Le choix des mots et leurs topologies écrites ne sont que parties d’une facette représentative de la qualité rédactionnelle du Coran. En effet, des analyses plus techniques permettent de mettre en évidence l’harmonie et l’équilibre des expressions Coraniques. Par exemple les expressions :
« vie présente » et « vie future » reviennent chacune 115 fois dans le Coran,
« Les anges » « les démons » reviennent chacun 88 fois,
« La chaleur » « le froid » reviennent 4 fois, « la difficulté »
et « la patience » reviennent 102 fois,
« le bien » et « la récompense » reviennent 20 fois,
« L’amour » et « L’obéissance » reviennent 83 fois,
« La raison » et « La lumière » reviennent 49 fois et pour finir ces exemples,
« La langue » et « L’exhortation » reviennent chacune 25 fois.
L’abondance des exemples illustrant cette harmonie et cet équilibre linguistique du Coran exclue ipso facto l’éventualité d’un heureux hasard. Par conséquent, cet équilibre, cette harmonie sont voulus et préméditées.
Toutes ces caractéristiques ne laissent aucun choix au lecteur sinon celui de reconnaître que le Coran est une œuvre de la plus grande qualité littéraire. Cependant, ce n’est pas assez pour prouver son unicité et à fortiori son inimitabilité. En effet, toutes ces données nous permettent d’avancer raisonnablement que le Coran est une œuvre extraordinaire. Mais extraordinaire n’est pas synonyme d’inimitable. Pour prouver l’inimitabilité du Coran, il faut prouver son unicité puis prouver que cette unicité est issue d’une caractéristique hors de portée humaine. Pour ce faire, et pour conclure cette partie, citons cette caractéristique unique du Coran : le Coran s’est servi de 34 % (soit le tiers) des monèmes à trois lettres existant dans la langue arabe. Or il est prouvé que même l’élite des linguistes arabes n’arrive à en utiliser que 5% au maximum soit presque 7 fois moins que dans le Coran.
Harmonie, équilibre, minutie, rigueur, rectitude sont autant de qualificatifs que cette étude nous a permis d’attribuer légitimement au Coran. Hormis l’utilisation unique que le Coran fait des monèmes à trois lettres de la langue arabe, cette étude nous a donc permis de prouver que le Coran est une œuvre réfléchie, extraordinairement organisée, mais pas unique. Les plus incrédules ne se satisferont pas de la simple affirmation que le Coran utilise un tiers des monèmes à trois lettres de la langue arabe, langue qui leur est, souvent, inconnue. Cependant, cette étude linguistique nous a permis de prouver que le Coran est issu d’un esprit supérieur, d’une intelligence hors du commun faisant preuve d’une rigueur à toute épreuve dans la construction de ses phrases. Une autre question vient donc naturellement à l’esprit : comment cet Être, ô combien Savant, a-t-Il organisé son texte dans son ensemble ? Comment les Histoires sont-elles narrées dans le Coran ? Pour répondre à ces questions, il faut passer à l’échelle macroscopique de notre étude littéraire du Coran.
En pensant à la narration du Coran, je ne peux empêcher un souvenir d’étudiant de refaire surface. C’était en première année de lycée, en cours d’éducation civique. Comme ce cours avait lieu en parallèle avec le cours d’Histoire, le professeur en était venu à lier l’Islam et l’éducation civique en faisant une allusion à la charia qui, étant un mode de vie à la fois personnel et sociale, s’inscrit dans le registre du civique. C’est donc dans le cadre d’une discussion sur le droit du musulman que j’avais apporté un livre de ahadith pour appuyer telle ou telle affirmation. Après avoir cité un passage de ce livre, le professeur me dit à ma grande surprise « Très bien, c’est quel passage du Coran ? » et moi de me dire « Mais enfin … Ca n’a rien à voir. Le texte coranique n’a absolument rien en commun avec ce livre de ahadith. ».
