Manifestations hostiles au pouvoir en Egypte, inspirées de la Tunisie

Le pouvoir contesté du président Hosni Moubarak a averti mercredi que l'armée pourrait intervenir en cas de "chaos" en Egypte, au 16e jour d'une mobilisation populaire tenace marqué par des manifestations hostiles au Parlement et au gouvernement.

Le bras de fer se durcit entre la rue et le pouvoir égyptien. Omar Souleimane, n°2 du régime, ne veut pas entendre parler d'un départ immédiat du président Hosni Moubarak, dès lors, selon lui, que le régime s'est engagé dans un processus de transition constitutionnelle. Il a prévenu que l'occupation de la fameuse place Tahrir au Caire, transformée en camp retranché par les manifestants, « ne pourrait pas être tolérée très longtemps ». Il a mis en garde les contestataires contre un « coup » (de force) en cas d'échec du dialogue avec l'opposition. Plus explicite, le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit a brandi la menace d'une intervention de l'armée en cas de « chaos ».

Le premier ministre égyptien a évoqué pour la première fois ce jeudi après-midi un éventuel départ du raïs.

Les choses semblent brusquement s'accélérer ce jeudi après-midi en Égypte. Le premier ministre égyptien Ahmed Chafik a déclaré à la BBC que le président Hosni Moubarak pourrait démissionner. La situation sera rapidement clarifiée, a ajouté le chef du gouvernement, au 17e jour du soulèvement populaire pour réclamer le départ du raïs, au pouvoir depuis trente ans.

Le Premier ministre égyptien, Ahmed Chafic, a confirmé officiellement à la BBC que le départ du président était en discussion et que "la situation serait clarifiée rapidement". Hosni Moubarak pourrait transmettre rapidement, peut-être dès ce soir lors d'une allocution télévisée, ses pouvoirs à son vice-président, Omar Souleimane.

Le président Hosni Moubarak a annoncé jeudi qu'il déléguait ses pouvoirs au vice-président Omar Souleimane, dans une allocution prononcée alors que des dizaines de milliers de manifestants rassemblés sur la place Tahrir au Caire étaient survoltés à la suite d'intenses spéculations sur son départ imminent du pouvoir.
Dans cette intervention retransmise par la télévision égyptienne, Hosni Moubarak a assuré que "la transition du pouvoir va d'aujourd'hui à septembre" et ajouté qu'il n'accepterait "pas de diktats étrangers".

Ce soir, Hosni Moubarak s'est exprimé à la télévision : il ne va pas démissionner, mais va déléguer ses tâches exécutives au vice-président, Omar Souleimane. Le président égyptien va donc rester en poste jusqu'en septembre, contrairement à ce que la foule massée place Tahrir, au Caire, a espéré tout cet après-midi. Il a surtout dit qu'il n'acceptait pas "les diktats étrangers". "Je ne me présenterai pas aux élections présidentielles (...) dans le cadre d'une transaction pacifique, transparente et honnête", a-t-il dit.

Jeudi soir, juste après le discours d'Hosni Moubarak, les médias occidentaux interprétaient de manière différente les propos du président égyptien sur le transfert de ses pouvoirs à Omar Souleimane. Selon leur traduction de l'intervention du raïs, certains parlaient de transfert "des pouvoirs", sous-entendu de "tous les pouvoirs", d'autres précisaient qu'il s'agissait "de" pouvoirs, sous-entendu de "certains pouvoirs".

Le président Moubarak a quitté Le Caire avec sa famille, selon une source proche du gouvernement, confirmant une information de la chaîne Al-Arabiya. Quelques minutes avant, la même chaîne avait annoncé qu'Hosni Moubarak avait quitté l'Egypte, avant de rectifier.