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LE LIVRE DES SECRETS DE JEAN
(NH II, 1 ; IV, 1) Traduction de Bernard Barc
Ceci est l’enseignement du Sauveur et la révélation des mystères qui sont cachés dans le silence et de ceux qu’ il avait enseignés à Jean son disciple. Il arriva, pendant l’un de ces jours de fête où Jean, frère de Jacques, — ce sont les fils de Zébédée — était monté à Jérusalem, qu’il monta au Temple. Un pha]risien nommé Arimanios s’approcha de lui et lui dit : « Où est ton Maître, celui que tu suivais ? » Je lui dis : « Il est retourné dans le lieu d’où il était venu. » Le pharisien me dit : « par tromperie il vous a trompés ce Nazôréen et il a empli vos oreilles de mensonges et il a fermé vos cœurs et vous a détournés des tradi[tions de vos pères Lorsque j’entendis ces propos, moi, Jean, je me détournai du Temple . . . . . . . . . . . . . . . . . Et je fus très affligé [ . . . . . . . . . . ] . . . : « Comment le Sauveur a-t-il été mandaté ? Et pourquoi a-t-il été envoyé dans le monde par son Père ? Et qui est son père qui l’a envoyé ? Et de quelle nature est cet éon [ . . . . . . . . . . . . ] En effet quel [ . . . . . . . . . nous a dit que cet éon . . . . . . . . . . a reçu la figure de l’éon incorruptible mais ne nous a pas enseigné de quelle nature était celui-ci. À cet instant, alors que je pensais à ces choses, voici que les cieux s’ouvrirent . . . . . . . devint lumineuse toute la création qui se trouve en dessous des cieux et que le monde fut ébranlé. J’eus peur . . . . . . . je vis dans la lumière un homme qui se tenait debout auprès de moi. Alors que je le voyais il devint semblable à un être grand puis il changea son apparence devenant semblable à un serviteur . . [. . . . . . . .] devant moi. C’était une image ayant de multiples formes dans la lumière dont les aspects se manifestaient mutuellement et dont l’aspect avait une triple forme.) [Il] me dit : « Jean, Jean, pourquoi doutes-tu ? Pourquoi as-tu peur ? Ne sois pas étranger à cette apparence, c’est-à-dire ne sois pas pusillanime. Je suis avec vous en tout temps. Je suis le Père, je suis la Mère, je suis le Fils. Je suis sans souillure et sans mélange. Maintenant je suis venu pour t’instruire de ce qui est, de ce qui a été et de ce qui doit advenir, afin que tu connaisses les choses non-manifestées comme les choses manifestées et que je t’instruise au sujet de la génération inébranlable de l’Homme parfait. « Maintenant [ . . . . . . . . . . . . . . . . . afin ] que tu reçoives ce que je t’enseignerai aujourd’hui et que tu le présentes à ceux qui partagent le même Esprit que toi, eux qui font partie de la race inébranlable de l’Homme parfait. » [Alors moi, j’interrogeai afin de comprendre cela. Il me dit : « La monade est une monarchie que rien ne domine ; elle est le Dieu et Père de toute chose, l’Invisible qui domine sur toute chose lui qui est dans l’Incorruptibilité, établi dans la lumière pure qu’aucun œil ne peut regarder. Il est l’Esprit invisible. « Il n’est pas convenable de le concevoir comme on conçoit les dieux ou en des termes similaires. Il est en effet plus qu’un dieu car nul n’existe au-dessus de lui, car nul ne le domine. « Il n’existe pas non plus en quelque chose qui lui soit inférieur, puisque tout existe en lui seul. Il est éternel puisqu’il n’a pas besoin de quoi que ce soit, car il est absolument parfait. Il ne manque de quoi que ce soit qui puisse le rendre plus parfait. Il est [au contraire] totalement parfait en tout temps dans la lumière. « Il est illimité, car nul n’existe avant lui pour le limiter. Il est indistinct, car nul n’existe avant lui pour lui [imposer une distinction. Il est incommensurable, car nul n’a existé avant lui pour le mesurer. Il est invisible, car nul ne l’a vu. Il est éternel, existant éternellement. Il est indicible, car nul ne peut l’appréhender afin de le dire. Il est