jeanpierre a écrit:L'Evangéliste Jean nous dit : Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.
Bonsoir jeanpierre,
Dans la TMN, Jean 1:1 se lit ainsi: "Au commencement la Parole était, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était un dieu." Certes, il n'y a pas d'article indéfini (correspondant à "un") dans le texte grec original. Mais cela ne signifie pas qu'on doive s'en abstenir à la traduction, car la koinè, ou grec commun, ne possédait pas d'article indéfini. Tout au long des Écritures grecques chrétiennes, les traducteurs sont donc obligés d'utiliser ou de ne pas utiliser l'article indéfini, selon la compréhension qu'ils ont du texte. On trouve l'article indéfini des centaines de fois dans toutes les traductions françaises des Écritures grecques; mais la plupart ne l'utilisent pas en Jean 1:1. Pourtant, il existe de bonnes raisons de l'utiliser dans la traduction de ce texte.
Il faut avant tout remarquer que le texte lui-même montre que la Parole était "avec Dieu", donc qu'elle ne pouvait pas être Dieu, à savoir le Dieu Tout-Puissant, Jéhovah le Père. (Voir aussi le v. 1:2, qui serait inutile si le v. 1:1 montrait effectivement que la Parole était Dieu.) De plus, il est significatif que le mot utilisé pour "dieu" (grec: théos) la deuxième fois qu'il apparaît dans le verset soit dépourvu de l'article défini "le" (grec: ho). À ce sujet, dans un commentaire sur l'Évangile de Jean (chapitres 1-6), Ernst Haenchen a écrit :
"À l'époque, θεóς [théos] et ό θεóς [ho théos] ('dieu, divin' et 'le Dieu') ne désignaient pas la même chose.[...] En fait, pour [...] l'évangéliste, seul le Père était ό θεóς ['le Dieu'] (cf. 17:3); 'le Fils' lui est subordonné (cf. 14:28). Mais cela n'est que suggéré ici, parce que précisément l'accent doit être mis sur leurs relations étroites.[...] Dans le monothéisme juif et chrétien, il était tout à fait possible de parler d'êtres divins existant aux côtés et sous l'autorité de Dieu, tout en étant distincts de lui. Phil 2:6-10 le prouve. Dans ce texte, Paul présente justement comme un être divin celui qui devint l'homme Jésus Christ [...]. Par conséquent, ici comme en Jean 1:1, il n'est pas question d'une relation dialectique deux-en-un, mais de l'union de deux personnes distinctes."- Das Johannesevangelium, Tübingen, 1980, p.116.
Après avoir donné une traduction de Jean 1:1c, "et Dieu (par nature) était le Logos", E. Haenchen explique: "Ici, ην ([ên, était]) est simplement attributif. Le nom attribut doit donc être étudié plus attentivement: θεóς [théos] n'est pas la même chose que ό θεóς [ho théos] ('divin' n'est pas la même chose que 'Dieu')." (P.118).
Donnant des précisions sur cette question, Philip Harner a fait ressortir que la construction grammaticale de Jean 1:1 implique un attribut sans article, à savoir un nom attribut sans l'article défini "le", précédant le verbe, construction qui est essentiellement adjective et qui indique que "le logos a la nature de théos". Il a ajouté: "En Jean 1:1 je crois que la valeur adjective de l'attribut est si évidente qu'on ne peut considérer le nom [théos] comme défini."(Journal of Biblical Literature, 1973, p.85,87). D'autres traducteurs, reconnaissant également que le terme grec a une valeur adjective et désigne la nature de la Parole, traduisent la phrase ainsi: "Le Verbe était un être divin."- Ce; voir aussi SO.
Tout au long de leurs pages, les Écritures hébraïques montrent clairement qu'il y a un seul Dieu Incréé, Tout-Puissant, le Créateur de toutes choses, le Très-Haut, dont le nom est Jéhovah, ou Yahweh en hébreux (Genèse 17:1; Isaïe 45:18; Psaume 83:18). C'est pourquoi Moïse put dire à la nation d'Israël: "Jéhovah notre Dieu est un seul Jéhovah. Tu dois aimer Jéhovah ton Dieu de tout ton coeur, et de toute ton âme, et de toute ta force vitale."(Deutéronome 6:4,5).
Les Écritures grecques chrétiennes ne contredirent pas cet enseignement qui était accepté par les serviteurs de Dieu et auquel ils croyaient depuis des millénaires, mais au contraire, elles l'appuyèrent (Marc 12:29; Romains 3:29,30; 1Corinthiens 8:6; Éphésiens 4:4-6; 1Timothée 2:5). Jésus lui-même déclara: "Le Père est plus grand que moi." Par ailleurs, il parla du Père comme de son Dieu, "le seul vrai Dieu".(Jean 14:28; 17:3; 20:17; Marc 15:34; Révélation 1:1; 3:12.) À maintes occasions, Jésus exprima son infériorité et sa subordination vis-à-vis de son Père (Matthieu 4:9,10; 20:23; Luc 22:41,42; Jean 5:19; 8:42; 13:16). Même après l'ascension de Jésus, ses apôtres continuèrent à présenter la même image.- 1Corinthiens 11:3; 15:20,24-28; 1Pierre 1:3; 1Jean 2:1; 4:9,10.
Ces faits donnent un appui solide à une traduction de Jean 1:1 du style de celle-ci: "La Parole était un dieu." La prééminence de la Parole parmi les créatures de Dieu, à savoir sa position de Premier-né (celui par l'intermédiaire de qui Dieu créa toutes choses) et de Porte-parole de Dieu, apporte un argument réel pour que le Fils de Dieu soit appelé "un dieu", ou puissant. La prophétie messianique d'Isaïe 9:6 prédisait qu'il serait appelé "Dieu fort", sans être pour autant le Dieu Tout-Puissant, et qu'il serait le "Père éternel" de tous ceux qui auraient le bonheur de vivre sous sa domination. Le zèle de son propre Père, "Jéhovah des armées", accomplirait cela (Isaïe 9:7). Si l'Adversaire de Dieu, Satan le Diable, est appelé un "dieu" parce qu'il domine sur les hommes et sur les démons, à combien plus forte raison convient-il que le Fils premier-né de Dieu soit appelé "un dieu", "le dieu unique-engendré", comme dans les manuscrits les plus fiables de Jean (1:18) !