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Esquisse de christologie et théologie trinitaire chrétienne

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Séleucide

Séleucide
Habitué
Habitué

La christologie, du grec χριστός (oint) et λόγος (discours) est cette partie de la théologie qui concerne la personne de Jésus-Christ. Est par conséquent christologique toute donnée théologique soutenue à son égard. Ainsi, tenir que Jésus est mort pour nos péchés ou qu’il est lui-même sans péché, c’est tenir un discours christologique. Le Coran, puisqu'il intègre Jésus dans son message, est lui aussi porteur d’une certaine christologie : ʿĪsā ibn Maryam est messie, prophète, envoyé et serviteur d’Allah, et il n’est pas divin. Inutile de souligner que cette christologie coranique n’est pas celle du christianisme. Or, c’est à cette dernière que nous nous intéressons ici. Ayant en effet constaté des lacunes dogmatiques chez certains d’entre vous, j’ai décidé d’ici faire un point christologique de manière à éviter de possibles confusions dans nos discussions. L’objet de ce sujet n’est pas la polémique mais l’enseignement : il est souhaitable d’éviter de débattre sur la légitimité de la christologie chrétienne et de plutôt s’assurer de la bonne compréhension de celle-ci. Si par ailleurs, vous avez des questions, n’hésitez donc pas à les poser. Ces précisions étant avancées, nous pouvons débuter.



Au commencement était le Christ plutôt que le Verbe.

C’est en effet à partir du Christ et de l’expérience immédiate que les apôtres et disciples en feront que se développera la christologie chrétienne, et partant, le mystère trinitaire. Je ne reviens pas sur la messianité de Jésus : bien qu’il ne semble y être qu’un titre dépouillé de tout contenu théologique, elle est également confessée par le Coran. La principale pierre d’achoppement concerne en fait la divinité de Jésus, et c’est donc sur celle-ci que je vais me concentrer. Pour différentes raisons, principalement des attributs divins dont le Christ a fait preuve, les chrétiens confessent en effet la divinité de Jésus. Cette foi en la divinité de Jésus est ancienne, judéo-chrétienne, et n’a certainement pas attendu le concile de Nicée pour s’exprimer. Il n’est pas difficile de comprendre que c’est à partir de celle-ci que se développera l’affirmation de l’incarnation. Mais penser l’incarnation peut évidemment mener à différentes compréhensions c’est-à-dire à différentes christologies.

C’est ainsi que de nombreuses controverses ont vu le jour durant les siècles où l’on chercha à penser comment la divinité et l’humanité du Christ pouvaient s’unir en sa personne. Existait-il en lui deux personnes, l’une humaine et l’autre divine comme le pensaient les nestoriens, ou une seule ? Possédait-il une nature humaine et une nature divine, ou bien une seule nature divino-humaine comme le suggéraient les monophysites ? Est-ce que la nature humaine du Christ se perdait dans sa nature divine telle la goutte d’eau dans l’océan, comme l’affirmait le moine Eutychès ? Y avait-il communication des propriétés entre les deux natures ? Avait-il plusieurs volontés en lui ? et ainsi de suite. Certaines christologies ne souhaitaient pas s’embarrasser de ces rudes questions, et résolvaient l’aporie de l’incarnation en niant purement et simplement sa réalité. Tel fut, dans les trois premiers siècles du christianisme, le cas de nombreuses sectes gnostiques  qui, confessant la pleine divinité du Christ, se sont toutefois plu à nier sa réelle humanité, Jésus n’aurait alors que fait semblant d’être humain ; tel fut également le cas des ébionites ou des elkassaïtes, groupes judéo-chrétiens hétérodoxes qui,  bien que confessant quant à eux la pleine humanité du Christ, refusaient d’apporter foi en sa divinité, etc. On le voit, il faut donc ici reconnaître qu’historiquement, la position orthodoxe, bien que prédominante dès l’origine, n’en demeure rien de plus qu’une parmi tant d’autres.

