Les hadiths de Bukhari ont été compilés vers 800 après J-C, donc tardivement après la mort de Muḥammad. Les hadiths recueillis par Bukhari sont issus de la tradition orale, les chiffres sont donc très peu fiables à ce sujet. Plusieurs hadiths ont aussi été inventés pour satisfaire les besoins des rois de l'époque (le hadith sur Aisha est donc pour permettre à des souverains d'épouser des enfants). Le hadith en lui-même est très douteux.
Il parle d'une balançoire sur laquelle Aisha jouait quand sa mère l'appela pour lui annoncer son mariage. Or, ce genre de jeu a été inventée vers 867 dans le monde en arabe, il ne pouvait exister aux alentours de l'an 600. Les hadiths du Muharib (certes, pas considéré comme sahih pour les musulmans sunnites) disent ce qui suit:
"Qu'en est-il des épouses de l'apôtre d'Allah? Nous relatons ceci: que sa préférée était la fille d'Abubèkre le sincère, et qu'elle se nommait Aisca. A son sujet, l'apôtre d'Allah a dit: Tu seras la première de mes épouses à entrer au Paradis, qui est le royaume d'Allah. Et nous savons, de par le pouvoir d'Allah, qu'elle est mort à l'âge de soixante-dix ans, une vingtaine d'année après que l'âme de l'apôtre d'Allah ne quitte ce monde. Nous savons aussi qu'elle l'a épousé lorsqu'elle avait vingt ans, et que l'apôtre d'Allah avait quarante-neuf ans, et ce dix ans après la mort de Kadija, sa première femme." (Volume 3 du Livre de Muharib, traduit par Savary, 1786, chapitre 5 : Les actes des épouses de Muḥammad).
Abubèkre, serviteur de Dieu, avait tenu ces propos à l’égard de son ami Abdelah : « En cette année, les juifs périront entre les mains de nos armées ; toutes leurs âmes maudites seront envoyées aux portes de la Géhenne. » Mais Abdelah, ayant vu que les troupes s’affaiblissaient, apostropha Abubèkre en ces termes : « J’en jure par Dieu, maître de la terre, qu’il éprouvera nos cœurs en nous donnant la défaite. » Il conclut donc qu'on donnerait tout son or à celui qui aura raison. Abubèkre accepta le paris, au nom de Dieu et de Muḥammad.
Or, conformément au destin de Dieu, qui fit triompher les juifs et remplit leur cœur d’une joie éphémère, Abubèkre dut se séparer de ses richesses. La pauvreté vint bientôt assombrir son visage et Muḥammad en fut peiné ; car l’âme de Muḥammad est noble et compatit aux malheurs d’autrui. Dieu vit que son cœur était tourmenté.
Alors, un ange de Dieu, nommé Gabriel, se révéla à Muḥammad en songe et lui dit : « Allège le fardeau qui pèse sur les épaules du serviteur de Dieu, Abubèkre, en épousant Aisca et en l’enrichissant de façon à pourvoir à ses besoins. N’oublie point que Dieu est généreux et n’aime que les généreux. »
Muḥammad obéit et épousa la fille d’Abubèkre alors âgée de dix-neuf ans ; et lui était âgé de quarante-huit ans. […] (Livre de Muharib, « Histoires d’Aisca, femme de l’apôtre de Dieu », volume 3, chapitre 6, traduction Savary, 1785).