innommable, car nul n’existe avant lui pour lui donner un nom. « Il est une lumière incommensurable, sans mélange, sainte et pure. Il est l’indicible, parfait dans son incorruptibilité. « Il n’est ni perfection, ni béatitude, ni divinité, mais il est [supérieur] (à ces notions). Il n’est ni corporel ni incorporel, ni grand ni petit. [Il n’existe pas de moyen qui permette de dire qu’il est une quantité ou une [ . . . . . ]. « Nul ne peut en effet le penser, car il ne fait pas partie de ceux qui existent, mais leur est bien supérieur, non du fait de sa supériorité, mais en lui-même. « Il ne fait pas partie des éons, ni du temps, car si quelqu’un fait partie d’un éon c’est que d’autres ont préparé cet éon antérieurement pour lui. Il n’a pas été soumis à une division temporelle puisqu’il n’a rien reçu d’un autre. Ce que l’on reçoit est un emprunt (fait à un autre), or celui qui est premier n’existe pas de façon à recevoir de lui-même. « Il se regarde lui-[même] dans sa lumière. [ . . . . . . . . ] il est (la) grandeur. Il est un être d’une incommensurable [pu]reté. (Il est éon, dispensateur d’éon, vie, dispensateur de vie, [bien]heureux, dispensateur de béatitude, connaissance, dispensateur de connaissance, bien, dispensateur de bonté, miséricordieux, dispensateur de miséricorde et de salut, grâce, dispensateur de grâce, non parce qu’il possède mais parce qu’il donne. Il est [la lumière] incommensurable et incorruptible. « [Comment parlerais-je de lui [avec toi ? « Son Éon est incorruptible, en quiétude et se reposant en silence, lui qui est préexistant à toute chose. Il est en effet la tête de tous les Éons et c’est lui qui leur donne consistance par sa bonté. Nous, nous ne connaissons de ces choses incompréhensibles ni ne comprenons de ces choses incommensurables que ce qui a été révélé par lui, le Père. C’est lui seul qui nous a parlé. Lui l’Esprit se regarde lui-même dans sa propre lumière qui l’entoure, c’est-à-dire la source d’eau vive, et il produit tous les éons. En toute forme, il conçoit sa propre image en la voyant dans la source de l’Esprit, en exprimant sa volonté par l’eau lumineuse qui se trouve dans la source de l’eau de lumière pure qui l’entoure. « Alors sa Pensée devint une œuvre et apparut, s’étant manifestée devant lui dans le flamboiement de sa lumière. Elle est la première puissance celle qui a existé avant tous ceux qu’elle a manifestés par sa pensée. « Elle est la Pronoia de toutes choses, la lumière qui illumine, l’image de la lumière de l’Esprit . « Elle est la Puissance parfaite qui est l’image de l’invisible Esprit virginal et parfait. Elle est la première] puissance, la glorieuse Barbélô, gloire parfaite dans les éons, gloire de la manifestation. Elle rendit gloire à l’Esprit virginal et le loua car c’est de lui qu’elle avait été manifestée. « Elle qui est la première Pensée, 5 l’image de cet Esprit, elle fut la matrice de tout car elle existe avant eux tous. Elle est la Mère-Père, l’Homme primordial, l’Esprit Saint, le triple mâle, la triple puissance, le triple nom androgyne, l’Éon éternel parmi les éons invisibles et la première à être sortie. « Elle Pronoia demanda à l’invisible Esprit virginal, qui est Barbélô, que lui soit donnée la prescience. Et l’Esprit fit un signe d’assentiment. Lorsqu’il eut fait un signe d’assentiment, Prescience apparut et se tint auprès de Pronoia, — celle qui provient de la Pensée de l’invisible Esprit virginal — rendant gloire à cet Esprit et à sa puissance parfaite Barbélô par qui elle est venue à l’existence. « Et à nouveau, Pronoia demanda que lui soit donnée l’incorruptibilité. Et l’Esprit fit un signe d’assentiment. De par son signe d’assentiment, Incorruptibilité se révéla, se tint avec Ennoia et Prescience, rendant gloire à cet invisible Esprit et à Barbélô, celle par [l’intervention] de qui elles étaient venues à l’existence. « Barbélô demanda alors que