Mais penser l’incarnation revenait également à penser le mystère trinitaire. Originellement, il s’agissait d’essayer de développer une doctrine métaphysique de la divinité qui pouvait expliquer la signification du phénomène Jésus-Christ, c’est-à-dire, d’un homme qui, tout en s’affirmant implicitement l’égal de Dieu, n’hésitait pas à attester qu’il était également Son envoyé. Comment être à la fois Dieu et Son envoyé ? Comment se prétendre Dieu tout en faisant une distinction entre soi-même et son Père qui est dans les cieux ? Comment prier Dieu le Père sans se prier soi-même ? Et surtout comment concilier ce donné révélé avec le cadre d’un monothéisme juif radical ? Vastes questions qui, à l’image de l’incarnation, peuvent supporter un bon nombre de réponses et partant, de théologies. Ajoutons à cela une certaine carence de vocabulaire et une difficulté à trouver les concepts adéquats sans laquelle la pensée la plus disposée risque bien de s’égarer, et l’on concevra sans difficulté les nombreuses interprétations et maladresses qui ont pu se faire. Certes, la foi trinitaire s’enracine directement dans la révélation chrétienne, à la fois par les attributs divins de Jésus et la triade néotestamentaire Père-Fils-Esprit que nous pouvons trouver : mais elle ne résulte en dernier recours que d’une interprétation de cette révélation, celle de l’Eglise, garante du dépôt de la foi. A ce titre, la doctrine trinitaire est le fruit d’un long processus de réflexion, d’opposition et de précision à travers les siècles : elle n’est pas tombée du ciel mais possède une histoire. Telle qu’acceptée par tous, la doctrine trinitaire se présentait par la triade Père-Fils(ou le logos, le Verbe)-Saint-Esprit. Mais comment la comprendre ? Y avait-t-il eu engendrement spirituel du Fils par le Père ou une création de celui-ci ? L’engendrement était-il en Dieu ou à l’extérieur de Dieu ? Y avait-t-il eu un temps où le Fils n’était pas ou bien était-il éternel ? Ces trois noms étaient-ils des personnes, des hypostases ? Que comprendre par ces termes ? Etaient-ils égaux de nature ? Fallait-il, à l’image d’Origène et d’Arius, partisans du courant subordinationiste déprécier le Fils, lui attribuer un commencement dans le temps et nier son égalité de nature avec le Père ? Tels les pneumatomaques (du grec : πνεῦμα et μάχη, littéralement les combattants/tueurs de l’esprit) Aèce et Eunome, fallait-il tenir pour le Saint-Esprit ce qu’Arius tenait pour le Fils ? La solution de Sabellius, selon lequel la divinité du Fils était celle du Père et de l’Esprit, c’est-à-dire que chacun ne se révélait finalement être qu’un mode, une manière d’être, un masque d’un seul et même Dieu, était-elle satisfaisante ? Et ainsi de suite. Là encore, la solution orthodoxe qui fut celle acceptée par toutes les Eglises, ne demeure in fine qu’une théologie parmi d’autres.




Voici pour le bref historique de la situation. Maintenant, envisageons une esquisse de la doctrine orthodoxe de la manière la plus simple que je puisse faire :

a) La triade néotestamentaire Père-Fils-Esprit est une tri-unité, une unité de trois « personnes » ou « hypostases » en Dieu. Ces expressions sont cependant très insuffisantes à rendre compte de la réalité en elle-même. Il faut par conséquent prendre garde à ne pas ici prendre le vocable de personne tel que nous l’entendons aujourd’hui : le sens trinitaire de ce terme est celui de subsistance, d’acte propre d’existence. Aussi pourrions-nous parler de trois subsistances en Dieu plutôt que de trois personnes.

b) Le Père engendre le Fils d’une génération spirituelle et éternelle ; l’Esprit est spiré par le Père et le Fils de manière spirituelle et éternelle. Toutes ces processions sont éternelles et ont lieu ad intra, c’est-à-dire en Dieu. Il faut ici comprendre que la nature, l’essence divine est trine : ce n’est pas Dieu qui a engendré en dehors de lui (ad extra) un Fils et a spiré en dehors de lui un Esprit, mais c’est le Père, le Fils et l’Esprit ensembles qui sont la nature divine et qui constituent Dieu.

c) Chacune des personnes partage la nature et la substance de l’autre, tous possèdent donc la nature divine et sont égaux entre eux. Le Fils n’est pas ontologiquement inférieur au Père, ni l’Esprit. Le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu.

d) Chacune de ces personnes se distingue l’une de l’autre ou pour ainsi dire, la particularité de chacune se révèle dans la relation de chacune aux autres : le Fils est Fils par rapport au Père, et réciproquement pour chacune des subsistances divines. Ces relations sont les seules distinctions entre les personnes.

f) Jésus est l’incarnation du Fils, c’est-à-dire de la deuxième personne de la Trinité. Il faut distinguer Jésus du Fils. Jésus n’est que la manifestation du Fils, son incarnation humaine, située précisément dans le temps et l’espace (en Palestine, au premier siècle etc). On ne saurait donc confondre la génération éternelle du Fils par le Père et la conception virginale de son incarnation historiquement située, Jésus.  

g) Jésus est une personne, celle du Fils dont il est l’incarnation, et non pas deux (lesquelles seraient la personne du Fils et une personne humaine dans laquelle le Fils serait venu s’installer). Concile d’Ephèse 431.

g) Il possède deux natures, une nature divine, une nature humaine. Concile de Chalcédoine, 451.

h) Il possède deux volontés, une volonté divine, une volonté humaine. Concile de Constantinople III, 681.



Je pense ici avoir fini et espère n'avoir rien oublié et de ne m'être en rien trompé.  J'espère également que ces explications paraîtront clairs pour tous, le cas échéant je suis disposé à répondre à vos questions.

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