Auteur : Gustave Le Bon (1884)
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Lorsque nous étudierons les conquêtes des Arabes, et tâcherons de mettre en relief les causes qui ont détermine leur succès, nous verrons que la force ne fut pour rien dans la propagation du Coran, car les Arabes laissèrent toujours les vaincus libres de conserver leur religion 1. Si des peuples chrétiens se convertirent à la religion de leurs vainqueurs et finirent par adopter leur langue, ce fut surtout parce que ces nouveaux conquérants se montrèrent plus équitables pour eux que ne l'avaient été leurs anciens maîtres, et parce que leur religion était d'une plus grande simplicité que celle qu'on leur avait enseignée jusqu'alors. S'il est un fait bien prouve par l'histoire, c'est qu'une religion ne s'impose jamais par la force. Lorsque les Arabes d'Espagne ont été vaincus par les chrétiens, ils ont préféré se laisser tuer et expulser jusqu'au dernier plutôt que de changer de culte.
Loin donc d'avoir été imposé par la force, le Coran ne s'est répandu que par la persuasion. Il est évident d'ailleurs que la persuasion seule pouvait amener les peuples qui ont vaincu plus tard les Arabes, comme les Turcs et les Mongols, à l'adopter.Dans l'Inde, où les Arabes n'ont fait en réalité que passer, le Coran s'est tellement répandu qu'il compte aujourd'hui plus de cinquante millions de sectateurs. Leur nombre s'élève chaque jour ; et, bien que les Anglais soient aujourd'hui les souverains du pays, bien qu'ils y entretiennent une véritable armée de missionnaires destinés à convertir au christianisme les mahométans, on ne connaît pas un seul exemple authentique de conversion ayant couronné leurs efforts.
La diffusion du Coran en Chine n'a pas été moins considérable. Nous verrons dans un autre chapitre combien la propagande de l'islamisme y a été rapide. Bien que les Arabes n'aient jamais conquis la moindre parcelle du Céleste Empire les mahométans y forment aujourd'hui une population de plus de vingt millions d'individus.
à ceux qui ne voulaient pas la recevoir de rester attachés aux principes de leur culte. (Robertson,Histoire de Charles-Quint.).Le Coran, qui commande de combattre la religion avec l'épée, est tolérant pour les religieux. Il a exempté de l'impôt les patriarches, les moines et leurs serviteurs. Muhamud-sws- défendit spécialement à ses lieutenants de tuer les moines, parce que ce sont des hommes de prière. Quand Omar s'empara de Jérusalem, il ne fit aucun mai aux chrétiens. Quand les croisés se rendirent maîtres de la ville sainte, ils massacrèrent sans pitié les musulmans et brûlèrent les juifs. (Michaud, Histoire des Croisades.)
Il est triste pour les nations chrétiennes que la tolérance religieuse, qui est la grande loi decharité de peuple à peuple, leur ait été enseignée par les musulmans. C'est un acte de religion que de respecter la croyance d'autrui et de ne pas employer la violence pour imposer une croyance.(L'abbé Michou, Voyage religieux en Orient.)