@ Vulgate
Merci pour le partage du livre, aussi j’avais suivi ton conseil à savoir lire le livre en question, mais voila je trouve que certains paragraphes conforme bien la thèse d’une mauvaise traduction de la Bible.
Comme je sais que tu n’as pas lu le livre, alors je te copie quelques paragraphes illustrant l’incohérence dans la traduction de Chouraqui :
Chouraqui part du fait que la plupart des auteurs du Nouveau Testament étaient des Juifs, par conséquent, leur oeuvre fait partie du patrimoine juif. Il ne faudrait donc pas le traduire directement du grec, dans les catégories de la pensée grecque, mais le retraduire d’abord en hébreu et le traduire à partir de ce substratum hébraïque. Pour lui, Jésus est un Hébreu pur sang, un prophète parmi d’autres, qui n’a rien avancé qui n’ait été dit par les prophètes de l’Ancien Testament. Il s’est dit messie- comme beaucoup d’autres; il n’était pas le seul à dénoncer des
travers juifs ou à s’opposer au Temple. Il a été crucifié parce qu’il s’est dit roi d’Israël; il a donc commis un crime de lèse-majesté envers Tibère; et Caïphe, qui tremblait pour son poste, a donné raison aux Romains. Mais le schisme chrétiens Juifs est un malentendu. Donc le Nouveau Testament appartient, comme le reste de la Bible, aux Juifs, c’est même "l’une des plus belles fleurs de l’arbre hébraïque"
"La version Chouraqui est une excellente traduction pour qui connaît sa Bible par coeur, qui, dès qu’il commence à lire un passage, répète instinctivement tous les mots qui vont suivre. Sa version nous bouscule, secoue notre apathie, nous fait repenser le message de la Parole de Dieu en des termes neufs."
Mais cette Bible, dit Dominique Barrios dans un article non publié, par- delà la séduction ou l’agacement, pose un problème fondamental qui est celui de la traduction. A. Chouraqui est tombé dans trois pièges:
1. Le piège de la littéralité. Traduction littérale = traduction fidèle. C’est une confusion courante. Comme si le ‘mot à mot’ rendait mieux le sens d’un texte. C’est impossible et au sens strict: insensé. Traduire les mots ne suffit pas pour transmettre le sens des phrases. Une traduction mot à mot se condamne à égarer en chemin une grande partie du sens, car elle reste prisonnière des mots.
2. Le piège de l’étymologisme (c’est-à-dire de l’an-historicité). Une langue est inscrite dans une histoire. Elle change. Elle vit. Cela est vrai de l’hébreu et du français. Le sens d’un mot est celui que lui a donné l’usage et que précise un contexte particulier. Ce n’est ni le sens de sa racine, ni un sens absolu donné une fois pour toutes. Constamment, André Chouraqui se réfère au sens étymologique (des mots hébreux, araméens ou grecs, et des mots français ou de ceux qu’il crée: glébeux, matricier...).
Il n’écrit ni le français de l’Académie ni celui de la rue. Il affiche un souverain mépris pour le français tel qu’on le parle, ce qui est lourd de conséquences pour l’un des principes fondamentaux de toute traduction, qui est de s’adresser à des auditeurs ou des lecteurs réels, à des gens dont l’intelligence est façonnée (et limitée) par leur langue et leur culture. Traduire n’est pas un acte désincarné, intemporel. C’est un acte de communication...La relation ne pourra s’établir qu’à condition d’en respecter les règles. Si André Chouraqui veut faire saisir à des hommes et à des femmes parlant français en 1985 la pensée d’hommes et de femmes parlant hébreu il y a 2 500 ans, il ne peut le faire en créant une langue intermédiaire que personne n’a jamais parlée ni ne parlera jamais. En fait, il interdit la communication qu’il souhaitait établir. Nous sommes là hors de la réalité de la langue et donc hors de la traduction.
3. Le piège de la visibilité. Le premier devoir d’un traducteur est de se faire oublier. Imagineraiton une anthologie de la littérature française en langue étrangère où Ronsard, Victor Hugo, Proust et Claudel se trouveraient traduits de la même manière? Or, c’est bien ce que nous trouvons dans la traduction d’André Chouraqui. Il a créé un style, mais c’est le sien, immédiatement reconnaissable. Il s’impose à nous comme un écran placé devant celui de Qohélet, d’Isaïe ou de Jérémie, de Job ou de tant d’autres écrivains qui ont laissé leur marque dans la littérature biblique. Ils écrivaient différemment.
Aucun n’écrivait comme André Chouraqui. On ne dit pas la même chose en ajoutant des images poétiques à un texte prosaïque, en s’exprimant de façon inhabituelle là où l’auteur parlait comme tout le monde, en étant obscur quand le texte était limpide.
Ce n’est pas notre Bible, celle qui s’adresse à nous aujourd’hui dans notre langue, pour nous communiquer une Parole de vie.
L’auteur avait conclue
Collectionner des versions différentes est aussi passionnant que faire une collection de timbres ou de papillons et certainement plus stimulant sur le plan spirituel. Lorsqu’un passage biblique paraît obscur, il suffit souvent de le relire dans plusieurs versions de genres différents pour qu’il s’éclaire.
Chaque traduction a ses avantages et ses inconvénients. Aucune d’elles n’est parfaite. Les traductions littérales sont, du point de vue de la forme, plus proches des originaux, mais difficilement compréhensibles.
Les versions modernes sont souvent influencées par la critique libérale ou par des points de vue dogmatiques non évangéliques
Dommage, mon ami Vulgate n’a pas lu le livre.