Bonjour à tous.
En lisant il y a peu, très tranquillement, l'orientaliste Henri Lammens sur l'historicité de la sirah, une interrogation m'est venue.
Nous savons que d'après cet auteur, la base historique de la biographie du prophète est constituée par le seul Coran, ou plutôt par des gloses exégétiques, voire des légendes apocryphes développées ou supputées à partir de celui-ci. Celle-ci ne possède donc dans son optique aucune valeur historique intrinsèque.
En abordant l’historicité des renseignements que la Tradition véhicule concernant les batailles du prophète, il affirme qu'elles sont pures spéculations ou reprises coraniques. Ainsi, nombre d'éléments de la Tradition sont copiés ou déduits du Coran (l’aveu d’ibn ‘Auf sur la dépendance coranique est ici très claire), mais peu importe.
Henri Lammens écrit : « Comme à Ohod, où il prononça l’oraison funèbre de ses compagnons tombés, le Prophète a dû consacrer à la journée de Badr une sourate complète, véritable chant de triomphe. De ce dithyrambe, il subsiste seulement des fragments, bizarrement emmêlés dans la huitième sourate à des développements disparates. En s’aidant de ces débris, maladroitement complétés, la Tradition s’est efforcée, mais sans succès, de composer un récit acceptable de la bataille de Badr, le Tolbiac de l’islam. On peut seulement constater l’impossibilité de reconstituer l’ensemble de ce fait militaire avec des données incohérentes. » (cf LAMMENS Henri, « Qoran et tradition. Comment fut composé la vie de Mahomet », in Revue des Rercherches de Science Religieuse, 1910, p. 39).
Nous savons que la chronologie du Coran est importante pour l’ensemble de la Tradition musulmane, et ce notamment pour les questions juridiques du fiqh. Dans l’introduction de chaque sourate est indiquée dans la plupart des éditions arabes si elle est makkiyya ou madaniyya. On trouve des listes chronologiques de sourates chez différentes autorités (al-Suyuti, al Ya’qubi, ibn al-Nadim, etc) mais elles sont contradictoires : et certains en présentent même plusieurs (notamment Suyuti). Ma question sera ici claire : comment expliquer que le Coran ait été compilé dans le désordre ? Comment expliquer le désordre, non seulement chronologique mais également thématique ? Un événement tel que la bataille de Badr est présent non seulement dans plusieurs sourates, mais même en une seule à différents intervalles : les versets ne se suivent pas toujours ! Sans parler des versets mecquois qui apparaissent dans des sourates réputées médinoises ou vice versa, comme l'exégèse coranique le reconnaît elle-même.
Faut-il comprendre que les compilateurs du Livre n'avaient plus aucune idée de l'ordre de la révélation que l'on peut supposer sensé ? Si oui, comment est-ce possible puisque selon la légende islamique, le Coran était censé être connue par coeur ? Comment expliquer ce désordre chronologique et thématique interne ?
En lisant il y a peu, très tranquillement, l'orientaliste Henri Lammens sur l'historicité de la sirah, une interrogation m'est venue.
Nous savons que d'après cet auteur, la base historique de la biographie du prophète est constituée par le seul Coran, ou plutôt par des gloses exégétiques, voire des légendes apocryphes développées ou supputées à partir de celui-ci. Celle-ci ne possède donc dans son optique aucune valeur historique intrinsèque.
En abordant l’historicité des renseignements que la Tradition véhicule concernant les batailles du prophète, il affirme qu'elles sont pures spéculations ou reprises coraniques. Ainsi, nombre d'éléments de la Tradition sont copiés ou déduits du Coran (l’aveu d’ibn ‘Auf sur la dépendance coranique est ici très claire), mais peu importe.
Henri Lammens écrit : « Comme à Ohod, où il prononça l’oraison funèbre de ses compagnons tombés, le Prophète a dû consacrer à la journée de Badr une sourate complète, véritable chant de triomphe. De ce dithyrambe, il subsiste seulement des fragments, bizarrement emmêlés dans la huitième sourate à des développements disparates. En s’aidant de ces débris, maladroitement complétés, la Tradition s’est efforcée, mais sans succès, de composer un récit acceptable de la bataille de Badr, le Tolbiac de l’islam. On peut seulement constater l’impossibilité de reconstituer l’ensemble de ce fait militaire avec des données incohérentes. » (cf LAMMENS Henri, « Qoran et tradition. Comment fut composé la vie de Mahomet », in Revue des Rercherches de Science Religieuse, 1910, p. 39).
Nous savons que la chronologie du Coran est importante pour l’ensemble de la Tradition musulmane, et ce notamment pour les questions juridiques du fiqh. Dans l’introduction de chaque sourate est indiquée dans la plupart des éditions arabes si elle est makkiyya ou madaniyya. On trouve des listes chronologiques de sourates chez différentes autorités (al-Suyuti, al Ya’qubi, ibn al-Nadim, etc) mais elles sont contradictoires : et certains en présentent même plusieurs (notamment Suyuti). Ma question sera ici claire : comment expliquer que le Coran ait été compilé dans le désordre ? Comment expliquer le désordre, non seulement chronologique mais également thématique ? Un événement tel que la bataille de Badr est présent non seulement dans plusieurs sourates, mais même en une seule à différents intervalles : les versets ne se suivent pas toujours ! Sans parler des versets mecquois qui apparaissent dans des sourates réputées médinoises ou vice versa, comme l'exégèse coranique le reconnaît elle-même.
Faut-il comprendre que les compilateurs du Livre n'avaient plus aucune idée de l'ordre de la révélation que l'on peut supposer sensé ? Si oui, comment est-ce possible puisque selon la légende islamique, le Coran était censé être connue par coeur ? Comment expliquer ce désordre chronologique et thématique interne ?