lui soit donnée la vie éternelle et l’invisible Esprit fit un signe d’assentiment. Alors, du fait de son signe d’assentiment, Vie éternelle se révéla et, se tenant toutes debout, elles rendirent gloire à l’invisible Esprit ainsi qu’à Barbélô, celle par l’intervention de qui] elles étaient venues à l’existence. « Et elle demanda encore que lui soit donnée la vérité. Et l’invisible Esprit ayant fait un signe d’assentiment, Vérité se révéla. Alors elles se tirent (toutes) debout et rendirent gloire à l’Esprit invisible et accueillant et à sa Barbélô par l’intervention de qui Vérité était venue à l’existence. « Telle est la pentade des éons du Père, qui s’identifie à l’Homme primordial, image de l’Invisible Esprit qu’est Pronoia, c’est-à-dire Barbélô, pentade composée d’Ennoia ainsi que de Prescience, d’Incorruptibilité, de Vie-éternelle et de Vérité. Telle est la pentade des éons androgynes qui constitue la décade des éons, c’est-à-dire le Père.) « Et l’Esprit regarda vers Barbélô, par le biais de la lumière pure qui entoure l’invisible Esprit et dans son flamboiement. Et elle conçut de lui et il donna naissance à une étincelle de lumière, à l’image de la lumière bienheureuse, mais ne lui étant pas égale en grandeur. « C’est le Monogène de la Mére-Père que le Père a manifesté, lui qui est son unique rejeton, le Monogène du Père, la lumière pure. « Alors l’invisible Esprit virginal se réjouit de ce que la lumière était venue à l’existence, de ce qu’elle avait commencé à être manifestée par la première puissance, sa Pronoia, Barbélô. Et il oignit ce Monogène de sa Bonté/Messianité pour qu’il devienne parfait, pour qu’il n’ait aucune déficience de Bonté/Messianité puisqu’il a été oint de la Bonté/Messianité de l’invisible Esprit. Et le Monogène se tint en présence de l’Esprit pendant que celui-ci versait sur lui sa bonté. Et aussitôt qu’il eut reçu de l’Esprit cette bonté, il rendit gloire à l’Esprit Saint et à la Pronoia parfaite par qui il avait été manifesté. « Et le Monogène demanda que lui soit donné un partenaire, l’intellect. L’invisible Esprit fit un signe d’assentiment et, lorsqu’il eut fait un signe d’assentiment, Intellect se manifesta et se tint auprès du bon/Christ, glorifiant celui-ci ainsi que Barbélô. « Toutes les œuvres qui précèdent ont été produites en silence et par la Pensée. « Alors le Christ 5 voulut, par la parole de l’invisible Esprit, créer une œuvre. Et sa Volonté devint une œuvre et se manifesta avec Intellect et la lumière, le glorifiant. Et la parole suivit Volonté, car c’est par la parole que le Christ, le Dieu autogène, a créé toute chose. « Quant à Vie-éternelle et Volonté d’une part et Intellect et Prescience d’autre part, ils se tinrent là glorifiant l’invisible Esprit et Barbélô, car c’est d’elle qu’ils sont issus. « L’Esprit Saint conféra donc la perfection au Dieu autogène, qui est son Fils et celui de Barbélô, pour qu’il se tienne en présence du grand et invisible Esprit virginal, lui le Dieu autogène, le Christ, lui qui a été honoré d’une voix forte. Il a été manifesté par Pronoia. « Et l’invisible Esprit virginal a établi le Dieu autogène véritable sur toute chose. et il lui a soumis toute autorité, ainsi que la vérité qui est en lui, afin qu’il pense toute chose, lui qui a été nommé d’un nom qui est au-dessus de tout nom. Ce nom en effet ne sera dit qu’à ceux qui en sont dignes. « C’est en effet de la lumière qu’est le Christ et d’Incorruptibilité, par le don de l’Esprit, que les quatre luminaires proviennent du Dieu autogène. L’Esprit les a désignés pour assister le Fils . « La triade est composée de Volonté, Ennoia et Vie. « La quadruple puissance, quant à elle, est composée de Compréhension, Grâce, Perception et Intelligence. « Grâce est auprès de l’éon du luminaire Armozel, qui est le premier ange. Avec cet éon d’Armozel se trouvent trois autres éons : Grâce, Vérité, et Forme. Le