La révélation des mariages pluraux
TOUT le monde sait, qu'à travers l'histoire, les Fils d'Israël furent chassés et se répartirent sur différents continents. Un groupe d'entre eux se réfugia en Amérique, le continent béni où Dieu parla de nouveau à son peuple. A ce groupe fut envoyé Joseph Smith, le reflet du Christ sur la Terre, le Frère d'Abraham, l'Ami de Moïse [DA 33:90]. Les Fils d'Israël se convertirent et devinrent mormons ; ils établirent l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.
Trois années après cela, les ennemis tuèrent bon nombre de mormons ; le peuple diminua de plus en plus. Si chaque homme se mariait à une seule femme, le peuple de Dieu disparaitrait, et le Royaume de Dieu, qui sera fondé par les Fils d'Israël, ne pourra survivre ! Dieu fit voir une vision à Joseph : celle de plusieurs couples, se promenant dans les villes du Paradis de Dieu. Joseph comprit par cet image que Dieu lui autorisait les mariages pluraux.
Pendant des années, après la révélation de cette doctrine, Joseph ne put se résoudre à la pratiquer ni à enseigner à d'autres de le faire. La société anglo-saxonne tout entière était opposée au mariage plural, quoique celui-ci n'eût jamais été interdit, que ce fût par l'État ou par la Constitution fédérale. Même après s'être installé à Nauvoo, lorsque le prophète dit avoir reçu du Seigneur le commandement de mettre la loi du mariage plural en vigueur, il hésita à le faire. Soir après soir, il fit les cent pas le long des berges du Mississippi, accompagné parfois par son frère Hyrum, en se débattant avec le problème. Il était convaincu de ce que la pratique de cette doctrine attirerait sur l'Église de violentes persécutions et l'amènerait finalement à perdre la vie.
Les rapports historiques montrent que ni Joseph Smith, ni Brigham Young, ni l'un quelconque des dirigeants de l'Église n’accueillirent avec joie la doctrine du mariage plural. Brigham Young dit plus tard :
« Si on m'avait demandé ce que j'aurais choisi lorsque Joseph Smith révéla cette doctrine (la pluralité des épouses), j'aurais dit, à condition que cela ne diminuât pas mon salut : ‘ Je ne veux avoir qu'une seule femme… Je ne désirais pas reculer devant aucun devoir, ni manquer si peu que ce fût de faire ce qu'il m'était commandé, mais c'était la première fois de ma vie que j'avais souhaité la mort et pendant longtemps j'eus du mal à surmonter ce sentiment »
— Discours prononcé le 14 juillet 1855 à Provo ; voir Roberts, Comprehensive History of the Church, vol. 2, p. 102
John Taylor, qui devint le troisième président de l'Église, ajoute :
« J'avais toujours nourri des idées strictes concernant la vertu, et j'estimais, en temps qu'homme marié, que c'était là pour moi, en dehors de ce principe, une chose affreuse à faire. L'idée d'aller demander à une jeune fille de m’épouser alors que j'avais déjà une femme ! Voilà bien une chose propre à émouvoir les sentiments au plus profond de l'âme humaine. J'avais toujours entretenu la chasteté la plus stricte... Avec les sentiments que j'avais nourri, rien moins que la connaissance de Dieu et les révélations de Dieu et leur véracité n'aurait pu m'inciter à obéir à un tel principe »
— Roberts, The Life of John Taylor, p. 100
Pour Heber C. Kimball et sa femme, Vilate, le commandement du prophète que Heber prenne une autre femme fut une épreuve extraordinairement difficile. Ce commandement fut caché pendant un certain temps à la femme de Heber. Vilate remarqua qu'il était extrêmement soucieux. Elle affirma qu'en réponse à sa prière concernant ce qui causait tant de soucis à son mari, elle reçut une vision du monde éternel. Personne ne sait ce qu'elle vit, mais par la suite elle devint partisane convaincue de la doctrine du mariage plural.
Lorsque le mariage plural fut annoncé au public par un verset, peu de gens l'acclamèrent. Mais c'était une obligation à la survie du Peuple de Dieu. A la mort de Joseph Smith, le troisième président de l'Eglise, Wilford Woodruf reçut de Dieu l'ordre d'interdire le mariage pluraux, car, "les peuples s'étaient multipliés sur la face de la Terre et le peuple de Dieu a été fécond" (The Life of Wilford Woodruf). Les mariales pluraux furent donc suspendus, le 8 mai 1889.