Ikhawi a écrit:Unicité désigne surtout le caractère unique de Dieu, alors que trinité cherche déjà à exprimer que la transcendance n'est pas incompatible avec l'immanence. Ce que je tentais de dire, c'est qu'il n'est pas rare que le terme de "trinité" soit ignoré des fidèles, qui ne raisonnent pas en terme d'hypostases ou de nature divine, mais d'avantage en terme de relation à Dieu.
Si ce que vous présentez derrière cette unicité est intéressant, il serait néanmoins surprenant que Jésus ait eu une conception si proche du néo-platonisme.
Le soufisme reste à mes yeux une voie noble, et je prends toujours plaisir à en lire des écrits. Cependant, il semble que cela soit assez controversé dans le monde musulman, non ?
Dieu, nous sommes en total accord, est à la fois immanent et transcendant. Il englobe toute chose, tout en étant au-delà de toute chose. Donc, notre seule échelle vers Dieu, c'est Dieu Lui-même c'est a dire ses révélations.Le Coran dit en ce sens
:« A Allah seul appartiennent l'Est et l'Ouest. Où que vous vous tourniez, la Face d'Allah est donc là, car Allah a la grâce immense ; Il est Omniscient. » (2:115) Seulement l'immanence de l'Amour que Dieu porte au monde n’est perceptible qu'aux yeux purifiés d'ou la quête incessante de nos âmes....
Le Coran affirme effectivement avec beaucoup de détermination que Jésus est une création de Dieu, ni dieu, ni demi-dieu, ni fils de Dieu, ni une cohabitation entre une nature divine et une autre humaine. Donner à Jésus une de ces attributions est une contre-vérité, une grave erreur qui entache l'unicité de Dieu et compromet le monothéisme absolu. Jésus est donc un prophète, créature de Dieu, certes noble et vénérable.
Le vrai sens des théophanies en Islam c’est justement qu'on ne peut jamais voir Dieu, et qu'on ne peut saisir que ses manifestations dans le monde des phénomènes. Durant cette vie, seuls les êtres d'élection, les prophètes et les hommes doués de dévoilement en ont conscience, parce qu'ils ont franchi la limite qui sépare ce monde de l'autre..
C'est en ce sens que "Dieu avec nous" et "Dieu qui nous a sauvé" que l'on attribue au Seigneur Jésus ne forment en aucune façon la divinité proprement dite. Ce sont des états de Dieu qui se manifestent dans sa création. Et en ce point nous sommes parfaitement en accord que l'avènement de notre seigneur Jésus est conforme avec ces deux états divins mais en aucune façon une incarnation. L'incarnation c'est la personne divine elle même dans son essence qui prend forme humaine et dans ces deux cas bien précis ce sont des décrets divins de présence et protection de l'humanité.Dans le Soufisme la transcendance divine est plus que cela puisque l'amoureux de Dieu se fond en son amour. Il n'y en a plus qu'un et un seul, et la plus grande souffrance du disciple serait de se voir ou de se reconnaître a l'extérieur de son Amour...Malheureusement, les chrétiens font de notre cher et Amour Christ l'égal de Dieu en sa nature et en son essence. Ce n'est plus l'effet de l'amour qui efface mais une simple composition de la divinité.
A sa forme la plus dépouillée LE SOUFI use plutôt d'intention et de détermination de se fondre dans la Vérité par les moyens de l'Amour et de la dévotion. La plongée de son âme lui permet de renouer le contact avec le divin, et par là, avec l’éternité. Le fait même d’effacer son ego permet à sa conscience de s’ouvrir, et d’être de nouveau irradiée par les Lumières divines. Un verset coranique dit expressément
« Je suis plus proche de vous que votre artère jugulaire » .
Le soufisme est donc l'école de la connaissance de la Vérité par une prise de conscience réelle du coeur et de l'esprit a travers l'illumination intérieure; et non par l'intermédiaire de théories et de raisonnements philosophiques ou rationnels.
« Lorsque tu te connais, ton ego illusoire t'est enlevé et tu n'es plus, alors "seule reste la face d'Allah! "..Le Soufisme est donc le voyage intérieur pour se rapprocher d'Allah, ressentir Sa Présence et se fondre dans Son Amour. C'est cela toute la difficulté qui obligent les tenants de l'orthodoxie de ne point comprendre la portée infinie de cette science divine.