deuxième luminaire, Oriael, est celui qui a été établi sur le deuxième éon. Avec lui sont trois autres éons : Épinoia, Perception et Mémoire. Le troisième luminaire est Daveïthaï, celui qui a été établi sur le troisième éon. Avec lui se trouvent trois autres éons : Compréhension, Amour et Apparence. Quant au quatrième éon, il a été établi sur le quatrième luminaire, Éléleth. Avec lui se trouvent trois autres éons : Perfection, Paix et Sagesse. « Tels sont les quatre luminaires qui assistent le Dieu autogène. Tels sont les douze éons qui assistent le Fils, le grand Christ autogène, par la volonté et le don de l’Esprit invisible. Ces douze éons appartiennent au Fils autogène et c’est par la volonté de l’Esprit Saint que toutes choses ont été établies par l’Autogène. « C’est de la Prescience de l’Intellect parfait, par la manifestation de la volonté de l’invisible Esprit ainsi que la volonté de l’Autogène, que proviennent l’Homme parfait, premier manifesté, et la Vérité. C’est lui que l’Esprit virginal a nommé : Pigéra-Adamas. L’Esprit l’établit sur le premier éon avec le grand Christ autogène, auprès du premier luminaire Armozel et des puissances qui sont avec lui. Et l’invisible Esprit lui donna une puissance intellectuelle invincible et il parla. « Il glorifia et bénit l’invisible Esprit en disant : « C’est à cause de toi que tout a existé et tout retournera vers toi. Je te bénirai donc et te glorifierai, toi, ainsi que l’Autogène et les éons, toi qui es Triade, Père, Mère, Fils, Puissance parfaite. « Et l’Homme parfait installa son fils Seth sur le deuxième éon près du deuxième luminaire Oroïel. Dans le troisième éon fut ensuite installée la semence de Seth près du troisième luminaire Daveïthaï. Là furent installées les âmes des saints. Dans le quatrième éon enfin furent installées les âmes de ceux qui sont ignorants du plérôme et n’ont pas été prompts à se repentir mais sont restés temporairement dans cet état puis se sont repentis.
LE LIVRE DES SECRETS DE JEAN
(NH II, 1 ; IV, 1) Traduction de Bernard Barc
Ceci est l’enseignement du Sauveur et la révélation des mystères qui sont cachés dans le silence et de ceux qu’ il avait enseignés à Jean son disciple. Il arriva, pendant l’un de ces jours de fête où Jean, frère de Jacques, — ce sont les fils de Zébédée — était monté à Jérusalem, qu’il monta au Temple. Un pha]risien nommé Arimanios s’approcha de lui et lui dit : « Où est ton Maître, celui que tu suivais ? » Je lui dis : « Il est retourné dans le lieu d’où il était venu. » Le pharisien me dit : « par tromperie il vous a trompés ce Nazôréen et il a empli vos oreilles de mensonges et il a fermé vos cœurs et vous a détournés des tradi[tions de vos pères Lorsque j’entendis ces propos, moi, Jean, je me détournai du Temple . . . . . . . . . . . . . . . . . Et je fus très affligé [ . . . . . . . . . . ] . . . : « Comment le Sauveur a-t-il été mandaté ? Et pourquoi a-t-il été envoyé dans le monde par son Père ? Et qui est son père qui l’a envoyé ? Et de quelle nature est cet éon [ . . . . . . . . . . . . ] En effet quel [ . . . . . . . . . nous a dit que cet éon . . . . . . . . . . a reçu la figure de l’éon incorruptible mais ne nous a pas enseigné de quelle nature était celui-ci. À cet instant, alors que je pensais à ces choses, voici que les cieux s’ouvrirent . . . . . . . devint lumineuse toute la création qui se trouve en dessous des cieux et que le monde fut ébranlé. J’eus peur . . . . . . . je vis dans la lumière un homme qui se tenait debout auprès de moi. Alors que je le voyais il devint semblable à un être grand puis il changea son apparence devenant semblable à un serviteur . . [. . . . . . . .] devant moi. C’était une image ayant de multiples formes dans la lumière dont les aspects se manifestaient mutuellement et dont l’aspect avait une triple forme.) [Il] me dit : « Jean, Jean, pourquoi doutes-tu ? Pourquoi