3abdoullah ibn 3abbas (Radiya Allahou 3anh) rapporta qu'Abou Soufyan ibn 7arb l'a informé que Héraclès avait demandé de le rencontrer en compagnie de ses compagnons Qoraychites alors qu'ils étaient en Syrie en tant que commerçants. Cela eut lieu au moment du pacte de la trêve conclu entre le Messager d'Allah (Salla Allahou 3alayhi wa salem) et Abi Soufyan et les infidèles de Qoraïche. Ils se rendirent alors auprès d'Héraclès alors présent à Iilyâ' où ils le trouvèrent entouré des notables byzantins.
Il appela son interprète et lui demanda :
- "Qui d'entre vous est le parent le plus proche de cet homme qui prétend être Prophète ?"
- "Moi" dit Abou Soufyan.
- "Approchez-le de moi" rétorque Héraclès à ses gardes. "Et approchez ses compagnons en les mettant derrière lui".
S'adressant à son interprète : "Dis leur que je voudrais interroger leur compagnon au sujet de cet homme, s'il me ment, qu'ils le démentent."
- "Par Allah, n'était-ce la honte qu'ils rapportent que j'ai menti, j'aurais menti devant les question d'Héraclès", avoua Abou Soufyan.
- "Quelle est le rang de sa famille parmi vous et que représente-elle?" demanda Héraclès.
- "Il appartient à une famille noble" répondit Abou Soufyan.
- "Est-ce quelqu'un avait prétendu à la prophétie parmi vous avant lui?"
- "Non !"
- "Parmi ses ancêtres, y a-t-il eu un roi?"
- "Non !"
- "Qui le suit parmi le peuple, les nobles ou les faibles (la basse classe)?"
- "La basse classe."
- "Ceux qui le suivent, augmentent-ils en nombre ou diminuent-ils ?"
- "Ils augmentent en nombre."
- "Est-ce que quelqu'un apostasie par dédain de cette religion (renie sa foi) après l'avoir embrassée ?"
- "Non !"
- "Est-ce que vous l'accusiez de mensonge avant qu'il ne prétende à la prophétie ?"
- "Non !"
- "Est-ce qu'il trahit ?"
- "Non ! Cependant, il y a une trêve entre lui et nous et nous ne savons pas comment il agira durant cette période de trêve." Je n'ai pu trouver une issue pour dire quelque chose contre le Prophète hormis cette dernière parole, ajouta Abou Soufyan.
- "Est-ce que vous l'aviez combattu ?"
- "Oui."
- "Qui emportait la victoire parmi vous ?"
- "Parfois nous l'emportions et parfois il l'emportait."
- "Que vous recommande-t-il alors ?"
Il dit : "Adorez Allah Seul et ne Lui associez rien et abandonnez ce qu'adoraient vos pères". Il nous recommande aussi la Salât (la prière), la sincérité, d'être de bonnes mœurs et le respect des liens de parenté.
Héraclès dit à son interprète : "Dis à Abou Soufyan que je l'ai interrogé sur le rang de la famille du prophète et il m'a répondu que c'est un noble. C'est le cas de tous les Messagers. Ils sont toujours choisis parmi les plus nobles de leurs peuples. J'ai demandé si quelqu'un avait tenu ce langage avant lui, il m'a répondu non. Si quelqu'un avait dit cela avant lui, j'aurais répondu que c'est un homme qui imite la parole d'un autre avant lui. Je lui ai demandé si parmi ses ancêtres il y a eut un roi et il m'a répondu non ; Sinon, j'aurais dit que c'est quelqu'un qui cherche à reconquérir le pouvoir de son père. Je lui ai demandé ensuite s'ils l’accusaient de mensonge avant sa prétention à la prophétie et il m'a répondu non ; j'ai su alors que s'ils a pu s'empêcher de mentir contre les gens il ne peut pas imputer des mensonges à Allah. Je lui ai demandé après cela, si ce sont les nobles ou les gens du bas peuple qui le suivent et il m'a répondu que ce sont plutôt les faibles qui le suivent ; il en est ainsi de tous les compagnons des Messagers. Je lui demandé si leur nombre s'accroissait ou diminuait et il m'a fait savoir qu'il augmentait ; et c'est ainsi le cas de la foi jusqu'à ce qu'elle soit achevée. Je lui ai demandé si l'un d'eux apostasie par dédain pour cette religion après l'avoir embrassée et il m'a dit que non ; et c'est ainsi le cas de la foi quand sa douceur parvient aux cœurs. Et quand je lui ai demandé sil trahit ses engagements, il m'a répondu que non ; et c'est ainsi le cas des Messagers car ils ne trahissent jamais. A propos de ce qu'il leur recommande, il m'a dit qu'il leur recommande d'adorer Allah Seul sans rien Lui associer, il leur interdit l'adoration des idoles et leur ordonne la prière,la sincérité et d'être de bonnes mœurs. S'il est véridique dans ce qu'il m'a dit, il conquerra la place que j'occupe en ce moment. Je savais que ce Prophète a été envoyé mais je ne m'attendais pas qu'il soit issu d'eux. Si seulement je pouvais, je serais allé à sa rencontre. Si j'étais auprès de lui, je lui laverais les pieds".
