex 15:6) de Dieu, etc. Il est cependant manifeste que de telles expressions sont nécessaires pour mettre la description à la portée de l’humain. Si Jéhovah Dieu nous fournissait une description de sa personne en des termes propres aux esprits, cela équivaudrait à exposer des équations algébriques complexes à quelqu’un ne possédant que les rudiments des mathématiques, ou à essayer d’expliquer les couleurs à un aveugle de naissance. — Jb 37:23, 24.
Ce qu’on appelle les anthropomorphismes ne doivent en conséquence jamais être pris au sens littéral, pas plus que lorsque Dieu est appelé par métaphore un “ soleil ”, un “ bouclier ” ou un “ Rocher ”. (Ps 84:11 ; Dt 32:4, 31.) Contrairement aux humains, Jéhovah n’a pas besoin de rayons de lumière pour voir (Gn 16:13), et il peut observer des actes accomplis dans l’obscurité la plus totale (Ps 139:1, 7-12 ; Hé 4:13). Il peut embrasser toute la terre de son regard (Pr 15:3) et observer sans équipement spécial l’embryon qui se développe dans le ventre d’une mère (Ps 139:15, 16). Son ouïe n’est pas non plus dépendante d’ondes sonores se propageant dans une atmosphère, car il peut “ entendre ” des pensées qu’un homme émet silencieusement en son cœur (Ps 19:14). L’homme est déjà incapable de mesurer l’immense univers physique ; or, les cieux physiques n’englobent ni ne contiennent le lieu où Dieu réside, bien moins encore est-ce le cas d’une maison ou d’un temple sur la terre (1R 8:27 ; Ps 148:13). Par Moïse, Jéhovah a clairement interdit à la nation d’Israël de faire une image le représentant sous la forme d’un homme ou d’une quelconque créature (Dt 4:15-18). Si, selon le récit de Luc, Jésus disait expulser des démons “ par le moyen du doigt de Dieu ”, celui de Matthieu montre que Jésus entendait par là “ l’esprit de Dieu ”, sa force agissante. — Lc 11:20 ; Mt 12:28 ; comparer Jr 27:5 avec Gn 1:2.