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l'instinct chez l'homme : entre nature et culture

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Tumadir

Tumadir
Averti
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la notion d'instinct chez l'homme.

Que doit-on entendre par la nature et la culture? La nature renvoie à l'ensemble des réalités qui n'ont pas été créées par l'homme, que ce soit le monde de la matière inerte, les êtres vivants et donc les caractéristiques héréditaires de notre corps. A l'opposé, la culture est l'ensemble des réalités matérielles et spirituelles créées par l'homme. La culture devient donc synonyme de la civilisation et non, comme on l'entend fréquemment, l'étendue plus ou moins importante de nos connaissances.

De ce point de vue, tous les aspects de la vie humaine se rattachent à la culture, que ce soit nos habitudes alimentaires, vestimentaires, le type d'habitat, nos techniques, nos traditions profanes ou religieuses, nos croyances, les modes d'organisation des sociétés, l'ensemble de nos savoirs, nos oeuvres d'art, nos langues de communication...etc. A ce titre, il n'y a pas d'homme sans culture. Tout homme possède peu ou prou des savoirs et des pratiques dans les différents domaines évoqués.

Si les caractéristiques corporelles de l'espèce humaine se rattachent à la nature, il n'en irait pas de même concernant ses comportements. En effet, l'homme se verrait dépourvu d'instincts. Cette affirmation se heurte à des résistances dans la mesure où la notion d'instinct a un sens plus ou moins large.

Dans la conversation courante, nous attribuons généralement des instincts à l'homme. On évoque l'instinct maternel, l'instinct sexuel, l'instinct de survie etc. Mais il s'agit là d'une extension abusive du sens de ce terme. Qu'est-ce qu'un instinct au sens rigoureux du terme? Il s'agit de comportements innés, uniformes chez tous les membres de la même espèce, parfaitement adaptés à leur objectif et non susceptibles d'évoluer sous l'effet d'un apprentissage. L'exemple type est celui de l'araignée, l'épeire diadème de nos jardins, qui tisse sa toile hexagonale et ce dès la naissance, composée de fils successifs dont alternativement l'un adhère aux pattes de l'insecte et l'autre non, ce qui explique que l'araignée en question ne se rend pas prisonnière de sa propre toile. L'instinct renvoie donc à des comportements complexes, précis, incarnant une mémoire héréditaire et autorisant l'adaptation de l'animal concerné à son environnement.

Certes, l'exemple de l'araignée apparaîtra extrême et en fin de compte peu significatif. Ce qui est vrai pour des espèces dont le système nerveux est rudimentaire peut-il s'appliquer à l'ensemble des espèces animales, notamment les animaux domestiques qui nous entourent ? Car ces derniers sont capables d'apprentissage. Si on considère que l'intelligence se définit par la capacité d'apprentissage, alors ces animaux possèdent une forme d'intelligence. Cependant, il est également incontestable qu'ils adoptent des comportements identiques à tous les membres de leur espèce, comportements qui ne résultent pas d'un apprentissage. A côté de l'intelligence, ils se voient donc pourvus d'instincts.

En somme, au fur et à mesure du développement du système nerveux la part d'intelligence et donc la capacité d'apprentissage croissent et la part d'instincts ou de comportements innés et rigides décroît, dans la mesure où ces derniers deviennent moins indispensables à l'adaptatio à leur environnement et à leur survie. Il y a donc là une logique de l'évolution, qui vraisemblablement sous la pression de la sélection naturelle, ne conserve dans l'organisation des êtres vivants que les caractéristiques utiles à cette survie.

Or, si l'on poursuit cette logique, on comprend que l'homme, dont le cerveau est capable de tout apprendre soit dépourvu d'instincts. Ces derniers, s'ils existaient, loin de le favoriser, deviendraient de par leur rigidité et leur caractère stéréotypé, des obstacles à son progrès. Il semblerait que l'homme moderne, l'homo sapiens sapiens, ne possède qu'un seul instinct, -et encore cela est-il sujet à discussion chez les anthropologues, c'est-à-dire les spécialistes étudiant l'homme- à savoir celui de succion. En effet, un enfant, dès la naissance, doit être capable de téter sa mère, de se nourrir sans passer par le préalable d'un apprentissage en la matière.

Mais alors qu'en est-il des instincts que l'opinion commune attribue à l'homme? Peut-on contester l'existence d'un instinct maternel ou sexuel par exemple? Il convient, afin d'éclairer ce débat, de bien distinguer les notions de besoin et d'instinct. L'homme, au même titre que l'araignée, possède des besoins, par exemple le besoin de se nourrir. Ce besoin se traduit par un certain nombre de sensations d'ordre physiologique.

En revanche, l'instinct renvoie non à l'existence même du besoin, mais à la manière de satisfaire ce besoin, aux moyens utilisés à cet effet. L'araignée tisse une toile afin de capturer ses proies. Toutes les araignées de la même espèce font de même, en réalisant exactement la même toile, sans jamais l'avoir appris et sans que cette "technique" naturelle soit perfectible grâce à un apprentissage. Si l'homme possédait un instinct en vue de se nourrir, cela signifierait que tous les hommes, de toutes les époques, de tous les milieux, utiliseraient des techniques naturelles identiques, non apprises par conséquent et non susceptibles de progresser.

L'absurdité d'une telle hypothèse apparaît alors clairement. Par rapport au besoin de se nourrir, la diversié des moyens pour y parvenir, que ce soit dans les techniques utilisées ou bien dans le choix même de la nourriture, est patente. Il en va de même concernant la satisfaction du besoin sexuel où l'imagination de l'homme est fort riche. C'est encore vrai à propos du prétendu instinct maternel, puisque là encore les manières de procéder en matière d'éducation sont aussi variées que ne le sont les civilisations humaines.
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Extrait du "COURS DE PHILOSOPHIE" d'Albert MEndiri publié aux éditions SCRIPTA.

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