On ne peut pas aimer un personnage biblique. Quand on nous dit qu'il faut aimer les prophètes, nous ne les avons pas connus, nous ne savons même pas s'ils ont existé. En plus de ça l'église catholique et les milieux universitaires protestants s'accordent à dire que les évangiles ne parlent pas du Jésus historique, et que ce dernier n'a pas d'intérêt.
Dans la crucifixion il s'agit de voir Jésus comme témoin (martyr) de la réalité divine inconnu de tout temps aux hommes, le Père. Le sacrifice dans son sens étymologique c'est rendre sacré, dédier son existence au témoignage de Dieu qui unit tout (et non sacrifier des bêtes pour apaiser la colère divine).
"Pilate lui dit: Tu es donc roi? Jésus répondit: Tu le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix." (Jean 18:37)
"Jésus donc leur dit: Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous connaîtrez ce que je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je parle selon ce que le Père m'a enseigné". (Jean 8:28)
Il ne s'agit au passage pas de posséder la vérité pour être dans la vérité comme le voudraient les philosophes et la science, mais d'être possédé par la vérité.
Les prophètes ne l'ont pas connus, ils ont juste connu le Verbe qu'ils ont seulement aperçu de façon atténuée par des visions énigmatiques :
"Car je vous dis que beaucoup de prophètes et de rois ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l'ont pas entendu" (Luc 10.24)
"Toutes choses m'ont été données par mon Père, et personne ne connaît le Fils, si ce n'est le Père; personne non plus ne connaît le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler." (Matthieu 11:27)
Le Christianisme n'est pas monothéiste, mais plutôt moniste/non-dualiste. Dans le contexte judaïque de son époque Jésus est confronté à une vision dualiste de Dieu qui est séparé du monde et lui est totalement étranger. Ses déclarations comme "Fils de Dieu" ou "Je suis dans le Père et le Père est en moi", voir "Il n'est pas le Dieu des morts,. mais des vivants." Luc (20, 38) sont autant d'indices qui mettent à mal le modèle dualiste idéel du monothéisme Pharisien.
Dieu est pour partie dans le monde et pour partie hors du monde. Et le monde est pour partie en Dieu, et pour partie en dehors de lui. Une variante peut être le panenthéisme : le monde est totalement à l'intérieur de Dieu mais Dieu est plus que le monde.
La Trinité est parfois vu de la façon suivante : le Père est Dieu en dehors de la création, le Fils est la création son commencement et sa fin, et le Saint-Esprit unis les deux.
Le soufisme est également un monisme ontologique me semble t'il. On ressens la réalité comme dualiste, mais c'est que nous n'en sommes qu'une partie et que notre égo créé cette illusion sans quoi tout est Un et tout est appelé à devenir l'Un. Jean 17 lu à la lumière du monisme interpelle assez.
Le salut c'est cette participation à la nature divine qui est une, la déification de l'homme, sans quoi il reste dans la condition de créature et retourne à la poussière. Pour y parvenir, on avance par sacralisation du réel, donner du sens à tout ce qui se passe à tous les niveaux, y mettre Dieu au centre. Le jugement dernier est l'illustration parfaite de la séparation entre Dieu et la création. Il reprend ce qu'il a donné, et si la création n'a pas formée de réceptacle/de Temple, ou ne s'est pas prédisposée à adhérer définitivement à lui comme une écorce à un arbre, celle-ci se condamne à l'auto-destruction. Elle ne s'est pas positionnée dans le projet divin.
Mais quelqu'un qui adhère de tout son être à Dieu, ne vient pas en jugement et a la vie éternelle.