tromken a écrit: gazou07 a écrit:C'est ce qui est dit dans la Genèse alors qu'on sait aujourd'hui qu'on est pas fait de terre ..
La bible a tort ? C'etait une façon pour eux à l'époque de savoir comment on est fait ? Ou est-ce qu'il y'a un double sens
Salutations gazou,
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Voici une bonne question gazou. Je crois en effet qu'il est impossible de « comprendre » le texte dès l'instant où on le prend «littéralement» ; c'est-à-dire à partir du moment où l'on croit
réellement qu'un dieu aurait pris une motte de terre et qu'avec elle il aurait fabriqué un homme — un individu.
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Le texte est absolument
allégorique. C'est-à-dire que l'
individu Adam n'a jamais existé. Tout d'abord, dès le début de la narration, Adam est
homme-et-femme en même temps (hermaphrodite en quelque sorte). Ce n'est qu'ensuite qu'apparaissent deux êtres sexués, le mâle et la femelle, lesquels, par la suite, dépasseront l'animal, c'est-à-dire qu'ils porteront un nom propre à chaque-un, une individualité. Ils se seront plus seulement
mâle et femelle, mais Adam et Ève, ou Pierre et Catherine si vous voulez. Des civilisés donc, etc.
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Il s'ensuit que
le terme Adam, qui signifie
le terreux, de l'
adamah en hébreu (la glaise du sol), est
un terme générique. C'est l'
Humanité, la race humaine…
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L'auteur, si vous observez bien le texte, va crescendo dans son déroulement des 6 jours. En allant des éléments statiques vers de plus en plus d'éléments dynamiques, en mouvement donc, plus perfectionnés, il sépare dans la création ce qui a
de plus en plus de valeur. Le talmudiste dira que l'Humanité est au monde animal ce que l'Arbre est au monde végétal. C'est-à-dire qu'avec l'apparition de l'Humanité, le processus de progression des valeurs est arrivé à son point le plus élevé. Ainsi donc, l'Humanité est en quelque sorte le Chef, le Haut de la création, celui qui est appelé à dominer et gérer la terre, l'
adamah, d'où son nom :
adam.
Son nom est signification de sa fonction.
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C'est une règle d'or pour interpréter au mieux le texte que je vous donne ici, à savoir : le texte ne dit pas le «
comment», mais le «
pourquoi». Il n'explique pas comment dieu fait pour créer, comme si le texte était là pour donner une explication scientifique, mais il veut répondre au « pourquoi » dieu fait ceci. Quel est le sens de la vie ? Quelle est sa valeur existentielle ?
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Aussi dieu n'a-t-il pas créé l'humanité avec une motte de terre, comme dans ces innombrables contes que nous trouvons dans différentes civilisations avec leurs mythologies et leurs cosmogonies, mais,
dieu a fait surgir l'humanité comme tête, comme chef du terrestre. Il est le terreux, le dominateur qui est appelé, lui seul, à contrario de l'animal, à comprendre et manier les lois de la nature et de l'existence. C'est vers cela que l'auteur de Genèse 1 veut nous conduire.
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Quant au texte de Genèse 2 et 3, il donne, lui, une réponse au « pourquoi » qui est bien différente. Le premier valorise
la connaissance et la domination de l'homme sur la nature comme tête du progrès. Mais le second auteur, lui, va dans un sens tout opposé en disant que c'est précisément
cette connaissance qui l'entraîne dans la mort — c'est l'arbre de la connaissance du bien et du mal.
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Ce en quoi le texte biblique est formidable. Il nous donne à penser, et cela, dans la droite tradition des
disputations (malhoqêt en hébreu). Il oppose des schémas de pensées afin de nous faire réfléchir ; afin de nous inviter à être des chercheurs de Dieu, humbles et persévérants. Des
aimants-dieu qui ne s’enorgueillissent pas à résoudre dieu comme une équation dogmatique, en deux coups de cuillère à pot et quelques doctrines dites «éternelles» fondées par des théologiens. La recherche de Dieu, c'est une vie entière, laquelle ne suffit même pas d'ailleurs. Et c'est une recherche qui nous entraîne tellement au-delà que
seule l'allégorie peut finalement en rendre compte.
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bien à vous…