as-tu peur ? Ne sois pas étranger à cette apparence, c’est-à-dire ne sois pas pusillanime. Je suis avec vous en tout temps. Je suis le Père, je suis la Mère, je suis le Fils. Je suis sans souillure et sans mélange. Maintenant je suis venu pour t’instruire de ce qui est, de ce qui a été et de ce qui doit advenir, afin que tu connaisses les choses non-manifestées comme les choses manifestées et que je t’instruise au sujet de la génération inébranlable de l’Homme parfait. « Maintenant [ . . . . . . . . . . . . . . . . . afin ] que tu reçoives ce que je t’enseignerai aujourd’hui et que tu le présentes à ceux qui partagent le même Esprit que toi, eux qui font partie de la race inébranlable de l’Homme parfait. » [Alors moi, j’interrogeai afin de comprendre cela. Il me dit : « La monade est une monarchie que rien ne domine ; elle est le Dieu et Père de toute chose, l’Invisible qui domine sur toute chose lui qui est dans l’Incorruptibilité, établi dans la lumière pure qu’aucun œil ne peut regarder. Il est l’Esprit invisible. « Il n’est pas convenable de le concevoir comme on conçoit les dieux ou en des termes similaires. Il est en effet plus qu’un dieu car nul n’existe au-dessus de lui, car nul ne le domine. « Il n’existe pas non plus en quelque chose qui lui soit inférieur, puisque tout existe en lui seul. Il est éternel puisqu’il n’a pas besoin de quoi que ce soit, car il est absolument parfait. Il ne manque de quoi que ce soit qui puisse le rendre plus parfait. Il est [au contraire] totalement parfait en tout temps dans la lumière. « Il est illimité, car nul n’existe avant lui pour le limiter. Il est indistinct, car nul n’existe avant lui pour lui [imposer une distinction. Il est incommensurable, car nul n’a existé avant lui pour le mesurer. Il est invisible, car nul ne l’a vu. Il est éternel, existant éternellement. Il est indicible, car nul ne peut l’appréhender afin de le dire. Il est innommable, car nul n’existe avant lui pour lui donner un nom. « Il est une lumière incommensurable, sans mélange, sainte et pure. Il est l’indicible, parfait dans son incorruptibilité. « Il n’est ni perfection, ni béatitude, ni divinité, mais il est [supérieur] (à ces notions). Il n’est ni corporel ni incorporel, ni grand ni petit. [Il n’existe pas de moyen qui permette de dire qu’il est une quantité ou une [ . . . . . ]. « Nul ne peut en effet le penser, car il ne fait pas partie de ceux qui existent, mais leur est bien supérieur, non du fait de sa supériorité, mais en lui-même. « Il ne fait pas partie des éons, ni du temps, car si quelqu’un fait partie d’un éon c’est que d’autres ont préparé cet éon antérieurement pour lui. Il n’a pas été soumis à une division temporelle puisqu’il n’a rien reçu d’un autre. Ce que l’on reçoit est un emprunt (fait à un autre), or celui qui est premier n’existe pas de façon à recevoir de lui-même. « Il se regarde lui-[même] dans sa lumière. [ . . . . . . . . ] il est (la) grandeur. Il est un être d’une incommensurable [pu]reté. (Il est éon, dispensateur d’éon, vie, dispensateur de vie, [bien]heureux, dispensateur de béatitude, connaissance, dispensateur de connaissance, bien, dispensateur de bonté, miséricordieux, dispensateur de miséricorde et de salut, grâce, dispensateur de grâce, non parce qu’il possède mais parce qu’il donne. Il est [la lumière] incommensurable et incorruptible. « [Comment parlerais-je de lui [avec toi ? « Son Éon est incorruptible, en quiétude et se reposant en silence, lui qui est préexistant à toute chose. Il est en effet la tête de tous les Éons et c’est lui qui leur donne consistance par sa bonté. Nous, nous ne connaissons de ces choses incompréhensibles ni ne comprenons de ces choses incommensurables que ce qui a été révélé par lui, le Père. C’est lui seul qui nous a parlé. Lui l’Esprit se regarde lui-même dans sa propre lumière qui l’entoure, c’est-à-dire la source d’eau vive, et