Il faut tout de même rappeler que la doctrine à l'origine tient à une erreur de traduction de Paul par ignorance du grec.
Romain 5 ne contient aucune idée de transmission héréditaire du péché si on l'entend par faute. Le rôle d’Adam et sa personne restent secondaires, et ne servent que pour mieux illustrer le Christ. Pour Paul, c’est le Christ seul qui éclaire l’histoire du monde et de l’homme.
Saint-Augustin qui a beaucoup inspiré les réformateurs s'est planté en traduisant "en qui (in quo) tous ont péché", au lieu de "du fait que tous ont péché".
A comparer avec Romain 3, 23, qui va dans le même sens sans aucune notion de transmission d'une faute : "Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu."
Paul avait probablement la même interprétation de la Genèse que la tradition juive.
Il n’érige pas une doctrine du péché originel mais ne fais qu'une exégèse allégorique en comparant Jésus à un nouvel Adam qui permet la réparation du mauvais penchant de l'homme, nourris en partis par l'égo, qui fait barrière et qui l'oblige à observer une loi pour ne pas s'éloigner de Dieu. Ses manquements inévitables par sa nature, le conduisent à en subir les conséquences. C'est ainsi qu'il se voit comme maudit car dépendant de ses faiblesses.
Le Christ est présenté ailleurs comme venant "expier les péchés du peuple"(cf. Hb 2, 17 ; 3 à 5 ; 7, 27 ; 9, 26 s. ; 10, 12), comme "le péché du monde" dans la tradition johannique (Jn 1, 29), non le péché d’Adam.
Mais quelque-part cette idée de transmission reste logique.
L'homme nait avec un bon et un mauvais penchant. Ça fait partie de la nature humaine qui est faible, fragile, faillible, comparée à celle de Dieu. Si nous naissons homme, ces attributs nous sont transmis. C'est aussi ce que Paul appel "la chair".
Tout le NT appel l'homme à vivre par l'esprit, c'est à dire à un niveau élevé d'humanité qui n'est pas réduit à ses sens, mais qui est dans une relation de partage avec Dieu, en lui devenant semblable à l'échelle humaine, en ayant les mêmes attributs que lui.
C'est en recevant la lumière (Jésus si on en croit Jean) venant de Dieu que l'homme peut se rendre compte par comparaison en lui, combien il est défaillant et égoïste, ne souhaitant rien faire qui ne soit pas dans son intérêt personnel. Le sentiment de honte qui apparaît oblige l'homme à cheminer pour se conformer à cette lumière avec l'aide de Dieu.
Jésus en montre le chemin.
A mon avis, il était important que les juifs aient une part de responsabilité. Étant donné que les Romains occupent la terre, les juifs sont toujours en diaspora, et c'est pour eux la conséquence de leur désobéissance. Ils sont sous la malédiction de la Loi. Dans cette situation, le Messie est sensé être le seul à pouvoir expier les péchés d'Israël.
Mais dans la suite des évènements les choses ne se passent pas comme ça. On se serait attendu à une fin du mal dans le monde imminente, les Romains chassés.
Au lieu de ça, Jésus enseigne et révèle qu'on peut traverser la mort, le malheur, au quotidien en faisant l'expérience de la résurrection. Que les choses ont beau s'acharner sur nous, prendre une tournure dramatique, nous pouvons nous en défaire comme un linceul et traverser les épreuves.
La liberté, la joie, l’espérance, le Royaume de Dieu peuvent être vécu malgré les situations les plus difficiles.
Si Jésus n'avait pas eu une vie aussi mouvementée que le raconte le NT, tout ça n'aurait pas été aussi explicite, et l'enseignement serait resté caché.
La croix est une mise en lumière de ce que l'homme est par rapport à Dieu. C'est l'endroit où on décide de laisser notre animalité pour vivre la vie éternelle. Voilà pourquoi c'est aussi important pour le salut.
Ce n'est pas Dieu qui décide de nous sauver parce-que nous croyons. Dieu n'aime pas les sacrifices. Ce sont les hommes qui ont besoin de sacrifier pour être amenés à prendre conscience de la réalité. Dieu sauve et nous attend dans le salut. Comme une rencontre ne peut pas se faire si une seule personne va vers l'autre, il faut une part de libre arbitre. "Vois, je mets aujourd'hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal." (Dt 30.15).