L'approche Chrétienne sur la Loi repose sur la prééminence de la loi morale sur la loi rituelle de la Torah. La finalité des préceptes religieux sont à atteindre par une meilleure spiritualité.
Dans le judaïsme tardif, on avait considéré que la Torah était "incarnée" dans un livre, à savoir le Pentateuque. Mais il s'agit à la base de la voie de Dieu qui ne peut pas être figée dans des écritures et demande constamment à être actualisée, interprétée, voir même dépassée. La Torah écrite sert alors de base à la Torah orale des Rabbi.
Jésus n'a pas abolis la Loi qui reste la voie de Dieu et était un vrai juif au coeur des débâts qui existaient dans le Judaïsme du Ier siècle entre les différentes communautés : esséniens, sadducéens, pharisiens, galiléens...
La question du shabbat était discutée suite à la défaite des Macchabées qui avaient refusé de se défendre un jour de shabbat. Certains s'accordaient avec la prise de position de Jésus.
Le Pharisianisme auquel appartenait Saul de Tarse se distingue par la façon dont il place la Loi au centre de la piété. Dans la secte de Qumrân, la pratique de la Torah trace la frontière entre bénédiction et malédiction de Dieu. Ainsi en fonction des degrés d'impuretés : malades, femmes, collecteurs d'impôts...etc. et des professions : bergers, paysans... le croyant qui était marginalisé.
Pour Jésus et Paul, la Loi ne doit plus ni être au centre de la relation avec Dieu, ni définir une identité.
Par exemple, au niveau des lois de puretés Jésus dira que rien de ce qui est extérieur à l'homme ne peut le rendre impur et que c'est ce qui sort de son coeur qui le rend impur. Le rabbi Yohanan Ben Zakkai émettra lui aussi cette idée par la suite.
On pourrait alors dire que si Jésus en serait resté là il aurait été un Rabbi ordinaire qui n'a rien apporté de nouveau. Les paroles de Jésus du sermon sur la montagne seront comparés, dans les années 1980 à celles des Rabbins préservées dans la Mishna et le Talmud qui enseigne des choses similaires.
Ce qui choque, c'est que Jésus franchis, tout au long de l'histoire, la frontière entre le pur et l'impur, en fréquentant les pauvres et en se mettant à la table des pécheurs. Car il voit l'amour inconditionnel, l'agapé, comme l'accomplissement de la Torah. Il va détruire toute limite qui existe jusqu'à prôner l'amour du non-aimable. C'est une radicalité qui n'a pas été entendue par les juifs.
Il inverse la fonction de la pureté. La pureté se construit par l'amour offert à l'autre ou la compassion active exercée à l'autre. La manière dont l'homme construit ses relations aux autres le rendra pur devant toutes les ordonnances qui peuvent exister avec ce même but.
La morale de Jésus rompt avec celle des sages. Ainsi quand il reprend le décalogue et qu'il le rend impossible à pratiquer ce n'est plus la mesure du raisonnable, la mesure de Jésus ne se plie pas à la mesure de l'humain et est inaccessible comme la perfection.
Pour Paul, la loi retrouve son utilité quand elle oriente l'activité du croyant au sein du monde, pour le monde. Ainsi il donne des conseils qui ne concernent que son époque et qui sont à actualiser n'en déplaise aux fondamentalistes.
Par ce genre d'affirmations que l'AT est dépassé, n'a pas d'importance, on a bien à faire à une nouvelle religion qui a été dé-judaïsée. Toutefois, avec l'essor de communautés chrétiennes d'origines juives, et les orientations que prennent les recherches théologiques cette barrière commence à s'affaiblir.
Un christianisme isolé du judaïsme et qui en plus le minimise, est on pourrait dire, une religion en carton.