Parmi les grandes figures européennes du Soufisme, on peut nommer le philosophe français René Guénon (1886-1951). Ce philosophe français très intéressé par le soufisme devint lui-même mûrid de la tarîqa Hamidiyya Chadhiliyya en Egypte où il avait passé ses dernières années (1930-1951).
Cette Tarîqa tire son inspiration de l’un des grands rénovateurs spirituels du XIXe siècle, le Shaykh Ahmad Ibn Idrîs, qui est né au Maroc en 1750 et est entré dans le Tasawwuf
René Guénon (rattaché à la Shâdhiliyya), déclara ne pas vouloir s’y arrêter « parce que la chose le concerne de trop près »
En effet Guénon comme son disciple Frithjof Schuon croyait à la religion pérenne qui est l’origine des religions et que l’islam n’est que la branche vivante de cette religion sans que cela veuille dire qu’elle est la meilleur et que les autres sont fausses et dénonçant la course au bien-être matériel tendant à devenir le seul critère du progrès, il s’avéra avant tout soucieux de restaurer un lien entre l’homme et son Principe.
Cependant il ne fut pas populaire dans le milieu de l’Azhar parce qu’il considérait que toutes les religions étaient égales et que l’islam n’était pas mieux que les autres religions.
Guénon et Schuon ont tous deux voulu apporter une rénovation ou une revivification d’idées traditionnelles et spirituelles :
Guénon n’a jamais eu de fonction de maître spirituel et n’a pas désiré l’être, alors que Schuon fut un maître spirituel. Rattaché à la tariqa du cheikh al-Alawi par l’un de ses représentants fin janvier 1933, il reçoit le titre de moqaddem et revient en Europe.
À la fin des années 1960, la tariqa Shâdhilîyah, rattachée à la lignée fondée par Abu’l-Hassan ash-Shâdhilî (XIIIe siècle), devint la Tariqa Maryamîyyah, autrement dit de Maryam ou de Marie.
Son initiateur Schuon arrangeait des cérémonies de nudité, après avoir déclaré que Marie, mère de Jésus, s’était révélée à lui nue.
Il écrit alors dans son autobiographie :
J’étais assis là à présent et je regardais toutes ces fleurs et pensais alors au paradis. Je pensais aux symboles du Coran et à certaines pensées d’Ibn Arabî, et je cherchais à m’expliquer certaines difficultés et à imaginer l’imaginable au sujet du paradis ; et c’était comme si j’étais dans un rêve éveillé, je n’avais plus que des images de paradis dans ma conscience. Là, soudain, la Miséricorde divine m’envahit d’une manière particulière ; elle vint intérieurement au-devant de moi sous une forme féminine, que je ne peux pas décrire, et dont je sais qu’elle était la Sainte Vierge ; je ne pouvais penser rien d’autre que cela. Et depuis cet instant, je me sentis mieux et me trouvai dans un état ivre d’amour et de bonheur.
L’intérêt nouveau de Schuon pour la Vierge, personnification selon lui de la religio perennis, l’amena également à modifier le nom de sa confrérie.
Selon les témoignages oraux de plusieurs disciples de Schuon, la tariqa, dès la fin des années 1960 et au cours des années 1970, devint de moins en moins musulmane et soufie et fut de plus en plus marquée par l’universalisme de la sophia perennis et la symbolique virginale.
L’étude des textes schuoniens et la méditation des Six Thèmes tendirent à remplacer la lecture et la méditation du Coran et de textes soufis.
Selon Mark Sedgwick, une courte prière à la Vierge fut ajoutée aux prières quotidiennes et des peintures de Schuon offrirent un support de méditation à certains disciples
Les ouvrages de René Guenon ont été influencés par certaines confréries soufies dans le monde arabo-musulman comme la confrérie Alliwiya en Algérie et la confrérie Boutchichiyya au Maroc par exemple
Voici ce que dit l’imam ‘Abd al-Halîm Mahmûd à propos de la conversion à l’Islam de René Guénon :
"La cause de sa conversion à l’Islam fut à la fois très simple et très logique ; en effet, il voulut s’accrocher à un texte sacré purifié de toute erreur et mensonge, et après ses études très poussées sur la question il ne trouva aucun texte correspondant à ce critère hormis le Noble Coran, c’était le seul livre qui n’avait pas subi d’altérations et de changements, car Allah Lui-même est garant de sa préservation intact.""
Source ; Bibliothèque Islamique.