source :
http://www.maison-islam.com/articles/?p=228
Question :
Bonjour. J'ai lu dans les journaux que certains pays musulmans appliquaient la peine capitale pour les meurtriers. Après avoir effectué des recherches, je me suis aperçue que le Coran mentionne en effet cette peine, en tant que talion. Comment expliquez-vous la présence de cette peine dans le livre de l'islam alors que, à en croire vos articles, l'islam serait une religion belle et humaniste ? J'ai lu différents articles de votre site, mais je n'ai rien trouvé à ce sujet. Pourriez-vous me renseigner s'il vous plaît ?
-
Réponse :
Bonjour à vous.
Je voudrais tout d'abord souligner que je n'aborde ce point que parce que vous me questionnez à son sujet. Et si vous le faites, c'est parce que vous voulez comprendre un aspect du contenu du Coran qui vous trouble, comme peut-être d'autres personnes. Nous musulmans n'avons rien à cacher et c'est donc de bonne grâce que je vais humblement apporter des éléments de réponse.
Je voudrais également souligner que nous parlons bien de la présence d'un verset donné dans le Coran. La présence d'un verset et l'application de son contenu sont deux choses : l'application de cette catégorie de versets n'est ainsi pas possible en terre non-musulmane.
C'est vrai, le principe de la peine capitale pour le meurtrier est mentionné dans le texte du Coran (qui est, rappelons-le, explicité par les textes de la Sunna). Cependant, la peine capitale qu'évoquent le Coran et la Sunna n'a rien à voir avec celle qu'ont connue des pays européens dans le passé, ou que connaissent aujourd'hui encore les Etats-Unis.
D'après les textes des sources musulmanes eux-mêmes, cette peine est inapplicable au meurtrier si n'importe laquelle des quatre conditions suivantes est absente :
1) Que la famille de la victime réclame l'application de la peine capitale :
Ce point est souvent passé sous silence par ceux qui ont à cœur de critiquer l'islam, et pourtant il est essentiel. En effet, l'application de la peine capitale au meurtrier n'est pas systématique. La police et les tribunaux peuvent – et doivent – établir qui est le coupable. Mais l'application de la peine capitale sur celui-ci ne dépend pas de la volonté des policiers ou des juges, mais de celle des proches de la victime (sauf les cas où le meurtrier est muhârib a savoir qui me tue parceque je suis musulman, comme l'a rappelé Ibn Taymiyya : MF 28/310). Encore faut-il qu'en plus de cette demande de la part des proches de la victime, les trois autres conditions que nous allons voir soient présentes, sinon, la peine capitale n'est pas non plus applicable, le seul recours étant le paiement, par le meurtrier, d'un dédommagement (diya). Et au cas où ces trois conditions sont présentes mais que les proches de la victime ne demandent pas l'application du talion, c'est alors le tribunal qui peut condamner le meurtrier à une peine comme un emprisonnement, etc..
Le Coran, que vous avez cité dans votre question, dit : "Celui à qui son frère aura pardonné quelque chose, alors (on lui fera) une requête convenable [le paiement du dédommagement], et (il s'en) acquittera de bonne grâce. Ceci est un allègement et une miséricorde de la part de votre Seigneur…" (Coran 2/178).
Dans le même ordre d'idées, le Prophète a dit : "Celui dont (un proche) a été tué, ou celui qui a été blessé, a le choix entre trois possibilités : soit il demande la loi du talion, soit il pardonne, soit il prend le dédommagement financier (diya)…" (rapporté par Abû Dâoûd, n° 4496, une version voisine est rapportée par Ibn Mâja, n° 2623). Ces proches de la victime n'ont pas le droit de se faire justice eux-mêmes, et ils doivent donc porter plainte et préciser leur requête (talion ou dédommagement financier) auprès du tribunal compétent. Celui-ci établira les culpabilités et statuera en fonction à la fois de la requête et de la présence ou, au contraire, de l'absence des conditions suivantes.
2) Qu'il y ait des preuves irréfutables de la culpabilité :
Une simple présomption n'est pas suffisante pour établir la culpabilité. Celle-ci ne peut être établie que sur la base d'une preuve irréfutable ("bayyina"), par exemple un témoignage remplissant les stictes conditions voulues, ou l'ADN aujourd'hui, etc. (au sujet de ce qui constitue une "bayyina", se référer à l'ouvrage de Ibn ul-Qayyim, At-Turuq ul-hukmiyya). La présence d'indices réels mais insuffisants (par exemple lawth) fait - mais cela d'après un des avis existants entre les mujtahidûn - que le seul recours possible est non pas le talion mais le dédommagement financier (diya), par l'intermédiaire de la formule de la qassâma (selon une des interprétations de ce en quoi consiste cette dernière).
http://www.maison-islam.com/articles/?p=228
Question :
Bonjour. J'ai lu dans les journaux que certains pays musulmans appliquaient la peine capitale pour les meurtriers. Après avoir effectué des recherches, je me suis aperçue que le Coran mentionne en effet cette peine, en tant que talion. Comment expliquez-vous la présence de cette peine dans le livre de l'islam alors que, à en croire vos articles, l'islam serait une religion belle et humaniste ? J'ai lu différents articles de votre site, mais je n'ai rien trouvé à ce sujet. Pourriez-vous me renseigner s'il vous plaît ?
