Talisman musulman sunnite
Milieu du 20è s. / Macédoine / Cuivre
Ce talisman, qui provient d'une communauté musulmane sunnite de l'ancienne Yougoslavie, rappele que les pays balkaniques furent intégrés au domaine ottoman depuis leur conquête aux 15è- 16è s. , jusqu'au début du 20è. C’est une plaque de métal précieux, appliquée sur une forme ou passée dans un moule pour reporter le texte arabe, destinée à être portée en pendentif, selon une mode qui s'est développée dans l'espace méditerranéen ottoman dès le 18è s. ; on trouve des modèles très proches de celui-ci en Tunisie et en Algérie au 18è et au 19è s., parfois associés à d'autres pendentifs en forme de main de Fatima dite Khamsah (MJ).
NB
Les talismans
Il importe de distinguer amulette et talisman. Les talismans donnent des pouvoirs magiques supplémentaires, c'est une force. Les amulettes n’ont comme rôle que la protection. Si l’Islam sunnite orthodoxe condamne le port des amulettes et des talismans, la pratique populaire est bien différente. Il s’agit généralement de petites boîtes de cuir ou de métal pouvant renfermer des formules extraites du Coran, En effet, toute écriture coranique, en raison de son origine divine, détient un pouvoir protecteur. La boite peut être scellée après que le verset du Coran inscrit y a été glissé.
Le talisman a pour vertu de protéger celui qui le porte d'une agression éventuelle de personnalités mal intentionnés à son égard, ou de mauvais esprits plus ou moins bien identifiés. Son usage dans l'espace musulman relève d'une tradition partagée tant dans le monde populaire que dans le milieu aristocratique. Le talisman peut être porté près du corps, caché par le vêtement, ou visible et montré comme un bijou masculin ou féminin. Son usage implique la confiance en la divinité. Les pratiques magiques propitiatoires envisagent le plus souvent le recours à une charge efficiente trouvée dans le texte coranique; dans certains cas, le Coran lui-même est considéré comme le meilleur talisman, car il est « guérison et miséricorde » selon un verset bien connu (sourate XVII, verset 182). L'existence de Corans de très petit format, destinés à être portés sur soi ou en voyage, procède de cette logique de protection par contact du texte sacré avec le corps du croyant.
Plusieurs sourates sont désignées comme des « sourates talismaniques », et la tradition veut que le prophète Muhammad les ait lui-même invoquées comme ultime recours, pour se protéger de la maladie et se soigner ; la shahada (sourate liminaire CXII qui rappelle l'unicité d'Allah et la personnalité du prophète), la sourate de l'Aube (LXXXIX) et la sourate dite « Les hommes » (CXIV). Le texte de ces sourates est souvent reporté sur des supports de papier, de métal ou de textile pour associer la puissance de leur expression à un objet matériel et constituer un talisman.
Par ailleurs, des formules magiques associées à certains nombres, notamment les multiples de 7, ou 99 qui rappelle le nombre des noms de Dieu en Islâm et sa perfection, mais aussi des carrés magiques, constituent autant de techniques ésotériques qui permettent d'invoquer la protection de la divinité, non pas par la recension de la prière, mais par sa matérialisation grâce à la langue écrite (MJ).