Ce fut ma première prise de conscience du Coran en tant que texte narratif : le Coran ne ressemble absolument pas aux récits traditionnels sur le prophète . Plus tard, durant mon acheminement vers l’Islam je me rendit compte que ce début de réflexion que j’avais eu qui consistait à constater la différence nette entre un texte coranique et un recueil d’ahadith pouvait en fait s’appliquer à n’importe quel livre sur n’importe quel sujet : la narration dans le Coran, la mise en forme des idées, l’architecture des thèmes abordés sont uniques. Le Cheikh Ahmed Deedat dans son livre « Le Coran le miracle des miracles » met d’ailleurs admirablement l’accent sur cet aspect unique et convaincant de l’inimitabilité littéraire du Coran : lorsque l’on demande à un être humain de faire le récit d’une situation ou d’une histoire, des procédés psychologiques communs à tous les êtres humains se mettent en place : ainsi, l’individu, instinctivement et inconsciemment, va passer par une certaine structure, une certaine présentation temporelle et spatiale des choses. L’expérience corroborant la véracité ce phénomène est facile à mettre en œuvre : il suffit de demander à plusieurs personnes de narrer l’Histoire de Moïse. Tous les cas de figures sont envisageables mais l’expérience prouve qu’aucun ne sortira de ce cadre : présentation du contexte, narration de l’élément perturbateur, narration des péripéties, narration du dénouement. Quelque soit le niveau intellectuel de l’individu, sa confession ou sa maîtrise de la langue, il n’échappe jamais à ce squelette narratif immuable qui peut à peine être masqué par une éventuelle focalisation interne. Le résultat final, ressemblera schématiquement à ce qui suit :
« Moïse était un prophète vivant en Egypte à l’époque où Pharaon tenait le peuple hébreux en esclavage. Un jour Moïse, en défendant un de ses compatriotes, tua un égyptien et fut forcé de s’exiler pour éviter la peine de mort. Sur son chemin il rencontra des jeunes filles qu’il aida. Ces dernières pour le remercier le présentèrent à leur père, Shu’ayib, qui lui fit la proposition suivante :
« Travaille pour moi durant 7 ou 8 ans et je te permettrai de choisir une épouse parmi mes filles ». Ainsi Moïse travailla pour son futur beau père jusqu’au jour où, s’étant perdu durant son travail, il vit une lumière au loin … » … Et ainsi de suite jusqu’à la descente des dix commandements.
Cette expérience simple nous amène à une conclusion : qu’importe le nombre d’itérations de l’expérience, seule la forme du récit change et aucune ne déroge à la règle « contexte, élément perturbateur, péripéties, dénouement ».
Or lorsque l’on suit l’Histoire de Moïse dans le Coran, la narration de son Histoire ne rentre absolument pas dans ce schéma. L’Histoire de Moïse s’entrecroise avec les Histoires des autres prophètes, son récit n’est pas donné en un seul bloc mais petit à petit, parfois pour l’exemple, parfois pour l’instruction des croyants, parfois pour interpeller les gens du Livre. Le lecteur devra faire un travail d’assemblage rigoureux pour synthétiser l’Histoire coranique de Moïse en un chapitre condensé. Le but n’est pas ici de cerner la raison d’un tel schéma de narration mais de mettre en évidence le fait que ce schéma est unique en son genre : le Coran est en effet le seul Livre au monde à narrer l’Histoire de Moïse sans passer par une structure de type « contexte, élément perturbateur, péripéties, dénouement ».
Cet argument ne serait pas convaincant si seule l’Histoire de Moïse était sujette à ce phénomène, mais il se trouve que la totalité des sujets abordés par le Coran échappe à ce schéma narratif humain.
Outre la narration en elle-même, l’organisation thématique du texte défie toute comparaison avec les œuvres humaines. En effet, tout auteur, quelque soit le thème du livre, tendra inévitablement vers une structuration humainement logique des idées. En d’autres termes, il réunira toutes les idées liées entre elles via une organisation en chapitre ou en paragraphes. Par exemple, un historien découpera son livre d’Histoire en périodes, dans un ordre de préférence chronologique, allant de la préhistoire à l’époque contemporaine en se gardant bien d’inclure, par exemple, des évènements de la seconde guerre mondiale dans le chapitre du Moyen-âge. Or dans le Coran, ce rassemblement traditionnel des idées n’existe pas, il y’a certes des sourates qui portent une attention particulière à certains sujets comme la sourate an-nisa par exemple qui accorde une place notable aux femmes, mais quel humain aurait eu l’idée d’inclure un passage de l’Histoire de Moïse dans un « chapitre » nommé « Les femmes » ? L’Auteur du Coran en a eu l’idée : sourate an-nisa verset 153. Cet exemple illustre parfaitement le caractère unique du Coran dans son organisation.