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Réponse :
Bonjour à vous.
Je voudrais tout d'abord souligner que je n'aborde ce point que parce que vous me questionnez à son sujet. Et si vous le faites, c'est parce que vous voulez comprendre un aspect du contenu du Coran qui vous trouble, comme peut-être d'autres personnes. Nous musulmans n'avons rien à cacher et c'est donc de bonne grâce que je vais humblement apporter des éléments de réponse.
Je voudrais également souligner que nous parlons bien de la présence d'un verset donné dans le Coran. La présence d'un verset et l'application de son contenu sont deux choses : l'application de cette catégorie de versets n'est ainsi pas possible en terre non-musulmane.
C'est vrai, le principe de la peine capitale pour le meurtrier est mentionné dans le texte du Coran (qui est, rappelons-le, explicité par les textes de la Sunna). Cependant, la peine capitale qu'évoquent le Coran et la Sunna n'a rien à voir avec celle qu'ont connue des pays européens dans le passé, ou que connaissent aujourd'hui encore les Etats-Unis.
D'après les textes des sources musulmanes eux-mêmes, cette peine est inapplicable au meurtrier si n'importe laquelle des quatre conditions suivantes est absente :
1) Que la famille de la victime réclame l'application de la peine capitale :
Ce point est souvent passé sous silence par ceux qui ont à cœur de critiquer l'islam, et pourtant il est essentiel. En effet, l'application de la peine capitale au meurtrier n'est pas systématique. La police et les tribunaux peuvent – et doivent – établir qui est le coupable. Mais l'application de la peine capitale sur celui-ci ne dépend pas de la volonté des policiers ou des juges, mais de celle des proches de la victime (sauf les cas où le meurtrier est muhârib a savoir qui me tue parceque je suis musulman, comme l'a rappelé Ibn Taymiyya : MF 28/310). Encore faut-il qu'en plus de cette demande de la part des proches de la victime, les trois autres conditions que nous allons voir soient présentes, sinon, la peine capitale n'est pas non plus applicable, le seul recours étant le paiement, par le meurtrier, d'un dédommagement (diya). Et au cas où ces trois conditions sont présentes mais que les proches de la victime ne demandent pas l'application du talion, c'est alors le tribunal qui peut condamner le meurtrier à une peine comme un emprisonnement, etc..
Le Coran, que vous avez cité dans votre question, dit : "Celui à qui son frère aura pardonné quelque chose, alors (on lui fera) une requête convenable [le paiement du dédommagement], et (il s'en) acquittera de bonne grâce. Ceci est un allègement et une miséricorde de la part de votre Seigneur…" (Coran 2/178).
Dans le même ordre d'idées, le Prophète a dit : "Celui dont (un proche) a été tué, ou celui qui a été blessé, a le choix entre trois possibilités : soit il demande la loi du talion, soit il pardonne, soit il prend le dédommagement financier (diya)…" (rapporté par Abû Dâoûd, n° 4496, une version voisine est rapportée par Ibn Mâja, n° 2623). Ces proches de la victime n'ont pas le droit de se faire justice eux-mêmes, et ils doivent donc porter plainte et préciser leur requête (talion ou dédommagement financier) auprès du tribunal compétent. Celui-ci établira les culpabilités et statuera en fonction à la fois de la requête et de la présence ou, au contraire, de l'absence des conditions suivantes.
2) Qu'il y ait des preuves irréfutables de la culpabilité :
Une simple présomption n'est pas suffisante pour établir la culpabilité. Celle-ci ne peut être établie que sur la base d'une preuve irréfutable ("bayyina"), par exemple un témoignage remplissant les stictes conditions voulues, ou l'ADN aujourd'hui, etc. (au sujet de ce qui constitue une "bayyina", se référer à l'ouvrage de Ibn ul-Qayyim, At-Turuq ul-hukmiyya). La présence d'indices réels mais insuffisants (par exemple lawth) fait - mais cela d'après un des avis existants entre les mujtahidûn - que le seul recours possible est non pas le talion mais le dédommagement financier (diya), par l'intermédiaire de la formule de la qassâma (selon une des interprétations de ce en quoi consiste cette dernière).