Ce n'était pas un saint
Louis IX, dit "Saint Louis"
"Il avait en abomination les juifs, odieux aux hommes comme à Dieu". Le jugement semble donc sans appel. Guillaume de Chartres et Joinville ont vécu de longues années dans l'entourage de Louis IX et leur témoignage, librement consenti et destiné à servir la cause du roi, paraît irréfutable. Il ne faut pourtant pas se laisser prendre : la réalité est beaucoup plus complexe que ces deux témoins n'en laissent voir. Relativement favorable dans les premiers siècles du Moyen Age, la situation des juifs en Occident tend à se dégrader à partir du XIIe sicèle. A cela deux raisons :
- Lancées à partir de la fin du XIe siècle, les croisades ont pour objectif la libération du tombeau du Christ. Dans l'atmosphère d'exaltation qui suit l'appel de Clermont (1095), l'amalgame est vite fait, pour certains croisés prêts à partir pour l'Orient, entre les musulmans qui occupent Jérusalem, et les juifs descendants des assassins du Christ. Des rumeurs ne tardent pas à courir : les juifs d'Occident sont accusés d'avoir demandé la destruction du Saint-Sépulcre ou de renseigner les musulmans sur les plans des croisés.
La première et la seconde croisade sont donc marquées par des pogroms spontanés, d'ailleurs désavoués par l'Eglise : avant le départ de l'armée de la seconde croisade (1147), saint Bernard prêche en personne contre les massacres dont les juifs sont les victimes en Rhénanie.
- La seconde raison tient à un tout autre phénomène : l'interdiction faite par l'Eglise aux chrétiens de la pratique de l'usure, c'est-à-dire du prêt à un taux jugé excessif. Les juifs, déjà investis dans les activités commerciales, deviennent alors les spécialistes du prêt d'argent, dans une société qui connaît au XIIe siècle un bel essor économique. Rendus à la fois indispensable et odieux, ils voient leur image se détériorer : ils sont désormais associés à l'argent et, tout particulièrement, à l'argent gagné de façon immorale. Ce stéréotype aura malheureusement la vie dure.
Louis IX, dit "Saint Louis"
"Il avait en abomination les juifs, odieux aux hommes comme à Dieu". Le jugement semble donc sans appel. Guillaume de Chartres et Joinville ont vécu de longues années dans l'entourage de Louis IX et leur témoignage, librement consenti et destiné à servir la cause du roi, paraît irréfutable. Il ne faut pourtant pas se laisser prendre : la réalité est beaucoup plus complexe que ces deux témoins n'en laissent voir. Relativement favorable dans les premiers siècles du Moyen Age, la situation des juifs en Occident tend à se dégrader à partir du XIIe sicèle. A cela deux raisons :
- Lancées à partir de la fin du XIe siècle, les croisades ont pour objectif la libération du tombeau du Christ. Dans l'atmosphère d'exaltation qui suit l'appel de Clermont (1095), l'amalgame est vite fait, pour certains croisés prêts à partir pour l'Orient, entre les musulmans qui occupent Jérusalem, et les juifs descendants des assassins du Christ. Des rumeurs ne tardent pas à courir : les juifs d'Occident sont accusés d'avoir demandé la destruction du Saint-Sépulcre ou de renseigner les musulmans sur les plans des croisés.
La première et la seconde croisade sont donc marquées par des pogroms spontanés, d'ailleurs désavoués par l'Eglise : avant le départ de l'armée de la seconde croisade (1147), saint Bernard prêche en personne contre les massacres dont les juifs sont les victimes en Rhénanie.
- La seconde raison tient à un tout autre phénomène : l'interdiction faite par l'Eglise aux chrétiens de la pratique de l'usure, c'est-à-dire du prêt à un taux jugé excessif. Les juifs, déjà investis dans les activités commerciales, deviennent alors les spécialistes du prêt d'argent, dans une société qui connaît au XIIe siècle un bel essor économique. Rendus à la fois indispensable et odieux, ils voient leur image se détériorer : ils sont désormais associés à l'argent et, tout particulièrement, à l'argent gagné de façon immorale. Ce stéréotype aura malheureusement la vie dure.