Puis, il demanda la lettre du Messager d'Allah (salla Allahou 3alayhi wa salem) qu'il envoya à Héraclès et que Dihiya a apporté au chef de Bosrâ. On la lut et en voici la teneur :
"Au Nom d'Allah, Le Tout Miséricordieux, Le Très Miséricordieux.
De Mohammed, le serviteur et Messager d'Allah, à Héraclès chef des byzantins. Que le salut d'Allah soit sur celui qui suit la guidée. Je t'appelle selon la formule de l'Islam. Embrasse l'Islam, tu seras sauvé et tu auras de la part d'Allah une double récompense. Et si tu refuses, tu portera le fardeaux des Ariens : «Ô gens du Livre, venez à une parole commune entre vous et nous : que nous n'adorions qu'Allah sans rien Lui associer, et que nous ne nous prenions point les uns les autres pour seigneurs en dehors d'Allah ; s'ils tournent le dos, dites alors : «Soyez témoins que nous, nous sommes soumis».
Abou Soufyan continua : "Quand la lecture fut finie, le vacarme prit place, des voix s'élevèrent et on ne fit sortir. JJe dis alors à mes compagnons : «L'affaire d'ibn Abi Kabcha (un sobriquet qu'on donnait au Prophète) devient sérieuse au point que le roi des byzantins le craint à présent.» Et je ne cessai point d'être convaincu depuis lors que le Messager d'Allah triomphera jusqu'au jour où Allah me fit embrasser l'Islam".
En outre, Ibn An-Nâdhour, le gouverneur d'Iilya', qui était l’évêque des chrétiens du Châm, racontait que quand Hercules arriva en Syrie, il était mal à l'aise au point que certains patriarches lui dirent : «On ne te reconnait plus». Ibn An-Nâdhour continua : «Héraclès aimait l'astrologie et observait les astres. Pour répondre à leur interrogations, il répondit : "J'ai vu en rêve la nuit passée que le roi des circoncis est apparu. Quel peuple pratique la circoncision ?" On lui répondit : "Il n'y a que les juifs qui pratiquent la circoncision. Tu n'as pas à te soucier de leur sort. Donne l'ordre aux gouverneurs des villes de ton royaume pour qu'on tue tous les juifs"». Entre temps le messager du roi de Ghassân fit son entrée et informa Hercules de l'apparition du Messager d'Allah (salla Allahou 3alayhi wa salem). Héraclès donna ensuite l'ordre de vérifier si le Messager (qui était arabe) n'était pas circoncis. On le trouva circoncis et quand on l'interrogea sur cette pratique chez les arabes, il répondit qu'ils la pratiquent. Héraclès conclua alors : «Ainsi c'est bien le roi de ce peuple qui est apparu». Puis, il dépêcha une lettre à un de ses amis à Roumia qui s'intéressait comme lui à l'astrologie. Il se dirigea ensuite vers Hims (7imss). Avant d'y arriver, il reçu la réponse à sa lettre qui concorda avec son opinion sur l'apparition du Prophète et confirmait qu'il était effectivement un Prophète.
Héraclès convoqua alors les grandes personnalités de Byzance à son palais de Himss et donna l'ordre de condamner toutes les portes, puis il leur dit : «Ô byzantins ! Cherchez vous le bonheur et la droiture ainsi que l'affermissement de votre pouvoir ? Suivez alors cet homme. (c'est à dire, le Prophète)» Ils se ruèrent alors atour des portes comme des bêtes sauvages mais ils les trouvèrent fermées. Devant leur refus de l'Islam, Héraclès perdit espoir de leur faire accepter la foi. Il ordonna e les faire retourner en leur disant : «J'ai voulu seulement vous mettre à l'épreuve pour voir votre attachement à votre religion». Satisfait de cela, ils se prosternèrent devant lui.
Tel était le dernier cas d'Héraclès
Sa7i7 al-Boukhariy - 7.