C’est le sens même de la parole de l’Imam, le Hafidh du Salaf, Abou Ja’far At-Tahawi dans son traité de Croyance :
«Quiconque attribue à Dieu un attribut des humains est devenu mécréant »
N’y a-t-il pas parmi les attributs des humains le mouvement, l’immobilité et la position assise ?
Le ta’wil que l’Imam Ahmad cite au sujet de Sa parole (waja-a rabbouka) [sourat-Fajr]
Par «sont venues des manifestations de Sa toute-puissance »,
(21) wa jâ"a rabbuka wa-e1- malaku saffan safîan
Cette interprétation ne comporte-t-elle pas la négation du mouvement et de l’immobilité au sujet de Allah ainsi que la négation de la localisation sur le Trône ? S’il avait cru à la venue au sens physique, il n’aurait pas fait d’interprétation mais aurait laissé le terme au sens propre conformément à la croyance des anthropomorphistes ; sinon, si le mouvement et l’immobilité ne font pas partie des attributs des créatures, alors que sont donc les attributs des créatures ?
Allah a fait qu’une partie de l’univers soit immobile comme les sept cieux et le trône, et Il a fait qu’une autre partie soit en mouvement perpétuel comme les étoiles ; et Il a fait qu’une autre partie soit tantôt en mouvement et tantôt immobile, comme les anges, les hommes, les jinn et les bêtes ; comment serait-il donc possible d’attribuer à Allah l’une de ces choses ? S’Il avait l’un de ces attributs, Il aurait une multitude de semblables, et ceci contredirait
Sa parole: {layça kamithlihi chay} (sourate 42)
La parole des Salaf au sujets des hadith des attributs :
« Prenez-les tels qu’ils ont été révélés sans en retenir de comment ». Que signifie donc le comment sinon de nier les attributs des créatures au sujet de Allah, parmi lesquels le mouvement et l’immobilité.
Mais la parole des Salaf (bila kayf) ne veut pas dire attribuer à Allah le mouvement, l’immobilité ou le déplacement, comme le feraient penser certains textes équivoques parmi les ‘ayah et les hadith.
Il suffit pour répliquer à cela de citer ce qu’a mentionné le hafidh Al-Bayhaqi dans son livre Al-‘Asma’ou was-Sifat page 200 en rapportant le texte du hafidh Abou Soulayman Al-Khattabi :
«L’un des cheykhs des gens du hadith vers qui on retourne pour sa connaissance du hadith et des rapporteurs s’est trompé et a dévié de cette voie quand il a rapporté le hadith de la descente (nouzoul), en s’empressant de dire :
si quelqu’un disait (comment notre Seigneur descend-il jusqu’au ciel ?) et qu’il recevait en réponse : (il descend comme Il le veut), répondant ensuite en disant :
(Bouge-t-Il lorsqu’Il descend ?) et se voyant répondre (s’Il veut Il bouge et s’il veut Il ne bouge pas),
Ceci serait une erreur grossière et grave car on n’attribue pas à Allah le mouvement.
En effet le mouvement et l’immobilité se succèdent en un même lieu et il n’est possible d’attribuer le mouvement qu’à ce à quoi il est possible d’attribuer l’immobilité. Or les deux sont des caractéristiques de ce qui entre en existence, des attributs des créatures. Allah et absolument exempt de ces deux choses, rien n’est tel que Lui. »
En conclusion, l'approche équilibrée concernant la personnalité de l'Imam Ibn Taymiyya est que nous reconnaissons ses services importants rendus a l'Islam.
Nous reconnaissons ses accomplissements et tirons bénéfice de ceux de ses ouvrages qui sont conformes à la compréhension traditionnelle de Ahl al-Sunnah Wa al-Jama’ah et à l'Islam sunnite, et nous rejetons ce qui n'est pas conforme à la majorité des savants de cette Umma.
Nous le respectons en tant que savant, et par conséquent évitons de le condamner totalement, mais nous ne le considérons pas comme étant une autorité dans les domaines de la foi, de la croyance et de la jurisprudence.
Beaucoup de savants contemporains majeurs du monde arabe, de Damas et d'ailleurs, ont également adopté la même position.
Des savants tels que Shaykh Muhammad Sa’id Ramadhan al-Buti, Shaykh Wahba al-Zuhayli, Shaykh Mustafa al-Bugha, Shaykh Mustafa al-Khin, Shaykh Abd al-Latif al-Farfur et beaucoup d'autres citent souvent l'imam Ibn Taymiyya dans leurs ouvrages respectifs, mais avec prudence et discernement, et ils avertissent les autres des opinions isolées et controversées d'Ibn Taymiyya.
C'est l'approche juste et équilibrée suivie par la majorité des savants à propos des personnalités controversées.
Après une vie dédiée à l’enseignement, à l’éducation des hommes et à la lutte pour la défense de ses idéaux, l’âme du Sheikh de l’Islam Taqî Ad-Dîn Ahmad Ibn Taymiyah Al-Harrânî retourna à son Seigneur dans la nuit du dimanche 3 octobre 1328, à l’âge de 65 ans, dans sa cellule de la prison de la citadelle de Damas.
Homme d’exception, il eut droit à des adieux d’exception
Sources
www.muslimphilosophy.com
www.islamophile.org/spip/L-Imam-Taqi-Ad-Din-Ahmad-Ibn