L’unicité de la narration dans le Coran ainsi que l’unicité de la structuration des thèmes abordés sont donc démontrées. L’unicité étant une condition nécessaire mais non suffisante pour prouver l’inimitabilité d’une chose, il convient de compléter la réflexion en rappelant que, comme susmentionné, la narration et la structuration des thèmes dans le Coran sont uniques parce qu’elles défient tout cheminement psychologique humain. Aucun être humain n’a jamais produit d’œuvre similaire au Coran pour la simple raison que le texte Coranique bouleverse toute trame littéraire traditionnelle de par son atypisme. Ainsi, la structure du Coran échappe à la compréhension humaine. Le Coran est donc un texte unique en son genre et hors de la portée humaine. Toutes ces conditions forment donc un ensemble suffisant pour nous permettre, après cette analyse littéraire macroscopique du Coran, d’affirmer raisonnablement que le Coran est littérairement inimitable dans sa narration et sa structure.
Ce devoir nous a permis de faire la lumière sur trois caractéristiques du Coran qui prouvent son inimitabilité et même son origine divine :
• Premièrement, la narration des Histoires dans le Coran est unique au monde.
• Deuxièmement, le Coran a une structuration des thèmes qui défie toute logique humaine. Nous sommes donc face à un texte unique en son genre et dépassant la logique humaine et par conséquent la capacité humaine. En d’autres termes, nous sommes face à une œuvre inimitable. Cependant, un incrédule pourrait rétorquer « la manière de penser d’un fou dépasse toute logique humaine, je concède que le Coran est inimitable mais cette inimitabilité pourrait très bien n’être que le fruit d’un esprit dérangé ». C’est ici que la troisième caractéristique prend toute sa valeur :
• Le Coran est rigoureux dans la construction de ses phrases. Chaque mot a une place bien précise pour une raison bien précise, toutes les nuances sont prises en comptes même pour deux situations fondamentalement identiques, l’harmonie et l’équilibre dans le choix des mots est constatable numériquement et enfin, le Coran a une spécificité littéraire propre à la langue arabe à savoir qu’on y trouve 34% des radicaux à 3 caractères de la langue arabe et qu’il est prouvé que l’élite des linguistes arabes n’arrive qu’à en utiliser 5% au maximum dans leurs écrits soit presque 7 fois moins que dans le Coran. Or aucun fou au monde n’a été et ne sera capable d’une telle prouesse linguistique. L’hypothèse que les narrations et structurations thématiques atypiques du Coran soient le résultat d’un esprit dérangé ne tient donc pas l’épreuve de la logique.
En conclusion, nous pouvons donc, à l’issue de cette brève étude, établir indubitablement que le Coran est littérairement inimitable. Sa narration, sa structure thématique et ses constructions de phrases sont autant de preuves de son unicité, son inimitabilité et même son origine divine. Enfin pour clore ce devoir, j’aimerais citer un ami imam qui m’est très cher et qui m’a répondu en ce qui concerne l’inimitabilité du Coran : « A ceux qui prétendent fournir une œuvre similaire au Coran, demande-leur de fournir un Livre dénué de contradictions qui restera intact au cours de 14 siècles et qui réunira plus d’un milliard de fidèles autour de lui, le récitant et pleurant à son écoute ».
Et Allah sait mieux.
[17:88] Le voyage nocturne (Al-Isra) :
Dis : "Même si les hommes et les djinns s'unissaient pour produire quelque chose de semblable à ce Coran, ils ne sauraient produire rien de semblable, même s'ils se soutenaient les un les autres".
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