Credo a écrit:Excuse moi mais je n'arrive pas à comprendre bien toujours ce que tu veux dire d'où mes déformations bien involontaires de ta pensée
Ce n'est rien.
Credo a écrit:Pour le Pasteur d'Hermas c'est Michel qui donne la Loi, peu étonnant puisque les juifs disent que la Loi leur a été donnée par les anges mais dit que la Loi c'est le Fils de Dieu. Donc pour moi il n'y a pas assimilation des deux dans ce passage. A moins qu'il y en ait un autre que j'ai sauté.
Dans la parabole des saules (8ème Similitude), l'ange glorieux (= le Verbe) est identifié à Michel.
Credo a écrit:Voici ce que dit St Augustin sur les Ebionites [...] Auparavant, dans son livre "Contre les Hérésies", Irénée de Lyon dit la même chose [...] Aussi je ne lis pas l'ombre d'un seul archange Michel = le Verbe là-dedans.Tout au moins en ce qui concerne les ébionites.
Credo a écrit:Cependant je n'ai pas trouvé le second livre d'Hénoch et j'aimerais bien, si tu l'as, que tu cites le passage en question, sachant qu'effectivement Hénoch rapporte tout aux anges. Testament de Daniel et et Tertullien je n'ai pas trouvé. Si aussi tu as ces passages....s'ils sont cités dans le livre...et ne sont pas trop longs à recopier...
"L'assimilation de Michel au Verbe n'est d'ailleurs pas propre à Hermas. Nous la retrouvons dans d'autres textes judéo-chrétiens, où nous saisissons encore mieux la christianisation maladroite du thème juif. Elle apparaît dans le Second Hénoch : "Le Seigneur de sa propre bouche m'appela : Courage, Hénoch, n'aie pas peur et tiens-toi devant ma face à jamais. Et Michel, le grand [...] archange (ou l'archistratège, selon certains mss.) du Seigneur, me releva et me conduisit devant la face du Seigneur. Et les Glorieux s'inclinèrent et dirent : Qu'il monte. Et le Seigneur dit à Michel : Prends Hénoch et dépouille-le des vêtements terrestres; et oins-le de la bonne huile; et revêts-le des vêtements de gloire" (XII, 11-16).
Deux traits nous permettent de voir ici une allusion au Verbe. Le premier est le rapprochement avec l'Ascension d'Isaïe, où nous avons une scène analogue. Mais c'est "le Seigneur", c'est-à-dire le Fils de Dieu, qui joue le rôle que tient Michel dans le Second Hénoch, c'est-à-dire celui de réconforter le visionnaire et de le conduire devant la face de Dieu (IX, 39). Par ailleurs, la description de Michel rappelle singulièrement celle du Fils de Dieu dans Hermas; il est appelé également "ange du Seigneur", "ange colossal", "Michel"; ses fonctions consistent également à introduire dans le lieu saint, qui est l'Eglise ou le Paradis, à donner les vêtements de gloire, à faire l'onction ou la sphragis. La principale différence est que, dans le Second Hénoch, la christianisation du thème juif est à un degré moins avancé.
Nous avons un exemple analogue dans le Testament de Dan [nota bene ; c'est bien le Testament de Dan, pas de Daniel comme je l'ai écrit plus avant]. L'auteur chrétien écrit : "Approchez-vous de Dieu et de l'ange qui intercède pour vous, car il est le médiateur entre Dieu et les hommes" (VI, 2). Or, comme le remarque de Jonge, nous rencontrons ailleurs dans les Testaments le thème de l'ange qui intercède pour Israël (Test. Lévi, V, 6). Et cet ange est évidemment Michel. Mais ici l'ange n'intercède plus seulement pour Israël. Il est "le médiateur entre Dieu et les hommes". Or ceci est une expression chrétienne, qui se retrouve dans I Tim., 2, 5. De plus l'ange ne défend pas Israël contre ses ennemis. Mais son combat est "contre le Royaume de l'Ennemi" (VI, 2). Il semble bien ici qu'il y ait également un passage du thème juif de Michel au thème chrétien du Verbe. Toutefois un texte de Qumrân présente déjà l'idée (DSW, XVII, 5-7).
Nous retrouvons une conception analogue dans le judéo-christianisme hétérodoxe des Ebionites. Déjà Tertullien dit d'eux : "Ils font de lui un simple homme, plus glorieux toutefois que les prophètes, en sorte qu'ils disent qu'un ange était en lui" (De carn. Christ., XIV, 5). Mais Epiphane va plus loin : "Ils nient que le Verbe soit engendré du Père, mais ils disent qu'il fut créé comme un des archanges et qu'il règne sur les anges et sur tout ce qui a été fait par le Tout-Puissant" (Panarion, XXX, 16). [...] Nous avons la forme hérétique de la pensée, celle qui réduit le Christ à être le premier des archanges, c'est-à-dire qui l'identifie à Michel. Mais toute différente était la conception d'Hermas, qui le définissait avec des termes empruntés aux spéculations juives sur Michel.
[...] Le développement de cette tradition par les ébionites et par la grande Eglise montre bien la différence des perspectives. Pour les premiers le Christ n'est qu'une nouvelle manifestation de l'ange d'Israël; pour la grande Eglise au contraire, le Christ est le Verbe de Dieu, quui dépossède tous les anges de leur fonction et unit toutes les nations sous son unique souveraineté. Tandis que, pour les Homélies [nota bene, un des écrits pseudo-clémentins s'appuyant sur un ancien traité ébionite, constituant l'une de nos rares et précieuses sources sur l'hérésie), l'ange qui a donné la Loi à Israël et qui est Michel reparaît dans le Christ, le Nouveau Testament opposera la Loi donnée par les Anges et l'Evangile donné par le Verbe."
Cf DANIELOU J., "Théologie du judéo-christianisme", Desclée, Tournai, 1958, pp. 175-77.