Edmond77 a écrit:Bonjour à tous,
Je viens de lire les nombreux commentaires et reste
interloqué de voir les tentatives désespérées à vouloir absolument faire entrer
la doctrine de la trinité dans la Bible. Sans vouloir blesser personne, pourquoi
tant d’efforts à tordre les textes dans tous les sens ?
Abba Pachôme fondateur du monachisme au IVe siècle disait à ses moines du désert d'Egypte : "Je vous assure devant Dieu et son Christ, qu'un seul psaume suffit à nous sauver, si nous le comprennons et l'observons".
Je pense que si cette croyance de la Babylone antique était un élément
essentiel du christianisme, sans aucun doute le Dieu tout puissant l’aurait
fait savoir, soyons en sûr.
L'idée de ce Dieu tout puissant qui interviendrait pour confirmer des doctrines ne colle pas avec la réalité. Il faut se rendre à l'évidence que Dieu n'existe pas, dire le contraire c'est finalement l’idolâtrer. Le mystère est au niveau de Dieu. Un juif orthodoxe pourrait vous dire qu'il n'a que faire de l'existence de Dieu mais qu'il a confiance en la Torah. Ce qu'on appel Dieu survient de façon insaisissable si nous sommes fidèles à son appel à devenir nous même, au-delà de nos limites actuelles. L'homme a une responsabilité, et les doctrines servent avant tout à l'atteinte de cette déification par union avec lui. (2 Pierre 1.3-4)
La trinité est critiquable, mais dire qu'elle n'a rien à faire là et qu'on est persuadé que c'est du paganisme, c'est afficher clairement qu'on est pas dans cet l'optique là. Sur le plan théorique la distance qui sépare les concepts de l'esprit est de l'ordre de l'infini. On est loin de rendre compte de la réalité avec cette doctrine. Cependant parce-que l'expérience de Dieu dépasse toute saisie de la pensée rationnelle, la Trinité prend un sens particulier dans cette dynamique là.
Si quelqu'un ne voit pas que Dieu est à la fois transcendant, présent au milieux d'une assemblée, et intérieur à lui, il ne peut pas dire qu'il fait l'expérience apostolique de la foi chrétienne, et ni même de la foi juive. Dans l'AT, Dieu habite au milieu de son peuple, et il est également le Très-Haut. Il est aussi celui qui envoi sa parole pour qu'elle accomplisse ses desseins et qu'elle pénètre le cœur de ses serviteurs pour qu'ils suivent ses commandements.
Expliquer la trinité n'a pas vraiment d’intérêt au final si c'est pour s'arrêter au raisonnement métaphysique. Grégoire de Nazianze, un docteur de l'église assez important disait à ce sujet :
"Je n'ai pas commencé de penser à l'Unité que la Trinité me baigne dans sa splendeur. Je n'ai pas commencé de penser à la Trinité que l'Unité me ressaisit. Lorsqu'un des Trois se présente à moi, je pense que c'est le tout, tant mon œil est rempli, tant le surplus m'échappe; car dans mon Esprit trop borné pour comprendre un seul, il ne reste plus de place à donner au surplus. Lorsque j'unis les Trois dans une même pensée, je vois un seul flambeau, sans pouvoir diviser ou analyser la lumière unifiée."
Au final il n'y a jamais qu'une seule divinité qui est en mouvement, et qui peut nous mettre en mouvement à notre tour.
Jésus et ses apôtres restent muets sur la question.
Pourtant Jésus témoigne bien de la transcendance de Dieu en levant les yeux vers le Père, dit également qu'il demeure en lui, et sent sortir de lui une puissance quand une femme vient à le toucher dans la foule et il démontre également la puissance du Père à plusieurs reprises. Tout ça est bien dans le sens de base des écritures. Mais apparemment ça dérange de considérer que le divin est à la fois la source, la lumière et la puissance.
Pourtant il est indéniable que dans la Bible, Jésus et les apôtres sont en relation avec ces 3 façons de survenir du divin, et qu'un chrétien l'est également. Et qui dit relation, dit hypostase divine. Donc Dieu le fait bien savoir ici. Il n'y a besoin à aucun moment d'en faire une doctrine jusqu'a ce que la philosophie grecque change le divin en un Dieu un absolu. Ce concept est plus incompatible encore que la Trinité puisque la notion d'absolu en elle-même est étrangère de la Bible. L'un est une simplification absolue d'une diversité initiale, au lieu d'être une unité par convergences des paradoxes/contraires, comme on le trouve dans la pensée judaïque. Tout ça s'oppose entièrement à "Moi et le Père nous sommes un". Car selon ces postulats philosophiques, ce que dit Jésus ne peut être vrai que si le Père est le Tout impersonnel des gnostiques. C'est le pas que certains franchiront.
Je fais partie d’une vieille famille catholique de prêtres,
dont un était théologien et je suis triste de devoir dire de la religion de mes
pères, que les plus grands cerveaux catholiques, les experts en matière d’histoiredogmatique ainsi que de nombreux (pour ne pas dire tous) théologiens admettent que pour trouver une croyance sans réserve à la trinité, il faut quitter la période du christianisme primitif et se placer dans le dernier quart du quatrième siècle.
Les conciles se déroulent dans un contexte de pensée grecque qui a la particularité de toujours vouloir tout nommer, caractériser, disséquer, contrairement aux hébreux qui ne se posent pas de questions. C'est surtout ça qui m'éloigne de la Trinité, car je tiens particulièrement à cette démarche qui est plus intuitive qu'intellectuelle. Mais elle n'est pas nonplus présente dans les discours anti-trinitaires qu'on rencontre le plus souvent. En l'absence d'alternative sérieuse, je fais donc l'apologie de la trinité.