il produit tous les éons. En toute forme, il conçoit sa propre image en la voyant dans la source de l’Esprit, en exprimant sa volonté par l’eau lumineuse qui se trouve dans la source de l’eau de lumière pure qui l’entoure. « Alors sa Pensée devint une œuvre et apparut, s’étant manifestée devant lui dans le flamboiement de sa lumière. Elle est la première puissance celle qui a existé avant tous ceux qu’elle a manifestés par sa pensée. « Elle est la Pronoia de toutes choses, la lumière qui illumine, l’image de la lumière de l’Esprit . « Elle est la Puissance parfaite qui est l’image de l’invisible Esprit virginal et parfait. Elle est la première] puissance, la glorieuse Barbélô, gloire parfaite dans les éons, gloire de la manifestation. Elle rendit gloire à l’Esprit virginal et le loua car c’est de lui qu’elle avait été manifestée. « Elle qui est la première Pensée, 5 l’image de cet Esprit, elle fut la matrice de tout car elle existe avant eux tous. Elle est la Mère-Père, l’Homme primordial, l’Esprit Saint, le triple mâle, la triple puissance, le triple nom androgyne, l’Éon éternel parmi les éons invisibles et la première à être sortie. « Elle Pronoia demanda à l’invisible Esprit virginal, qui est Barbélô, que lui soit donnée la prescience. Et l’Esprit fit un signe d’assentiment. Lorsqu’il eut fait un signe d’assentiment, Prescience apparut et se tint auprès de Pronoia, — celle qui provient de la Pensée de l’invisible Esprit virginal — rendant gloire à cet Esprit et à sa puissance parfaite Barbélô par qui elle est venue à l’existence. « Et à nouveau, Pronoia demanda que lui soit donnée l’incorruptibilité. Et l’Esprit fit un signe d’assentiment. De par son signe d’assentiment, Incorruptibilité se révéla, se tint avec Ennoia et Prescience, rendant gloire à cet invisible Esprit et à Barbélô, celle par [l’intervention] de qui elles étaient venues à l’existence. « Barbélô demanda alors que lui soit donnée la vie éternelle et l’invisible Esprit fit un signe d’assentiment. Alors, du fait de son signe d’assentiment, Vie éternelle se révéla et, se tenant toutes debout, elles rendirent gloire à l’invisible Esprit ainsi qu’à Barbélô, celle par l’intervention de qui] elles étaient venues à l’existence. « Et elle demanda encore que lui soit donnée la vérité. Et l’invisible Esprit ayant fait un signe d’assentiment, Vérité se révéla. Alors elles se tirent (toutes) debout et rendirent gloire à l’Esprit invisible et accueillant et à sa Barbélô par l’intervention de qui Vérité était venue à l’existence. « Telle est la pentade des éons du Père, qui s’identifie à l’Homme primordial, image de l’Invisible Esprit qu’est Pronoia, c’est-à-dire Barbélô, pentade composée d’Ennoia ainsi que de Prescience, d’Incorruptibilité, de Vie-éternelle et de Vérité. Telle est la pentade des éons androgynes qui constitue la décade des éons, c’est-à-dire le Père.) « Et l’Esprit regarda vers Barbélô, par le biais de la lumière pure qui entoure l’invisible Esprit et dans son flamboiement. Et elle conçut de lui et il donna naissance à une étincelle de lumière, à l’image de la lumière bienheureuse, mais ne lui étant pas égale en grandeur. « C’est le Monogène de la Mére-Père que le Père a manifesté, lui qui est son unique rejeton, le Monogène du Père, la lumière pure. « Alors l’invisible Esprit virginal se réjouit de ce que la lumière était venue à l’existence, de ce qu’elle avait commencé à être manifestée par la première puissance, sa Pronoia, Barbélô. Et il oignit ce Monogène de sa Bonté/Messianité pour qu’il devienne parfait, pour qu’il n’ait aucune déficience de Bonté/Messianité puisqu’il a été oint de la Bonté/Messianité de l’invisible Esprit. Et le Monogène se tint en présence de l’Esprit pendant que celui-ci versait sur lui sa bonté. Et aussitôt qu’il eut reçu de l’Esprit cette bonté, il rendit gloire à l’Esprit Saint et à la Pronoia parfaite par qui il avait été manifesté. « Et le Monogène demanda que lui soit donné un partenaire, l’intellect. L’invisible Esprit fit un signe d’assentiment et, lorsqu’il eut fait un signe d’assentiment, Intellect se manifesta et se tint auprès du bon/Christ, glorifiant celui-ci ainsi que Barbélô. « Toutes les œuvres qui précèdent ont été produites en silence et par la Pensée. « Alors le Christ 5 voulut, par la parole de l’invisible Esprit, créer une œuvre. Et sa Volonté devint une œuvre et se manifesta avec Intellect et la lumière, le glorifiant. Et la parole suivit Volonté, car c’est par la parole que le Christ, le Dieu autogène, a créé toute chose. « Quant à Vie-éternelle et Volonté d’une part et Intellect et Prescience d’autre part, ils se tinrent là glorifiant l’invisible Esprit et Barbélô, car c’est d’elle qu’ils sont issus. « L’Esprit Saint conféra donc la perfection au Dieu autogène, qui est son Fils et celui de Barbélô, pour qu’il se tienne en présence du grand et invisible Esprit virginal, lui le Dieu autogène, le Christ, lui qui a été honoré d’une voix forte. Il a été manifesté par Pronoia. « Et l’invisible Esprit virginal a établi le Dieu autogène véritable sur toute chose. et il lui a soumis toute autorité, ainsi que la vérité qui est en lui, afin qu’il pense toute chose, lui qui a été nommé d’un nom qui est au-dessus de tout nom. Ce nom en effet ne sera dit qu’à ceux qui en sont dignes. « C’est en effet de la lumière qu’est le Christ et d’Incorruptibilité, par le don de l’Esprit, que les quatre luminaires proviennent du Dieu autogène. L’Esprit les a désignés pour assister le Fils . « La triade est composée de Volonté, Ennoia et Vie. « La quadruple puissance, quant à elle, est composée de Compréhension, Grâce, Perception et Intelligence. « Grâce est auprès de l’éon du luminaire Armozel, qui est le premier ange. Avec cet éon d’Armozel se trouvent trois autres éons : Grâce, Vérité, et Forme. Le deuxième luminaire, Oriael, est celui qui a été établi sur le deuxième éon. Avec lui sont trois autres éons : Épinoia, Perception et Mémoire. Le troisième luminaire est Daveïthaï, celui qui a été établi sur le troisième éon. Avec lui se trouvent trois autres éons : Compréhension, Amour et Apparence. Quant au quatrième éon, il a été établi sur le quatrième luminaire, Éléleth. Avec lui se trouvent trois autres éons : Perfection, Paix et Sagesse. « Tels sont les quatre luminaires qui assistent le Dieu autogène. Tels sont les douze éons qui assistent le Fils, le grand Christ autogène, par la volonté et le don de l’Esprit invisible. Ces douze éons appartiennent au Fils autogène et c’est par la volonté de l’Esprit Saint que toutes choses ont été établies par l’Autogène. « C’est de la Prescience de l’Intellect parfait, par la manifestation de la volonté de l’invisible Esprit ainsi que la volonté de l’Autogène, que proviennent l’Homme parfait, premier manifesté, et la Vérité. C’est lui que l’Esprit virginal a nommé : Pigéra-Adamas. L’Esprit l’établit sur le premier éon avec le grand Christ autogène, auprès du premier luminaire Armozel et des puissances qui sont avec lui. Et l’invisible Esprit lui donna une puissance intellectuelle invincible et il parla. « Il glorifia et bénit l’invisible Esprit en disant : « C’est à cause de toi que tout a existé et tout retournera vers toi. Je te bénirai donc et te glorifierai, toi, ainsi que l’Autogène et les éons, toi qui es Triade, Père, Mère, Fils, Puissance parfaite. « Et l’Homme parfait installa son fils Seth sur le deuxième éon près du deuxième luminaire Oroïel. Dans le troisième éon fut ensuite installée la semence de Seth près du troisième luminaire Daveïthaï. Là furent installées les âmes des saints. Dans le quatrième éon enfin furent installées les âmes de ceux qui sont ignorants du plérôme et n’ont pas été prompts à se repentir mais sont restés temporairement dans cet état puis se sont repentis.